In memoriam Joao Havelange

Le destin aura voulu que c’est dans  » sa  » ville de Rio que s’en est allé, à jamais, Joao Havelange, l’un des plus grands dirigeants du sport mondial.

Membre du Comité International Olympique de 1963 à 2011 et président de la FIFA de 1974 à 1998 : c’est peu dire si le Brésilien, qui vient de s’éteindre à l’âge de 100 ans, a pesé de tout son poids dans le monde du sport. Sportif averti, il avait représenté son pays, en natation, aux Jeux de Berlin en 1936 avant d’intégrer l’équipe de water-polo à la faveur des JO d’Helsinki, 16 ans plus tard. Les sports aquatiques étaient son dada. Du foot, selon ses propres dires, il ne connaissait pas grand-chose. Mais en matière de business, ce juriste de formation n’avait de leçon à recevoir de personne.

Ses racines étaient non seulement brésiliennes mais belges aussi. Car ses parents étaient originaires de la banlieue de Liège, Kinkempois pour être tout à fait précis. Son père, Faustin, ingénieur des mines, fut envoyé par son employeur, la Fabrique Nationale (FN) de Herstal à Rio de Janeiro afin d’y occuper un bureau de représentation de l’armurier. Il s’en est fallu de peu, pour la petite histoire, que le paternel n’arrive jamais en Amérique du Sud. Son périple était en effet censé l’acheminer au préalable à New York, au départ de Southampton, en 1912. Mais arrivé dans la cité portuaire anglaise, le Titanic venait de prendre le large. Avant de sombrer dans les conditions que l’on sait…

Tout au long de sa vie, Joao Havelange maintint le contact avec sa famille éloignée en Belgique. Non seulement avec le clan Havelange mais aussi avec la famille Calmeau, nom de jeune fille de sa maman, Juliette. Une fois par an, celui qui fut le big boss de la FIFA, prenait soin de réunir tout ce beau monde dans une maison de bouche. Tantôt à Neupré, non loin de la Cité Ardente, tantôt à Groenendael, dans la proche banlieue de Bruxelles.

En 1998, à l’occasion du centenaire du Standard, notre ancien collègue et ami Pierre Bilic l’avait contacté afin qu’il préface le livre consacré à ce jubilé. Car Faustin Havelange, même s’il préférait la lutte gréco-romaine au football, avait des attaches du côté de la grande famille des Rouches.  » Je ne saurais pas vous dire si mon père a été l’un des fondateurs du Standard de Liège mais je peux vous assurer qu’il faisait partie de ce club « , fut la réponse de Joao dans une lettre reprise en intégralité dans cet ouvrage.

Car c’est un autre trait caractéristique du géant brésilien : l’homme s’attachait à répondre personnellement à toutes les lettres qui lui étaient adressées. Le plus souvent, il y sacrifiait quelques heures dans l’avion qui le transportait de Rio, où il résidait, à Zurich, siège de la FIFA. Une ligne directe qui, dit-on, fut créée spécialement à son attention et que Joao Havelange utilisa plus de 200 fois durant sa carrière de dirigeant.

Indépendamment du football, Havelange était un homme d’affaires florissant. Patron d’une compagnie de bus, il faisait partie des plus grosses fortunes du Brésil. L’attrait de l’argent l’amena toutefois à être mêlé à des scandales de corruption qui entraînèrent finalement son retrait forcé du monde du sport, tant à la FIFA qu’au CIO. Il n’empêche que sous sa férule, le football aura connu un développement sans précédent.

BRUNO GOVERS ET PETER T’KINT

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