« Ils vont payer »

Le défenseur français de Mouscron, cité alors qu’il était Louviérois, laisse passer le temps. Il ripostera plus tard.

Geoffray Toyes (33 ans) était un pilier de La Louvière en 2004-2005 (31 matches joués en championnat). La saison dernière, il fut régulier avec Mouscron (25 matches). Et aujourd’hui, il est carrément un leader des Hurlus, le phare de la ligne arrière : il joue tout et a même marqué deux buts. Il revient sur l’émission télévisée dans laquelle il fut cité, considéré comme un des Loups corrompus par le Chinois.

Geoffray Toyes : Je n’avais pas vu l’émission en direct. J’ai tout appris le lendemain, en arrivant au club. Je suis tombé le cul par terre. Qu’est-ce que je faisais dans ce reportage ? Il y avait certainement du vrai dans ce que ces journalistes racontaient, mais ils ont tout mélangé. Ils ont voulu frapper un grand coup médiatique et ont finalement mis n’importe quoi dans leur émission. Leur but était clair : faire de l’audimat, marquer les esprits. Mais vous ne trouvez pas que c’est dangereux de se contenter de rumeurs, de les transformer directement en affirmations, sans avoir d’abord tout recoupé soigneusement ? C’est facile de faire circuler des ragots, on en entend à tous les coins de rue. Mais a-t-on le droit de tout transposer à la télé si on n’est pas sûr ? Si on n’a pas eu le temps ou l’occasion de tout vérifier scrupuleusement, on ne dit rien. Les dégâts occasionnés à ma réputation ont été énormes. Quelle est la portée d’un démenti officiel après une émission pareille, dont toute la Belgique a parlé ? Le mal était fait, c’était trop tard. Les gens qui me connaissent savent depuis le début que je suis loin de toute cette histoire, mais ceux qui voient ça à distance ne sont pas censés savoir que je suis complètement innocent.

Avez-vous déposé plainte ?

Oui, une plainte contre X pour dénonciation calomnieuse, trois jours après l’émission. Si j’assignais la VRT et ses journalistes, mon action se limitait à eux. Mon avocat m’a expliqué qu’en déposant plainte contre X, je pouvais toujours viser d’autres personnes dans le futur.

Où en êtes-vous dans la procédure ?

Elle est en stand-by. Nous attendons que la justice rende un jugement. A ce moment-là, tout le monde verra bien que je n’avais rien à voir dans l’affaire des matches truqués et avec mon avocat, nous passerons à la vitesse supérieure.

Y a-t-il eu des dégâts sur votre entourage ?

On m’a touché dans ce que j’ai de plus précieux : mon honneur. Je suis issu d’une famille de sportifs du Sud Ouest, une région où ceux qui font du sport sont des bagarreurs sur le terrain et ne veulent rien lâcher. D’un coup, on essayait de me couler, de casser ma réputation de pro. Il y a eu de grosses cassures morales, des tensions énormes. Mes parents ont très mal vécu cet épisode, mon couple en a souffert également. C’est pour cela aussi que je ne laisserai pas tomber, que je me battrai en justice jusqu’au bout. Même si je sais que ça va prendre beaucoup de temps. Il faut faire payer ceux qui ont cherché à me démolir sans raison. Ils ont sorti des conneries, qu’ils s’en mordent les doigts. Quand on joue avec le feu, on se brûle.

Mouscron ne croit apparemment pas à votre implication.

Pas du tout. Mon contrat se terminait à la fin de cette saison, je viens de prolonger d’un an. Sportivement, tout va bien. Après une période difficile, j’ai retrouvé le niveau que j’avais à La Louvière. Je me sens bien, je suis tranquille. J’ai su rebondir sportivement, c’est ça le plus important à mes yeux. J’ai même réussi à ne plus faire une fixation sur cette affaire des matches arrangés, il y a des périodes où je n’y pense plus du tout. J’attends sagement que la justice clôture le chapitre, et à ce moment-là, avec le recul, les gens se diront que cette affaire s’est éteinte aussi vite qu’on l’avait allumée.

par pierre danvoye – photo: reporters/buissin

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