Hey keeper, garde la foi !

Vous vous souvenez de Brad Friedel alias le Gigot ? On lui a consacré un papier en août dernier. Eh bien, grâce à lui, on va se retaper une bonne tranche de keeper sauce anglaise. Au menu du jour, Stuart Taylor. Un gars qui a beaucoup mariné sur le banc. Notamment sur celui d’Aston Villa où il observait Brad.

Par Frédéric Waseige

Le Gigot est bien cuit mais loin d’être cramé. Du coup, certains pas assez saignants sont trop tendres. Et ça tourne à la farce pour le fameux Stewart. La fricandelle qui n’a jamais vu le printemps, ou si peu. Quelques rares éclaircies dans le ciel plombé des Iles. Stewart Taylor : 14 saisons pro. 10 en Premier League avec comme bilan : 30 matches joués. Un destin en forme de miette mais quand même une part du festin. Peu importe qu’il n’ait joué que 12 matches en quatre saisons avec Villa. Que depuis 2009, il n’en ait pas encore disputé un seul avec Manchester City. Et seulement 18 en huit saisons à Arsenal : chez les Gunners, il a été champion et il a reçu sa médaille.

Point de règlement de la Premier League : pour être considéré faisant partie d’une équipe championne, il faut avoir participé à au moins 10 matches sur la saison. En 2002, il en est à neuf quand arrive la dernière journée de championnat. Les Gunners sont déjà champions et Arsène Wenger le fait monter à la place de Richard Wright qui dispute son…10e match de la saison. Stuart Taylor joue 6 minutes, le temps de prendre un but, mais aussi et surtout, son sésame. Grand seigneur, Arsène fait d’un changement deux heureux : Wright et Taylor se font un palmarès.

Cette histoire est à l’image de celle des gardiens anglais. Peu sont de haut niveau. La preuve avec l’équipe nationale. Début septembre en Bulgarie, les deux remplaçants de Joe Hart se nommaient Frank Fielding et David Stockdale. Vous connaissez ? Non ? Normal, ils jouent tous les deux en Championship, la D2 anglaise. Significatif, inquiétant mais pas étonnant quand on sait qu’ils ne sont que quatre Anglais à être titulaire en Premier League, dont deux se sont retirés de la scène internationale : Paul Robinson et Ben Foster. Les deux autres sont le n°1 anglais Hart et John Ruddy, qui découvre le top avec les promus de Norwich.

Quel contraste avec l’Espagne. En Liga, sur les 20 équipes, 15 ont un gardien espagnol. Pas étonnant que des pointures comme Victor Valdes et Pepe Reina lustrent depuis longtemps le banc de la Roja derrière le magnifique Iker Casillas. Quel contraste. Valdes et Reina, deux stars championnes du monde bien calées dans leur hamac.

La cage aux lions anglaise, elle, est en souffrance de prédateurs, de fauves qui se jettent sur tout. Derrière Hart, c’est le désert. Exemple avec notre bon Stuart Taylor. Il a joué dans toutes les sélections de jeunes. Jusqu’en Espoir et puis le vide et le désespoir de se retrouver d’abord derrière David Seaman (405 matches pour Arsenal et record du club pour un gardien), puis derrière Friedel, recordman du nombre de matches consécutifs en Premier League (276, série en cours) et, maintenant, derrière le Number One british, Hart.

Pas de chance. Ou peut être est-il heureux d’être bien payé. Parfois, être roue de secours d’une F1 est plus attirant que de s’user à l’avant d’une 2CV. Exemple avec Jerzy Dudek. Deux matches de Liga en quatre saisons au Real Madrid. Bon lui, il était rassasié depuis son match légendaire à Istanbul. En trois miracles, il envoie Liverpool sur le toit de l’Europe. Après ça, on peut mourir. Ou, mieux encore, aider les autres à rester en vie. Le héros est devenu numéro deux pour rendre le numéro un encore plus héroïque. Casillas a dit : Gracias. Gardien de but est vraiment un métier de ouf.

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