Pierre Bilic

Hollywood a oublié d’attribuer un Oscar au foot wallon

Les scénarios les plus inattendus ne cessent de se succéder sur les écrans des salles noires de D2. Films comiques, thrillers, cinéma d’auteurs ou remakes de grands classiques : il y en a pour tous les goûts.

Par Bruno Govers

Le come-back de Luciano D’Onofrio tient le haut de l’affiche. A y regarder de plus près, il interprète sa version de The Artist, muet comme Jean Dujardin. Luciano a toujours £uvré à sa guise, dans la patience et la discrétion. Son implication à Eupen est aussi étonnante qu’intéressante. Il y est toujours en phase d’immersion avec, à l’horizon, des plans importants. Sans son apport, les Pandas seraient en voie de disparition : pas de licence, pas de sous, the end. Ils avaient un besoin urgent de 500.000 euros, dit-on. L’ex-patron du Standard a avancé ce pactole de sa poche et il devra encore sortir son carnet de chèques cette saison. Son engagement s’élèverait alors à un million d’euros. Cela signifie que D’ono est devenu le décideur au Kehrweg. Mais quelle sera la suite des événements ? Rusé, le Liégeois est installé mais il attendra le verdict du championnat avant d’avancer ses autres pions.

Si Eupen revient en D1, il pourra construire à ses frais, intéresser des capitaux qataris ou céder son projet et un club de l’élite (avec des droits de télévision appréciables) à des fonds d’investissements. Et si ce sympathique petit club échoue au large du paradis, Luciano se retirera peut-être en n’ayant pas perdu grand-chose au casino du foot business. Pour le moment Eupen est en tête de sa série et en cas de promotion, LD aura dépensé un million d’euros seulement pour retrouver la grande scène du football belge. Une affaire quand on sait qu’ Abbas Bayat a estimé la valeur financière de son club à 10 millions d’euros. Or, des rumeurs alarmantes circulent à propos des Zèbres et cela inquiétera encore un peu plus leurs supporters à la colère compréhensible. Le Mambourg s’interroge pour sa licence et les clubs qui ont fourni des joueurs israéliens la saison passée réclament le versement intégral des montants de transfert : Abbas Bayat n’a-t-il pas prévu un échelonnement des transferts ? Si Charleroi n’y prend pas garde, cette épée de Damoclès pourrait se révéler très dangereuse.

D’autres rebondissements ont secoué le football wallon. Ce n’était plus un secret depuis le mois de janvier : Dennis van Wijk était discuté par la majorité des joueurs de Mons, déçus par ses idées alors que la moisson du début de saison s’envolait par les fenêtres. A Gand, il a annoncé son intention de ne pas prolonger son contrat. L’Albert l’a dès lors prié de rester à la maison et c’est Geert Broeckaert qui terminera la saison. Et dire que Mons vit à l’heure du festival du film d’amour. On ne s’embrasse plus au Tondreau où il ne faudra quand même pas oublier les réussites de van Wijk. Le contraire serait injuste. Pour 2012-2013, Enzo Scifo pourrait se retrouver à la barre des Dragons. C’est envisageable sauf si Dominique Leone écoute trop l’avis d’un de ses courtisans : Mogi Bayat, ennemi de longue date de Scifo.

Il faut se rendre au Canonnier pour découvrir un long métrage porteur d’espoirs. Dans le silence de la D3A, Mouscron-Péruwelz est le seul club invaincu des séries supérieures. Et derrière les caméras, un homme porte ce projet : Philippe Saint-Jean. Sa force de travail et ses idées prouvent que tout est possible quand on y croit. Il se passe vraiment quelque chose chez les Hurlus. Loin de là, ce fut la semaine du drame au Standard avec les adieux à Guy Namurois. Les Rouches sont les seuls survivants belges en Europa League. Alors, même si cela ne rigole pas trop pour eux en championnat, et qu’Hollywood a oublié d’attribuer un Oscar à ce foot wallon la tête pleine de questions, le film de cette qualification est particulièrement émouvant.