» J’AI TOUJOURS L’ESPOIR DE JOUER NUMÉRO 10 « 

Il a étudié l’art en secondaire, écoute Carl Cox et tweete du Jean Cocteau. En plus de tout ça, Thomas Meunier joue au foot et même plutôt bien. Suffisamment en tout cas pour être le seul joueur de notre championnat à être monté au jeu lors du dernier match des Diables.

285 km. C’est la distance qui sépare Bruges de Sainte-Ode, petit village ardennais où est né et a grandi Thomas Meunier. Et pourtant notre international est peut-être le plus Brugeois des Brugeois. A seulement 24 ans, il est en tout cas le plus ancien du noyau. Et si la mentalité Blauw en Zwart n’a plus de secret pour lui, elle n’est apparemment pas comprise par tous. Vans aux pieds, hoodie sur les épaules et une montre qui ne clinque pas, on en est presque décontenancé par tant de sobriété.  » Je sais que ça fait partie du job mais les photos, c’est pas trop mon truc. Par contre j’aime plutôt bien les interviews.  » Ça tombe bien. L’ailier qui monte s’est confié pendant plus d’une heure et demie. Avec justesse et sans langue de bois.

Bruges a connu un début de saison compliqué. Le supporters vous ont mis la pression après la débâcle de Gand. Comment as-tu vécu ces événements ?

THOMAS MEUNIER : C’est ma cinquième saison à Bruges et j’ai connu des cas similaires. Je me rappelle par exemple la fois où les supporters avaient envahi le terrain d’entraînement, le lendemain on l’emportait 4-0 face à Anderlecht. Mais je comprends parfaitement leur désarroi par rapports aux récents résultats. Il y a certains points que l’on doit revoir mais le plus important c’est de ne pas mettre trop de temps à se relever. Et je crois surtout que ce qui choque nos supporters, c’est quand on prend quatre ou cinq buts.

Ce qui ressemble souvent à un abandon de votre part.

MEUNIER : C’est une question de mentalité. Je pense que la saison dernière était tellement exemplaire qu’on a peut-être pensé que plus rien ne pouvait nous arriver. En quelques mois, tout a changé. Mouscron ou OHL peuvent venir ici et se dire qu’ils ont leur carte à jouer alors qu’en principe ils devraient se dire : On va jouer Bruges, prions pour ne pas en prendre quatre. Aujourd’hui, on n’est plus une équipe à craindre.

Comment expliques-tu ce revirement de situation ?

MEUNIER : Il y a eu des fissures dans notre bloc-équipe comme à Mouscron. Dans une période comme celle que l’on a vécue, le danger est de se dire qu’il n’y a pas de solution et que l’on tombe dans un trou sans fond. On n’est pas non plus dans la situation du Standard mais ça reste inconcevable pour Bruges. Mais le groupe, on sait qu’on l’a, il n’a quasiment pas bougé par rapport à l’an dernier même s’il y a eu les départs de Obbi (Oularé) et de Tom (De Sutter). Et de Matthew Ryan, ce qui n’est quand même pas rien. Retrouver un gardien pareil, c’est presque impossible. Bruges a eu un flair incroyable sur ce coup-là. Mais ce n’est pas comme si six joueurs étaient partis et qu’on avait dû en accueillir six nouveaux. C’est surtout notre mentalité que l’on doit changer. On a tellement été habitué que tout soit beau, que tout soit rose que dès qu’on est confronté à une période plus difficile, on n’arrive pas à sortir la tête de l’eau. Il faut se remettre en question individuellement et collectivement.

Ça vaut aussi pour Michel Preud’homme ?

MEUNIER : Je me suis fait cette réflexion dernièrement : quel coach pourrait faire du meilleur boulot que Michel Preud’homme ? Aucun. C’est le meilleur que j’ai connu dans ma carrière avec l’entraîneur des Réserves de Virton. Comme Michel, il vivait totalement pour son métier. C’est à peine si on ne devait pas tenir son volant quand on se rendait en déplacement car il était tout le temps en train de mettre en place des tactiques même quand il roulait. Michel est comme ça aussi, extrêmement méticuleux. Ce n’est quand même pas sa faute si ses joueurs ne respectent pas ce qui avait été préparé sur phases arrêtées par exemple. Et il est aussi extrêmement intelligent, il a toujours deux coups d’avance, même en matière de communication. Vous ne vous en rendez peut être pas compte mais quand un journaliste lui pose une question, il est déjà en train de penser à la question suivante. Ça en est même effrayant.

Mais il ne semble pas capable de transmettre sa motivation.

MEUNIER : La motivation est là quand on monte sur le terrain, le seul mot d’ordre c’est : On y va, on les tue. Mais contre Midtjylland (défaite 1-3), par exemple, le manque d’implication était total. Ils marquent deux buts sur phases arrêtées alors que pendant la semaine, on avait expressément bossé cet aspect. On a commis des erreurs de débutant.

 » NAPLES ? C’EST TROP HAUT POUR NOUS  »

Comme lors de la débandade à Naples…

MEUNIER : Là, le niveau est trop haut pour nous. On ne boxe pas dans la même catégorie. Même chose quand Manchester est venu ici : ils ont eu six occasions et en ont mis quatre sans forcer. C’est là que tu vois la différence entre le championnat belge et une grande compétition étrangère. Tu peux parfois faire des surprises comme Anderlecht l’a réalisé face à Manchester en 2000 mais ils avaient des joueurs comme Koller, Radzinski qui avaient le niveau pour évoluer ailleurs. Dans notre équipe, ils ne sont pas beaucoup qui joueront un jour dans le top de la Premier League.

En Belgique qui peut espérer rejoindre un jour un club comme Tottenham ou Everton ?

MEUNIER : Je pense à Praet, Tielemans. Leur talent est indéniable mais ils ont besoin d’être entouré pour évoluer à leur meilleur niveau. Il y a aussi Najar. Pour le reste ? Chez nous ? Hans Vanaken ou Laurens De Bock. On critique trop souvent Laurens alors qu’il est encore très jeune. Et il est capable de réaliser de très grosses prestations.

Et toi ?

MEUNIER : Je pense que oui. En tout cas j’en ai l’ambition. Sans ma blessure du mois de juin, je suis convaincu que je serais à l’étranger.

Quelles sont les différences entre une équipe comme Bruges et Naples ?

MEUNIER : Rien qu’au niveau des qualités individuelles, ça n’a rien à voir. Les contrôles de balle, les enchaînements. Je ne me rappelle pas avoir vu un joueur de Naples rater un contrôle. C’est aussi bien plus organisé, les joueurs assimilent beaucoup plus vite les différents schémas.

Quand tu retrouves les Diables, tu es frappé par la différence de niveau ?

MEUNIER : Oui et j’y prends énormément de plaisir. Chez les Diables, ça va beaucoup plus vite, il n’y a pas de déchet, tout le monde parle, il y a de l’engagement. Entraînement ou non, ça met la semelle. Chez les Diables, tu as l’impression qu’ils ont conscience de la chance qu’ils ont de jouer au football dans des grands clubs et de gagner pas mal d’argent et surtout de réaliser leur rêve. Alors qu’en Belgique, on est parfois bien loti alors qu’on est encore nulle part.

C’est peut être ça finalement la différence entre un grand joueur et un joueur moyen : avoir conscience de cette chance.

MEUNIER : Combien de fois en Espoirs, on m’a dit que Yassine El Ghanassy était Le futur talent. Et aujourd’hui, je ne sais même pas te dire où il est.

En Norvège…

MEUNIER : Ah oui. Il fait froid là-bas (il rit). Mais il était monstrueux à l’époque pourtant.

Donc c’est une histoire d’implication.

MEUNIER : Quand tu vois des joueurs comme Lukaku, Witsel, Vertonghen s’entraîner, ils ne lâchent rien. Et s’ils doivent te mettre un tacle-ciseau et te casser les deux jambes pour avoir la balle, ils le feront, entraînement ou pas.

 » JE PENSAIS QUE LES FOOTBALLEURS ÉTAIENT DES FAINÉANTS  »

Michel Preud’homme a connu lui aussi le haut niveau, j’imagine qu’il essaie aussi de vous imprégner de cette mentalité.

MEUNIER : Oui il essaie vraiment. Et puis il a fait partie d’une génération qui mettait encore plus le pied qu’aujourd’hui. C’était une bande de crapules (il rit). Je me rappelle que quand j’allais voir jouer mon père qui est de la même génération que Michel Preud’homme, et qui évoluait en première provinciale, c’était le même délire, ça se mettait des tacles, il y avait de l’engagement, ça pouvait partir en bagarre ; ils s’en foutaient. Et puis ils allaient tous boire un coup ensemble.

Le foot est donc moins violent aujourd’hui ?

MEUNIER : Je trouve en tout cas qu’on met trop de limites. Je me souviens d’un tacle de Vinnie Jones (ndrl, ex-défenseur violent de Wimbledon) après seulement 15 secondes de jeu où il découpe un type qui se relève directement et lui tape dans la main. S’il fait ça maintenant, il prend 10 matches. Je trouve qu’on est tombé un peu trop dans la surprotection, surtout en Belgique. Et on le remarque quand on joue en Europe où on est souvent surpris que l’arbitre ne siffle pas.

Tu aimes le jeu engagé ?

MEUNIER : Oui, j’aime quand le jeu est dur. Les joueurs de Bruges sont parfois trop gentils. L’agressivité est parfois présente mais j’aimerais qu’elle le soit davantage.

C’est peut-être aussi pour ça que le public brugeois t’a particulièrement à la bonne.

MEUNIER : Je pense qu’ils sont conscients que j’essaie toujours de faire de mon mieux. A Gand, j’aurais pu être découragé après le 4e but et mimer une blessure pour sortir mais ça ne colle pas à ma mentalité. Notre public ne réclame rien d’autre qu’un engagement total. Et même si tu dois jouer mal et gagner 1-0 mais que tu t’es défoncé, le public sera content. Et si un type part seul vers le but et que tu dois te sacrifier et prendre une rouge, ça doit faire partiedu job.

Tu en es à ta cinquième saison au Club, tu comprends donc ce que les supporters réclament ?

MEUNIER : Oui. Même si quand je n’étais pas encore footballeur pro, je pensais que les footballeurs étaient tous des fainéants, qu’ils n’en glandaient pas une. Je pensais me réveiller à 9 h, être à l’entraînement à 9 h 30 et de retour chez moi à 11 h. En réalité, je suis au club à 9 et je le quitte à 14…

Ça reste très confortable comme horaire par rapport à ce que connaissent pas mal de gens ?

MEUNIER : J’ai travaillé à l’usine, je sais ce que c’est les 8-16 mais footballeur, ça génère d’autres contraintes.

Sauf que ton métier est ton hobby ?

MEUNIER : Ce n’est plus un hobby. Si je quitte le club pour aller jouer au mini-foot avec mes amis, là ce sera un hobby.

Tu ne prends donc plus de plaisir comme footballeur pro ?

MEUNIER : Si le plaisir est là mais c’est aussi une obligation. Je vois ça comme un travail sympa, qui me plaît. Quand je travaillais à l’usine, ça me plaisait aussi d’autant qu’on avait une très chouette équipe. Bon quand je voyais la paie à la fin du mois, c’était différent. Je faisais 8-16, tous les jours et je me retrouvais avec 1250 euros sur mon compte. Ça n’a évidemment plus rien à voir.

 » ALLER À L’USINE COMME TEAMBUILDING EST UNE BONNE IDÉE  »

Tu fais partie des rares joueurs à avoir connu un boulot avant de devenir footballeur.

MEUNIER : Timmy (Simons) aussi je pense. Et je trouve d’ailleurs que c’est une bonne chose d’envoyer des joueurs en teambuilding à l’usine pour qu’ils se rendent compte de ce que c’est et de la chance qu’on a. Et il faudrait surtout arriver à conscientiser les plus jeunes. Car si à 28 ans, tu n’as toujours pas compris, c’est peine perdue.

Tes équipiers, tu les vois comme des amis ou des collègues ?

MEUNIER : Comme des collègues même si tu peux évidemment créer des liens, comme deux coiffeurs qui travaillent dans le même salon. Mes potes, ce sont ceux avec qui j’allais à l’école, avec qui je suis resté pendant des années, avec qui j’ai fait mes premières sorties, mes premières conneries. Dans le foot, tu peux aussi créer de super relations mais tous mes vrais potes me ressemblent un peu : ils travaillent, ils aiment le foot, aller boire un verre, s’amuser, ce sont des gars en qui je peux faire totalement confiance. Et puis c’est une amitié basée sur des années alors que dans le foot, généralement, on se perd de vue après un an ou deux.

Tu te sens atypique comme footballeur ?

MEUNIER : Non même si mon parcours est atypique. Ton passé, tu ne l’emportes pas avec toi quand tu deviens footballeur. Certains savent que j’ai bossé, que je suis passé par une école d’art avant mais ce n’est pas la majorité. Ici les gens pensent uniquement foot.

Ça ne te pèse pas de parler foot tout le temps ?

MEUNIER : Non car je ne parle foot qu’ici, au club. Quand je suis chez moi, il m’arrive de regarder une rediffusion d’un de nos matches mais c’est à peu près tout. Je ne regarde jamais un match de Ligue des Champions. D’ailleurs quand je débarque le lendemain à l’entraînement, tout le monde parle des buts de la veille, moi je suis perdu. Je lis des livres, je fais toujours autre chose.

Sur ton twitter, tu cites Jean Cocteau, tu re-tweetes un texte qui parle du chômage, tu te moques de la télé-réalité, tu donnes ton avis sur pas mal de sujets, tu avoueras que c’est plutôt rare pour un footballeur.

MEUNIER : D’un autre côté, je comprends que les joueurs en disent le moins possible sur les réseaux sociaux car aujourd’hui la moindre déclaration fait débat. Je me rappelle avoir ironisé sur le match Maribor-Bruges (2011) en Coupe d’Europe que l’on soupçonnait d’avoir été truqué. J’avais alors écrit avoir touché 50.000 euros alors que je n’avais même pas disputé ce match. J’ai directement eu l’attaché de presse du club au téléphone pour me demander de retirer ce tweet car les médias prenaient ça au premier degré.

Tu te sens bâillonné ?

MEUNIER : Oui bien sûr. Je n’écris plus vraiment ce que je pense. On va dire que je reste courtois.

Sauf qu’après un match ton discours tranche souvent avec le reste. Comme quand tu as déclaré après Bruges-Standard (7-1)  » qu’en promotion, il existait des défenses qui défendaient mieux « .

MEUNIER : Je dis ce que je pense mais sans manquer de respect. Quand on en a pris quatre à Gand, des supporters du Standard ne m’ont pas loupé à leur tour et je trouve ça plutôt bon enfant, ça me fait même rire. Bon parfois, ça dépasse les bornes, ça insulte ma famille, certains sont sans limite.

 » ARDENNAIS AVANT D’ÊTRE BELGE  »

Tu penses être capable de faire une juste autocritique ?

MEUNIER : Aujourd’hui, je suis dans une bonne passe, j’ai donc une bonne opinion de moi-même. Mais si demain je me mets à jouer cinq mauvais matches, je n’hésiterai pas à dire que je joue comme une chèvre depuis un bon mois.

Tu es wallon et un des préférés du public brugeois. Ça n’a rien d’étonnant ?

MEUNIER : Je pense que c’est mon style de jeu qui leur plaît et peu importe d’où tu viens. Quand je suis passé devant nos supporters après la défaite à Gand, alors qu’ils voulaient attraper certains joueurs, je n’ai reçu aucune remarque négative. Mais que ce soit Max (Lestienne) ou Jonathan (Blondel) qui était un pitbull, ils en étaient fous car ils donnaient tout sur le terrain.

Quels sont les joueurs avec qui tu traînes désormais ?

MEUNIER : Je me sens plus proche de gars comme Sébastien Bruzzese ou Michael Cordier.Mais je peux aussi m’entendre avec Timmy Simons ou Tom De Sutter avant son départ. On discute de pas mal de choses, de politique même. Du communautaire ? Non, je sais ce qu’ils pensent. Et ils sont en position de force (il rit). Ils se sentent sûrement plus flamand que belge. Moi, je me sens davantage belge que wallon mais je me sens en premier lieu ardennais, j’ai un lien très fort avec l’endroit d’où je viens.

Ça te pose un problème quand tu entends des chants  » anti-wallon  » entonnés par tes propres supporters ?

MEUNIER : Je vois ça comme une forme de provocation, rien de plus. Cette question n’est pas uniquement un problème flamand. J’ai joué à Virton avec 8 Français d’origine africaine. J’entends encore des gens de mon entourage dire (avec l’accent du coin) : qu’ils feraient mieux de rester chez eux. Mais ce type de discours n’a plus de sens dans le monde actuel. Et même si je trouve qu’il est important de s’intégrer au pays dans lequel on arrive.

Tu trouves normal qu’un footballeur gagne autant d’argent aujourd’hui ?

MEUNIER : Ce ne sont pas les joueurs qu’il faut incriminer. Mais c’est le système qui est un peu fou et qui permet aux joueurs de gagner des sommes déraisonnables.

Et qu’est-ce qu’un footballeur fait de tout cet argent ?

MEUNIER : Ça dépend vraiment des cas. Il peut être dépensé parfois bêtement comme dans des paris farfelus ou intelligemment comme dans l’immobilier. J’ai vu des joueurs parier beaucoup d’argent sur des matches de tennis par exemple.

Le footballeur est aussi devenu aussi un trophée pour un certain type de filles…

MEUNIER : Je suis avec ma copine depuis plusieurs années, je vais bientôt être père. Je ne vois pas pourquoi je ferais un écart et risquer de tout perdre. Mais c’est vrai que les sollicitations existent surtout avec Instagram. Je vois des filles se désinscrire de mon compte et se réinscrire dans le seul but d’attirer mon attention. Et il faut voir les poses sur les photos, à croire qu’aujourd’hui elles sont toutes mannequins (il rit). De toute façon ma copine observe les moindres allées et venues de mon compte, c’est presque devenu un métier à temps plein pour elle (il rit).

As-tu un regret depuis tes débuts à Bruges ?

MEUNIER : J’espère un jour évoluer plus haut dans le jeu. J’ai toujours l’espoir d’évoluer comme numéro 10.

PAR THOMAS BRICMONT – PHOTOS BELGAIMAGE JASPER JACOBS

 » Chez les Diables, s’ils doivent te mettre un tacle- ciseau et te casser les deux jambes pour avoir la balle, ils le feront, entraînement ou pas.  » – THOMAS MEUNIER

 » En Belgique, on est parfois bien loti alors qu’on est encore nulle part.  » – THOMAS MEUNIER

 » Ma copine observe les moindres allées et venues de mon compte Instagram, c’est presque devenu un métier à temps plein pour elle.  » – THOMAS MEUNIER

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