Notre compatriote disputera, mardi prochain à Charleroi, la finale de la Coupe ULEB à Charleroi sous les yeux de son père Xavier et de son frère Nathan.

Deux basketteurs belges avaient porté le maillot du Real Madrid avant lui : EricStruelens pendant quatre ans et… JeanMarcJaumin pendant deux mois. AxelHervelle (qui fêtera ses 24 ans le 12 mai) est le troisième. Trois basketteurs belges ont déjà remporté une coupe européenne : Jaumin gagna la Coupe Korac (la C3) en 2001 avec Malaga, TomasVandenSpiegel s’adjugea l’Euroligue (l’équivalent de la Ligue des Champions) en 2006 avec le CSKA Moscou, et l’Anversois MichaëlKrikemans (aujourd’hui à Bergen op Zoom aux Pays-Bas) avait mis la main sur la FIBA Cup (la moins importante des épreuves continentales) en 2004 avec son équipe allemande de l’époque, Weissenfels.

Ax, 2m05, qui a déjà été champion d’Espagne au terme de sa première saison sous le maillot du Real en 2005, pourrait s’adjuger la Coupe ULEB (la C2) mardi prochain à Charleroi.  » Quel sportif n’a pas rêvé, un jour, de disputer une finale européenne dans son propre pays ? », se réjouit-il déjà.

Pourtant, la campagne européenne avait débuté sur un mode mineur pour le Real Madrid : par une défaite après prolongation à Den Bosch !  » On avait peut-être sous-estimé les Néerlandais « , reconnaît Axel. Les deux confrontations face à Mons posèrent moins de problèmes, mais d’autres défaites ont suivi en phase de poules : à l’Etoile Rouge Belgrade et à Kazan.  » A Belgrade, c’est toujours un peu particulier car le public influence l’arbitrage. Quant au voyage à Kazan, il est toujours très compliqué à effectuer et la fatigue se ressent immanquablement sur le terrain « .

Par le hasard du tirage au sort, le Real retrouva les Serbes et les Russes sur sa route en quarts et en demi-finales. Cette fois, le succès fut au rendez-vous. Les Madrilènes sont montés en puissance.  » Il faut se souvenir que, l’été dernier, on a changé d’entraîneur « , rappelle Hervelle.  » Aux méthodes très disciplinées et plutôt axées sur la défense de BozidarMaljkovic, a succédé un basket beaucoup plus libre, beaucoup plus instinctif, du coach espagnol Joan Plaza. Moi aussi, j’ai dû m’y faire. Le style de Maljkovic était assez proche de celui que j’avais connu à Pepinster avec NiksaBavcevic. Celui de Plaza était nouveau pour moi. Mais aujourd’hui, je me sens bien « .

La finale à Charleroi, face aux Lituaniens de Vilnius, sera certainement suivie par un grand nombre de supporters de Pepinster, où Axel n’a laissé que des amis. Très probablement aussi par son père Xavier, et sans doute par son frère cadet Nathan, 1m92.  » Si le coach IvicaSkelin le permet, car l’heure du match coïncide avec celle de l’entraînement « , constate ce dernier.  » Or, on a une demi-finale de Coupe de Belgique contre Liège à préparer et on luttera jusqu’au bout pour les playoffs, même si l’espoir d’y participer s’est amenuisé « .

Merci au facteur

Axel Hervelle a grandi dans une famille de sportifs, mais pas nécessairement de basketteurs.  » J’étais un grand amateur de cyclisme « , explique son père Xavier.  » J’organisais régulièrement de longues randonnées, auxquelles mes enfants participaient. C’est sans doute là qu’ils ont développé leur condition physique, leur résistance et, peut-être, leur caractère. Car, en cyclisme, lorsqu’on est fatigué, on ne peut pas compter sur les autres comme dans un sport collectif. On doit soi-même essayer de dépasser ses limites. Alors que mes enfants n’avaient que 12 ou 13 ans, on a fait des sorties de 100 kilomètres en VTT, ce qui est énorme. Ils craquaient sur la fin, mais ils trouvaient la force de caractère nécessaire pour puiser dans leurs réserves. J’aurais bien aimé que Nathan fasse du cyclisme : il était très doué. A travers lui, c’est sans doute l’un de mes propres rêves que j’aurais aimé matérialiser. J’aurais aimé tenter ma chance dans la Petite Reine, lorsque j’étais adolescent, mais comme mon père est décédé très jeune, il y avait d’autres priorités dans la famille et je n’ai pas reçu le soutien nécessaire « .

C’est donc dans le basket qu’Axel, et peut-être bientôt Nathan, percent. Xavier s’est donc converti lui-même à ce sport… pour suivre ses enfants.  » Ce sont eux qui m’ont attiré vers cette discipline que je ne connaissais pas. Lorsque j’allais assister à leurs matches, je constatais qu’une certaine chorégraphie se dessinait sur le terrain lorsqu’ils appliquaient les phases de jeu enseignées à l’entraînement. Je n’y comprenais rien, au contraire des autres parents qui avaient déjà été plongés dans l’univers du basket précédemment. J’ai donc décidé de m’y mettre… et je me suis inscrit, comme mes enfants, au club de Comblain proche du domicile familial. Ma carrière de basketteur a donc commencé à… 34 ans ! J’ai d’abord joué en Vétérans, mais c’était un peu n’importe quoi sur le terrain. Puis, j’ai rejoint une équipe plus sérieuse où, à l’entraînement, j’ai dû tout apprendre de zéro. La condition physique, je l’avais déjà. Mais pas la technique, ni les principes tactiques « .

C’est la taille d’Axel qui l’a orienté vers le basket.  » Il a toujours été très grand. Comblain, c’est un village où tout le monde se connaît. Les voisins et les professeurs ont rapidement repéré la belle taille de mon fils aîné, et m’ont conseillé de l’inscrire au basket. C’est finalement le… facteur qui a le plus insisté. Au départ, j’étais assez réticent. J’avais une image peut-être erronée des sports collectifs. On m’avait raconté qu’au niveau amateur, les footballeurs et les basketteurs, ça ne courait pas beaucoup, mais ça fumait et ça buvait lors des troisièmes mi-temps. Je ne voulais pas de cela pour mes enfants. Depuis lors, j’ai appris à apprécier ce sport. Axel n’a pas accroché tout de suite. C’était déjà un perfectionniste et il se sentait frustré en constatant qu’il avait moins de technique que la plupart de ses coéquipiers, qui étaient pour la plupart des enfants de basketteurs. A force de persévérance et de travail, il s’est mis au niveau de ses copains. Travailler, encore et toujours, cela a toujours été son leitmotiv. Celui de Nathan aussi, d’ailleurs. C’est la raison pour laquelle le courant est toujours bien passé entre Bavcevic et mes deux fils. S’ils n’étaient pas bien fatigués au terme de la journée, ils s’en voulaient car ils avaient l’impression d’en avoir gardé sous la pédale à l’entraînement « .

Le Real Madrid, un rêve

C’est à force de persévérance qu’Axel s’est hissé vers les sommets : Comblain, Saint-Louis, Pepinster, Real Madrid… et bientôt la NBA ? Il y a deux ans, il a été drafté par les Denver Nuggets, mais ne s’est pas encore décidé à franchir le pas.  » Je crois qu’il préfère rester au Real Madrid, qui est un grand club européen, plutôt qu’être assis sur le banc d’une équipe de NBA « , pense Xavier.  » Mais le jour où il franchira l’Atlantique, ce ne sera pas pour s’asseoir sur le banc. Et même s’il va y aller au début, il n’y restera pas longtemps. Ce n’est pas dans son caractère. Je crois qu’il a les capacités pour réussir en NBA, car en plus du talent, il a le mental. Lorsqu’il constatera ses lacunes, il les travaillera à fond « .

 » Je n’ai jamais pleuré autant que lorsque Axel est parti au Real Madrid « , affirme sa maman, Dominique.  » Je n’avais jamais osé imaginer que c’était possible. Qu’est-ce que ce sera lorsqu’il partira en NBA ? »

 » Axel a suivi une progression linéaire, il a gravi les échelons pas à pas « , poursuit Xavier.  » Comblain était la meilleure équipe de jeunes de la Province de Liège. L’étape suivante devait être une équipe de D1, de préférence à proximité. Un jour, j’ai vu JeanPierreDarding (le manager de Pepinster) et Niksa Bavcevic lors d’un match de jeunes à Comblain. J’ai directement pensé qu’ils étaient là pour Axel. J’ai marqué mon accord pour qu’Axel signe à Pepinster, à une condition : qu’on n’entrave pas sa progression. Darding m’a répondu : – Pas de problèmes, si demain le Real Madrid frappe à la porte, je serai le premier à le conduire à l’aéroport ! Sans le savoir, il avait déjà cité le nom du club suivant d’Axel. D’autres clubs se sont intéressés à Axel avant le Real, et à chaque fois, mon fils a préféré attendre. Puis, un agent s’est présenté en lui proposant de rejoindre Madrid. J’ai demandé à Axel s’il était intéressé. Il m’a répondu : – Oui, c’est mon rêve ! Pourtant, il était ennuyé : il avait déjà commencé la saison avec Pepinster lorsque le Real l’a contacté. Il avait envie de franchir le pas, mais hésitait. Il savait que l’offre des Madrilènes représentait une chance exceptionnelle, mais il culpabilisait vis-à-vis de ses coéquipiers et du club de Pepinster, qu’il allait délaisser alors qu’après le titre de vice-champion conquis l’année précédente, les ambitions étaient grandes. Il est aussi très attaché à sa famille et à ses amis, et n’avait pas envie de les quitter non plus. Je l’ai convaincu : – Avec l’argent que tu gagneras là-bas, tu pourras les faire venir sans problèmes !  »

Axel ennuyé de devoir abandonné ses coéquipiers de Pepinster pour rejoindre le Real Madrid : on a retrouvé en lui ce même sentiment, en août dernier, lorsqu’il a dû abandonner l’équipe nationale pour rejoindre son club.  » Le nouveau coach du Real voulait disposer de tous ses joueurs pour préparer l’équipe à la nouvelle saison « , se souvient Xavier.  » Un accord avait été conclu avec la fédération belge : Axel pourrait jouer avec les Belgian Lions, mais devrait être libéré lorsqu’ils n’avaient plus aucune chance de se qualifier. Il n’a donc pas pu disputer les deux derniers matches en Russie et en Hongrie. Mais c’est la mort dans l’âme, et en culpabilisant un peu, qu’il a quitté ses coéquipiers « .

Prénoms bibliques mais pas des saints

Dans le prénom d’Axel, on retrouvé un X et un A, comme dans celui de son père. Mais ce n’est pas l’alphabet qui a incité Xavier à choisir ce prénom.  » En fait, Axel, c’est scandinave. C’est la traduction d’Absalon, mais je n’allais quand même pas appeler mon fils Absalon ? C’est un personnage biblique qui, comme Samson, tirait sa force dans sa longue chevelure. Parfois, il m’arrive de dire à Axel : – Quandvastutelaisserpousserlescheveux ? ( ilrit) Mes deux autres enfants portent aussi des prénoms bibliques : Nathan (22 ans), mais aussi ma fille Deborah (18 ans) qui pratique également le basket à Comblain. Le fait qu’ EddyMerckx ait aussi prénommé son fil Axel a peut-être influencé ma décision, mais pas autant que les origines bibliques « .

Pour Nathan, ce n’est pas évident de devoir continuellement évoquer la personnalité de son frère, alors que lui-même essaie de faire son trou.  » Pourtant, j’ai toujours été le premier supporter d’Axel et je le suis resté « , assure-t-il.  » Ce qui me perturbe plus, c’est qu’après un championnat 2005-2006 très encourageante, mon temps de jeu s’est réduit cette saison. Je suis un peu frustré, mais pas du tout découragé. C’est mal me connaître : au niveau du caractère, je suis comme Axel. Je regarde tous ses matches à la télévision. Je suis fier de ce qu’il réalise même si, parfois, je trouve qu’il devrait davantage se libérer. Je sais ce dont il est capable : lorsqu’il a quitté Pepinster pour le Real, il était inarrêtable, presque sur une autre planète. Aujourd’hui encore, dans certaines rencontres, il est partout… mais ce n’est pas le cas dans tous les matches. Parfois, il se contente de se mettre au service de l’équipe, de faire ce qu’on lui demande. J’aimerais le voir, un jour, se lâcher complètement. Cela me ferait plaisir « .

 » Le plus frustrant pour Nathan, ce n’est pas de devoir parler d’Axel mais de devoir supporter les comparaisons « , précise Xavier.  » Mes deux fils sont différents, je dirais même qu’ils sont complémentaires. Axel culmine à 2m05 alors que Nathan ne mesure que 1m92. De ce fait, le premier joue plutôt sous l’anneau alors que le second est un joueur extérieur « .

Ils pourraient donc jouer ensemble… ce qu’ils ont souvent fait.  » Un an et demi nous sépare, mais dans les équipes de jeunes, l’un et l’autre montaient régulièrement de catégorie et on se retrouvait, Axel et moi « , raconte Nathan.  » Il n’était pas rare qu’on disputait deux ou trois matches par week-end. Une fois, on a joué l’un contre l’autre : alors qu’Axel était déjà parti à Pepinster, il est venu jouer un match de Coupe de Belgique à Comblain. On ne s’est pas ménagé, car j’adore les confrontations physiques. Un sport comme le football américain, par exemple, me passionne. Je crois que ce jour-là, c’est la seule fois où j’ai marqué plus qu’Axel, car… il s’est blessé et n’a pas terminé la partie « .

Il y a des ressemblances entre Axel et Nathan. Au point de perturber l’adversaire ?  » Lorsque Axel est venu jouer à Mons, le 16 janvier, il avait eu une petite altercation entre KevinHouston et lui « , se souvient Xavier.  » J’ai l’impression qu’il y a dix jours, lorsque Pepinster est allé jouer à Mons, Houston s’en est souvenu et a provoqué Nathan « .

Lorsque Axel est parti, tout Pepinster s’est réjoui en voyant que Nathan frappait à la porte de l’équipe Première : un autre Hervelle allait perpétuer la tradition au Hall du Paire. Son rôle est souvent de défendre sur le meilleur attaquant adverse.  » C’est à la fois valorisant et frustrant. J’adore défendre, mais j’aimerais aussi apporter davantage ma contribution au marquoir « .

Lorsqu’on demande à Nathan s’il retrouve en Skelin les méthodes d’entraînement de Bavcevic, il hésite. Son père lui vient en aide.  » En fait, comparer, c’est un peu critiquer, et mes deux fils ont toujours eu pour principe de ne pas critiquer leur entraîneur. Axel est pareil. Ils savent aussi que, lorsqu’ils font une déclaration qui fâche tout le monde, toute la belle mécanique de l’équipe risque de se déglinguer. Or, dans un sport collectif, l’équipe prime « .

Ce qui rend Xavier le plus fier ?  » Cela va peut-être vous étonner, mais ce ne sont pas les performances sportives d’Axel. Plutôt ses qualités humaines. Il est très sociable, toujours disponible malgré le statut qu’il a atteint, et ce n’est pas un hasard s’il est autant apprécié à Madrid. Je pourrais citer bien des exemples, mais j’en retiens un : lorsque le kiné n’avait pas de télévision, il lui a cédé la sienne. C’est tout à fait lui. En fait, il y a deux Axel : celui que l’on voit sur le terrain, où il fait preuve d’un caractère de… cochon qu’il a sans doute hérité de moi, et celui que l’on rencontre en dehors des terrains, où il est foncièrement gentil « .

 » La gentillesse, c’est de moi qu’il en a hérité « , conclut sa maman Dominique en rigolant.

par daniel devos – photos : reporters

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