» JE N’AIME PAS PERDRE LE BALLON « 

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Pour sa deuxième saison à Bruges, Hans Vanaken est confronté à des attentes trop élevées, comme à Lokeren, et à plus de critiques.  » J’aime posséder le ballon mais parfois l’entraîneur me demande autre chose. Je dois m’y faire.  »

Le Club Bruges n’a pas une reprise facile : après le Standard dimanche dernier, il affronte un autre rival ce week-end, Gand.  » Il faudra être à fond d’emblée « , opine Hans Vanaken. Ça vaut pour lui aussi : un an après le départ de Victor Vazquez, le noyau accueille un autre concurrent direct : Lex Immers, un Haguenois de 30 ans, qui a trouvé son second souffle en D2 anglaise après un semestre difficile à Feyenoord. Suite à de nouveaux mois délicats à Cardiff City, qui l’avait transféré à titre définitif, Immers veut relancer sa carrière au Club. Vanaken :  » Lex peut évoluer à diverses positions. En stage, j’ai découvert un homme en forme, qui court beaucoup et qui marque une fois dans le rectangle. Il a peut-être le même style que moi, même s’il joue un peu moins au ballon. Par contre, il est plus costaud.  »

Son arrivée t’a piqué au vif ?

HANS VANAKEN : On n’est jamais seul pour un poste dans un grand club. Il faut se battre pour sa place, montrer qu’on est le meilleur. Je n’ai pas changé pendant la trêve, je fais de mon mieux à l’entraînement et j’essaie d’exécuter les tâches que me confie l’entraîneur. C’est lui le patron. Sur le terrain, on ressent parfois les choses différemment, mais on doit opérer un choix en une fraction de seconde. Le choix est parfois bon, parfois pas.

Un peu à l’image de ta saison ?

VANAKEN : Elle a été irrégulière, comme celle de l’équipe et comme la saison passée. Surtout en déplacement. On a pourtant bien débuté à Malines mais ensuite, on a encaissé plusieurs buts in extremis. On n’était pas dominés mais on se créait trop peu d’occasions. Au fil de la saison, ça s’est amélioré, surtout à domicile.

Idem en Champions League ? Un mauvais départ puis une légère amélioration.

VANAKEN : On est passés à travers les deux premiers matches mais contre Porto, on a montré ce dont on était capables. A Leicester, après le repos, on aurait pu prendre un point aussi. On a été meilleurs à partir de novembre, comme l’année dernière. On est toujours restés confiants car on n’a jamais été loin de la première place, nos rivaux ayant aussi perdu des plumes.

Vous avez donné l’impression de négliger l’Europe…

VANAKEN : Quand on n’a pas de point après quatre matches, il est difficile de se qualifier, surtout quand le troisième a déjà cinq ou six points. Mais on voulait quand même gagner et prouver à nos supporters qu’on avait notre place dans l’épreuve. On n’a pas levé le pied. On avait trop travaillé pour se qualifier.

LES CRITIQUES

Qu’as-tu appris dans ces six matches ?

VANAKEN : On est sanctionné à la moindre erreur. On a bien débuté contre Leicester et José a raté une occasion. Quatre minutes plus tard, les Anglais ont marqué. Il faut saisir la moindre chance car elles sont rares. Il faut que les onze joueurs soient au top et aient un brin de chance pour réussir.

Cet échec vous a remis les pieds sur terre ?

VANAKEN : Ils ne l’ont jamais quittée. Je ne peux pas parler pour les autres mais ce n’est pas parce qu’on est champion qu’on doit penser que tout va réussir. On a sans doute cru que la saison actuelle serait plus facile car le groupe était intact mais on n’a pas plané.

Tu as souvent été critiqué.

VANAKEN : Pas seulement moi. En football, on est un héros une semaine puis on joue mal et on est critiqué. Je peux faire avec. Il faut s’y préparer.

Ces critiques étaient justifiées ?

VANAKEN : J’ai souvent ma propre image d’un match et si les critiques y collent, je peux vivre avec. D’ailleurs, le phénomène n’est pas neuf : j’étais déjà critiqué à Lokeren. Pendant ma première saison, tout a été rose, j’ai terminé troisième au Soulier d’Or. Ensuite, les gens se sont concentrés sur d’autres choses. Ça fait partie du football, ce n’est pas grave.

Ne dépends-tu pas des autres, alors que le Club a traversé une période difficile à cause des blessures et était moins bien armé ? Tu peux déceler des espaces mais si personne n’y plonge, il vaut mieux que tu gardes le ballon.

VANAKEN : C’est ce que je pense parfois mais ici, on trouve que je peux insuffler plus de risques à mon jeu. Je n’aime pas perdre le ballon. Statistiquement, la passe sera peut-être bonne une fois sur trois ou quatre mais peut-être vais-je créer une occasion… Il faut constamment opérer des choix. Il est toujours plus facile de jouer quand tout le monde est à son niveau. Cela dit, on attend aussi de moi que je prenne l’équipe en mains.

Mais tu as besoin de différents joueurs pour être rentable : un joueur en profondeur, un qui tire, un autre qui te place devant le but…

VANAKEN : Je dois apporter plus de variété à mon jeu. Tout le monde nous visionne. Il faut donc trouver des réponses créatives. Le courant passe bien entre José et moi mais on doit introduire plus de variété dans notre jeu, pas se contenter de jouer à deux car l’adversaire mise là-dessus. C’est plus facile pour moi quand Refaelov est là. On se comprend en un coup d’oeil. Je ne peux pas expliquer pourquoi, c’est comme ça. Idem avec Jelle. Ça ne se traduit pas encore en chiffres mais on se trouve de mieux en mieux. À partir de novembre, l’équipe a mieux tourné et il m’a été plus facile de reprendre mon rôle de leader dans l’entrejeu.

UN CORPS D’HOMME

Tu conviens au football de Michel Preud’homme ? Il veut du rythme alors que tu joues souvent la possession du ballon.

VANAKEN : Pour répondre à la première question, je pense que oui. C’est vrai, il veut que je mette du rythme et que je joue vers l’avant. Mais en match, mon instinct me souffle parfois que je n’ai pas d’opportunité, alors je préfère conserver le ballon. Quand on revoit les images, il apparaît parfois qu’il y avait une occasion et qu’il aurait été possible de jouer plus vite de l’avant. J’ai progressé depuis mon arrivée car mon jeu était différent. Lokeren n’était pas toujours dominant et quand on amenait le ballon en avant, il fallait souvent le conserver le temps que les autres me rejoignent. Ensuite, on pouvait continuer à jouer tranquillement. Ici, on a souvent le ballon, on domine et il est rare qu’on mise sur la transition. Si l’occasion se présente, il faut agir très vite. Je dois donc penser et agir différemment.

Contre ta nature ?

VANAKEN : Je n’aime pas perdre le ballon. J’aime être sûr de ma passe. Je dois changer, accélérer le rythme. On y travaille.

Tu travailles ton corps aussi, pour devenir plus  » homme  » ? C’est aussi un souhait du Club.

VANAKEN : Oui. Le football est le principal mais je n’ai rien contre le fait de passer une demi-heure à la salle de musculation après l’entraînement. Je ne serai jamais une armoire à glace et je ne modifierai pas complètement mon style de jeu, mais je peux y apporter des petits changements. Je veux être plus costaud, m’imposer dans les duels. Pour l’heure, j’essaie de m’en tirer autrement mais ce n’est pas toujours possible car le football est un sport de contacts.

Tu aimes la musculation ?

VANAKEN : Non. Ce n’est pas mon occupation favorite. Mais elle est nécessaire. Avant je n’aimais pas courir non plus. Ma condition est bonne, je l’exerce mais ce que je préfère, c’est m’entraîner avec le ballon. Il n’y a rien de plus chouette qu’un exercice de possession du ballon. Quand ça va moins bien dans un match, cette possession peut m’aider à retrouver confiance et à rentrer dans le match.

On entend souvent dire : quand ça ne va pas, Hans réagit avec nonchalance.

VANAKEN : Ça y ressemble peut-être et de fait, je l’entends souvent dire mais ce n’est pas mon objectif. Je suis longiligne et je peux donner l’impression que je ne m’intéresse pas à ce qui se passe mais croyez-moi, je ne suis pas du tout content quand ça ne va pas.

Certains y vont alors d’un tacle.

VANAKEN : Oui mais ce n’est pas mon truc. Je donne peut-être l’impression de jouer à mon aise, mais ce n’est pas le cas. Trop tard pour changer. D’autre part, c’est ce style qui m’a amené où je suis.

Finalement, c’est ta vista, jointe à ton bagage technique et aux joueurs qui t’entourent, qui a fait la force du Club Bruges la saison passée, après le Nouvel An.

VANAKEN : En effet. Quand les maillons s’enchaînent bien, tout peut changer très vite, comme on l’a prouvé l’année passée à la même époque.

Tu vas te marier au terme de la saison ? En mai, tu as demandé la main de ton amie à New York.

VANAKEN : Non, c’est pour l’été d’après. On s’en réjouit. Il y a beaucoup de choses à régler pour une journée qui passe vite mais le moment sera certainement beau.

Oui mais un Mondial pourrait venir tout gâcher…

VANAKEN : Si on prend les choses comme ça, ce moment n’arrivera jamais. L’équipe nationale reste une ambition mais la chance que j’ai… Il y a tant de joueurs qui entrent en ligne de compte à mon poste, des footballeurs qui évoluent à l’étranger… Il sera difficile d’être repris. Je ne m’y attends pas non plus à chaque instant.

PAR PETER T’KINT – PHOTOS BELGAIMAGE

 » Je ne serai jamais une armoire à glace et je ne modifierai pas complètement mon style de jeu  » HANS VANAKEN

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