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IBEROSTAR

Un an après son arrivée, le milieu de terrain espagnol s’est rendu indispensable à Genk.

Les portes du mercato sont sur le point de se fermer, le 31 août 2015, lorsque le KRC Genk réalise un dernier coup : Alejandro Pozuelo est engagé. Son contrat au Rayo Vallecano est sur le point de s’achever et le club madrilène n’est pas chaud à l’idée de le prolonger. Pozuelo joue peu et Dimitri de Condé tente sa chance. Le directeur sportif du club limbourgeois est tombé sous le charme de ce footballeur techniquement doué.

A l’automne 2015, la saison régulière est déjà bien avancée lorsque Pozuelo résorbe progressivement son retard physique. Peter Maes, l’entraîneur de Genk, cherche encore la bonne formule pour son entrejeu. Dans un premier temps, son choix se porte sur le combatif Yoni Buyens, sur le jeune produit local Brian Heynen et, comme pointe avancée du triangle, sur Julien Gorius, qui ne parvient toutefois pas à alimenter à profusion l’attaque limbourgeoise.

Maes n’a toujours pas trouvé, non plus, la meilleure place pour Neeskens Kebano. Il l’essaie d’abord à gauche, puis en pointe et finalement en n°10. Mais Maes estime que Kebano ne maîtrise pas suffisamment le ballon pour un meneur de jeu. C’est dans ce contexte que Pozuelo reçoit une première fois sa chance, comme n°10, à la place du Congolais.

Pendant ce temps, Heynen retourne dans l’ombre et Wilfred Ndidi commence à s’affirmer : un Nigérian capable de parcourir des kilomètres, qui récupère énormément de ballons et qui se rend toujours disponible pour les défenseurs.

En novembre, lorsque Gorius traîne une blessure récurrente, Pozuelo est titularisé une première fois : contre Bruges et toujours en n°10, avec Buyens et Ndidi derrière lui, ce qui lui permet de jouer dans un fauteuil. Le talent de Pozuelo apparaît au grand jour : il est capable de garder le ballon, de jouer des deux pieds et il lit très bien le jeu.

LE TACLE DE DEGRYSE

Au début décembre 2015, Marc Degryse estime qu’il est temps de tacler ouvertement Maes dans le quotidien néerlandophone Het Laatste Nieuws. Degryse trouve que Maes est trop prudent en alignant un triangle défensif dans l’entrejeu. Il suggère de faire glisser Pozo au n°8, ce qui permettrait à Kebano – aligné à gauche jusque-là – de récupérer une position centrale.

Ou, même, d’aligner à la fois Pozuelo et Kebano en position centrale, avec Ndidi comme seul récupérateur dans leur dos. Maes hausse les épaules. Il trouve que son équipe n’est pas encore prête pour un système aussi audacieux, après les années de crise qu’elle a traversées. En outre :  » Pozo n’est pas un n° 8  » dit-il.  » C’est un Espagnol, il ne regarde pas derrière lui.  »

Mais que fait Maes, quelques jours plus tard, à domicile contre Anderlecht ? Il aligne Ndidi en n°6, Pozuelo en n°8 et Kebano en n°10. Grâce à l’augmentation des qualités footballistiques de l’équipe, Genk commence le match pied au plancher. Et le moteur de l’Andalou apparaît plus performant que prévu.

Genk arrache un point contre Anderlecht. Mais l’expérience ne sera pas reconduite. Lorsque l’attaquant Igor De Camargo se blesse, Kebano reprend position en pointe et Pozuelo récupère son poste de n°10, avec Ndidi et Buyens derrière lui. Maes et Genk se tâtent toujours.

Alors que Pozuelo récupère de nouveau son poste de n°8, des remarques se font entendre concernant son efficacité.  » Alejandro devrait peut-être céder plus rapidement son ballon, au lieu de le déposer dans les pieds des attaquants « , affirme l’entraîneur adjoint Peter Balette.

Malgré tout, l’Espagnol s’impose de plus en plus comme un titulaire incontestable. Au terme de la saison, que Genk conclut à la quatrième place, le compteur de Pozuelo affiche quatre buts et six assists. Il a aussi délivré trois assists en Coupe de Belgique.

EVIVA POZUELO

Au début de cette saison, Pozuelo a réussi à se rendre indispensable pour Genk, surtout face à des équipes qui se replient en défense, lorsque la précision de la dernière passe est cruciale. Au troisième tour préliminaire de l’Europa League, les Limbourgeois doivent en découdre avec le Budocnost Podgorica sans leur maître à jouer espagnol, blessé. Du coup, l’équipe perd sa cohésion. Et passe à deux doigts de l’élimination.  » Aujourd’hui, nous ne pouvons plus nous passer de Pozuelo « , admet Maes.

Il y a peu, en déplacement à Lokeren, Pozuelo a encore démontré toute sa valeur. Il a joué en n°10, avec Ndidi et le jeune Heynen – de retour dans l’équipe – derrière lui. Genk a gagné 0-3 à Daknam : trois passes décisives de Pozuelo. Son premier assist, surtout, doit être montré dans les écoles : d’une seule passe, il a mis cinq défenseurs de Lokeren dans le vent.

Peu de footballeurs, en Belgique, sont capables de dompter le ballon de cette manière.  » Pozuelo est génial « , a concédé Maes. Pourtant, l’Espagnol a parfois le don d’irriter son entraîneur, en tentant des prouesses techniques qui ne réussissent pas toujours.  » Sur le terrain, j’ai envie de prendre du plaisir « , se défend l’Andalou.  » Pozo exagèreparfois « , estime Maes. En ajoutant :  » Je crois qu’il préfère donner la dernière passe que marquer lui-même.  »

Une semaine plus tard, face à Zulte Waregem, Pozuelo n’est pas bien dans le match. Il joue de nouveau en n°10, avec Ndidi et Heynen derrière lui, mais la précision de ses passes fait défaut. A la 70e minute, Maes sort une autre flèche de son arc : il rappelle Heynen sur la touche et lance Nikolaos Karelis comme deuxième attaquant. Pozuelo est repositionné en n°8.

A la 80e minute, il reçoit le ballon de Thomas Buffel sur la droite, court vers le centre et lorsqu’il se retrouve à 20 mètres de Sammy Bossut, il frappe du gauche : 1-0, score final. Les supporters chantent leur bonheur :  » Eviva Pozuelo !  » Ce but est une copie conforme de celui qu’il avait inscrit la saison dernière, lors de la victoire 5-2 contre Anderlecht, à cette différence près qu’à l’époque, il venait de la gauche et avait marqué du droit.

BON À TOUT FAIRE

Après le match contre Zulte Waregem, Maes a retrouvé le sourire.  » Il est quand même bizarre, ce Pozo. Plus il s’approche du but, moins il tire. Lorsqu’il en est éloigné, il lui arrive de tenter sa chance.  » Pozuelo continue donc à être mis à toutes les sauces : lorsqu’il joue comme n°8, ses lacunes défensives apparaissent mais il entre plus souvent en possession du ballon et le jeu du KRC Genk s’en ressent positivement.

En outre, deux de ses cinq buts ont été inscrits sur des frappes à distance.  » Mais comme n°10, il délivre plus d’assists » , rétorque Maes.  » Ce que l’on gagne d’un côté, on le perd de l’autre.  »

PAR KRISTOF DE RYCK – PHOTO BELGAIMAGE

 » Genk ne peut plus se passer de lui  » – PETER MAES

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