Intelligence ou gazon artificiel, il ne faut pas choisir

Si vous avez des capitaux, ce serait bien d’investir dans la construction des terrains de foot synthétiques nouvelle génération. Pas dans le secteur du renforcement des terrains en herbe (comme l’ont déjà fait Anderlecht, Lokeren ou le Real Madrid dont les pelouses comptent moins de 10 % de gazon synthétique), mais dans des terrains 100 % artificiels.

La Ligue Pro vient d’accepter l’idée de les utiliser pour la saison prochaine (à condition que l’Assemblé générale de l’Union belge entérine la décision)… en pensant sans doute aux clubs dont le chauffage obligatoire des pelouses serait déficient cet hiver. Et n’oublions pas que le 8 octobre prochain, les Diables Rouges danseront au Kazakhstan sur le synthé de l’Astana Arena.

C’est là où les Turcs ont récemment empilé trois buts aux Kazakhs et ça ressemblait à une vraie pelouse. Pour les incrédules, tous les joueurs évoluaient avec des chaussures multi-crampons et non avec ces pantoufles avec lesquelles on glisse toujours sur les terrains gelés… Les terrains synthétiques actuels se rapprochent quasi parfaitement des vraies pelouses. Sauf qu’elles ne souffrent pas du mauvais temps. Anecdote architecturale : si le stade d’Astana est pourvu d’un toit ouvrant, ce n’est pas pour protéger le terrain des frimas hivernaux mais les spectateurs…  » bien évidemment  » ( copyright DD).

Dans les années 80, on jouait au foot sur d’affreux synthétiques aux Etats-Unis mais aussi à Queens Park Rangers. L’Astro-Turf était objectivement un élément d’un jeu horrible et dénaturé, qui faisait autant mal aux articulations qu’aux yeux. Les clubs revinrent naturellement à de l’herbe naturelle, alors que la FIFA interdisait purement et simplement les terrains synthétiques dans les années 90 avant d’autoriser récemment leurs terrains labellisés. Les Hollandais d’Heracles Almelo en utilisent un depuis cinq ans, les Young Boys de Berne aussi et le stade de Salzbourg en était équipé à l’EURO 2008.

Le plus beau match jamais joué sur synthé new-age le fut le 17 octobre 2007 à Moscou entre la Russie et l’Angleterre dans le stade Luzhniki (2-1). Mais on y déversa quelques mois plus tard des tonnes de terre pour planter une pelouse en vue de la finale de la CL entre Man U et Chelsea (1-1) et victoire des Red Devils aux penos). Les fédérations internationales et nationales voient actuellement d’un bon £il la construction de terrains synthétiques labellisés FIFA à condition que les conditions météorologiques soient défavorables au vrai gazon. Comme en Scandinavie ou en… Belgique qui veut continuer à dire oui au foot d’hiver pour les pros.

Outre l’aspect pratique, les terrains 100 % synthétiques actuels permettent de pratiquer un jeu technique et vif par tous les temps. La prestation des Diables Rouges à Astana servira donc de match test pour le public belge. Georges Leekens devra-t-il tenir compte de ces conditions techniques parfaites, quasi irréelles, pour bâtir son équipe ? Sous-question : peut-il trouver en dehors des joueurs déjà sélectionnés lors des deux derniers matches des éléments encore plus techniques ?

De toute manière, terrain synthétique ou pas, il serait fou de ne rien changer à son équipe qui continue d’encaisser trop facilement. Et ici, on ne parle pas nécessairement de joueurs mais peut-être de système. De l’Allemagne à la Turquie, on est passé d’un 4-3-3 avec Eden Hazard à un 4-4-2 sans lui et on a perdu en qualité. Peut-être que si on suit l’évolution engagée, on passera à un 5-3-2. Avec un Jelle Van Damme au back gauche, par exemple (mais qui à droite pour renforcer les flancs) ? Leekens et Marc Wilmots ont plein de possibilités mais n’oublions pas qu’à Astana, le ballon ira encore plus vite que les joueurs. Pas besoin d’avoir une intelligence artificielle pour s’en rendre compte.l

PAR JOHN BAETE

« Dans un mois, au Kazakhstan, Georges Leekens devra-t-il tenir compte du terrain synthétique pour bâtir son équipe ? Ce sera un test pour notre foot pro… »

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