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 » J’AVAIS UN FAIBLE POUR LE STANDARD DE VAINQUEUR « 

Il y a un peu plus de 18 mois, Théo Bongonda (20) quittait la Belgique sur la pointe des pieds pour rejoindre le Celta Vigo. Demain, il revient par la grande porte à l’occasion du match d’Europa League au Standard.

Théo Bongonda fixe l’horizon. Né dans un quartier du nord de Charleroi, il est visiblement très affecté par la fermeture de Caterpillar Gosselies.  » Je n’ai pas d’ami ou de famille qui y travaille mais Charleroi ne va pas bien. A chaque fois que j’y retourne, j’ai l’impression que la ville s’enfonce un peu plus. Dans la rue où j’habitais, les gens se rassemblaient souvent spontanément. Maintenant, c’est fini. Pourtant, j’adore cette ville.  »

Depuis le départ de Nolito, tu sembles avoir progressé d’un rang dans la hiérarchie au Celta Vigo ?

THÉO BONGONDA : La saison dernière, j’étais souvent sur le banc mais c’était normal car Nolito faisait tourner l’équipe. C’est bien pour moi qu’il soit parti. Le coach a dit qu’il n’avait pas besoin de lui chercher un remplaçant car j’étais là. Il voulait surtout des défenseurs.

Tu sens que tu as pris de l’importance ?

BONGONDA : Tout le monde est content de moi, à commencer par l’entraîneur. Il le dit et il le montre car j’ai joué deux matches complets, notamment face au Real Madrid. Je suis donc titulaire mais je dois confirmer. C’est plus facile désormais car je me suis adapté au football espagnol.

Le Celta a terminé sixième l’an dernier. Peut-il faire mieux encore ?

BONGONDA : Ce groupe peut aller loin. Titiller le Real et Barcelone ? Qui sait ? L’an dernier, nous avons battu Barcelone et l’Atlético. C’est la preuve qu’il y a du talent.

Tu aurais pu aller en France ou en Allemagne. Pourquoi être resté en Espagne ?

BONGONDA : Parce que c’est le championnat qui me convient le mieux. Ici, pas besoin d’être une armoire à glace ou de courir partout. La Primera División est faite pour les techniciens, même si je sais qu’avec mon gabarit, j’aurais pu m’imposer en France ou en Allemagne. Un bon joueur s’adapte partout. C’était surtout une question de timing. On ne m’a pas fait d’offre que je ne pouvais refuser. J’ai donc préféré rester au Celta, un club familial.

 » JE SAIS QUE JE PEUX ARRIVER EN SÉLECTION  »

Tu songes parfois aux Diables Rouges ?

BONGONDA : Les gens se disent peut-être que je ne suis pas prêt mais qu’est-ce que ça veut dire ? Un Belge qui est titulaire dans un bon club étranger et s’y montre décisif peut tout de même prétendre à une sélection. Chez les Diables, la concurrence est énorme sur les flancs mais je sais que je peux y arriver.

Jason Denayer, un de tes bons amis, a souvent été critiqué ces derniers temps et il n’a plus été retenu. Comment a-t-il vécu cela ?

BONGONDA :Jason garde toujours son calme. Mieux : il avait prévu ce qui lui arrive. Un moment, on disait qu’il était le nouveau Kompany puis d’un coup, il ne valait plus rien. Et toutes ces critiques après le match face au Pays de Galles… Ça fait mal. Un jeune mérite-t-il d’être traité comme cela parce qu’il est en moins bonne forme ? Mais Jason va remonter la pente à Sunderland. Ce garçon est fait pour le top, tout le monde est d’accord là-dessus.

Et toi, tu supportes la critique ?

BONGONDA :Je ne lis plus les journaux. Je n’ai pas de problème avec les journalistes mais je sais comment certains travaillent. Un joueur est toujours tout bon ou tout mauvais. Chacun son métier mais il faut rester correct.

En Europa League, le Celta est dans un groupe avec l’Ajax, le Panathinaikos et le Standard. Qui est favori ?

BONGONDA : Impossible à dire. Nous allons essayer de terminer premiers. Notre mentalité doit nous permettre de faire la différence car pour notre entraîneur, un match amical a autant d’importance qu’une rencontre européenne.

Que penses-tu du Standard ?

BONGONDA : Je ne peux pas me prononcer car je ne les ai pas vus jouer. J’ai entendu dire que c’était le bordel et c’est dommage pour le football belge. A part cela, nous les prenons au sérieux. En Espagne, personne ne sait que le Standard ne tourne pas bien.

 » JE ME RÉJOUIS D’AFFRONTER EDMILSON  »

Tu as joué deux fois à Sclessin avec Zulte Waregem : une lourde défaite et une victoire.

BONGONDA : J’aime affronter le Standard. J’avais un faible pour l’équipe d’il y a trois ans avec Vainqueur, Batshuayi, Kawashima, Bia, etc. Cette équipe était invincible et pourtant, elle a loupé le titre. Maintenant, je me réjouis d’affronter mon copain Edmilson.

La dernière fois que tu es venu à Sclessin, tu as marqué et ce but a réglé le sort de Guy Luzon.

BONGONDA : Ce match était spécial. Après mon but, des chaises ont volé sur le terrain. Je ne sais plus pourquoi les supporters étaient fâchés mais pour nous, c’est un bon souvenir. Nous étions derniers et c’était notre deuxième victoire de la saison. J’ai revu Dury en vacances à Marbella. Il était content de me voir. Il m’a dit : Je suis fier de toi, continue comme ça.

Lors du match Espagne – Croatie, à l’Euro, on a pu voir sur la RTBF que tu étais un bon consultant. C’est quelque chose que tu as envie de faire plus tard ?

BONGONDA : Je rentrais de vacances et, comme j’avais le temps, j’ai accepté. J’aime faire cela et je crois que les gens ont aimé aussi, sauf ma casquette à l’envers. Mais je m’en fiche : si j’ai envie de porter une casquette, je le fais.

En plus c’était celle de votre propre label : Ca Campell.

BONGONDA : C’est une marque que j’ai lancée il y a un an avec deux amis d’enfance. On a fait ça pour rigoler mais on vend beaucoup de casquettes et de T-shirts à Bruxelles. En Espagne aussi, d’ailleurs, même si c’est venu par hasard : après notre qualification pour la Coupe d’Europe, je portais ma casquette et des fans sont venus me demander de quelle marque il s’agissait. C’était parti ! Mes équipiers en sont fous également. Dans le vestiaire, on m’appelle Ca Campell.

 » LA MUSIQUE, C’EST POUR LE FUN  »

Marchez-vous sur les traces de Praet, De Bruyne et Defour, qui ont aussi lancé leur ligne de vêtements ?

BONGONDA : Je ne veux pas leur faire concurrence et je n’ai aucune ambition dans le monde de la mode. Des intermédiaires qui ont des contacts avec des personnes connues aux Etats-Unis m’ont approché mais j’ai refusé. Pour le moment, je ne veux pas exporter mon label. Je ne me vois pas devenir chef d’entreprise. Nous n’avons même pas de slogan. Parfois, quand je marque, je fais un geste de l’auriculaire et de l’index pour dire That’s it mais je fais ça pour m’amuser, le foot reste prioritaire. Il n’empêche que ça peut être une bonne chose pour plus tard.

Sur Twitter, on vous voit faire du rap avec John Guidetti.

BONGONDA : Ça aussi, c’est pour le fun. Quand je suis inspiré, j’écris des textes de chansons puis je vais les enregistrer en studio, je les mets sur une clef usb et je les écoute dans la voiture. Je ne suis pas 50 Cent mais j’essaye que ça rime et que les textes veuillent dire quelque chose.

PAR ALAIN ELIASY – PHOTO BELGAIMAGE

 » Pour moi, c’est bien que Nolito soit parti  » THÉO BONGONDA

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