Golden Fondriest

En 1988, le jeune et talentueux Maurizio Fondriest étaitsacré Champion du Monde de cyclisme sur route à Renaix, au terme d’un sprint à trois, synonyme de chute pour l’infortuné Claude Criquielion, précipité au sol par Steve Bauer. En septembre, je m’étais mis une idée en tête : réunir Maurizio et Claude en Italie. Les deux champions étaient d’accord et le rendez-vous avait été fixé, avant une des courses de la fin du calendrier italien. Je tenais un joli petit scoop qui…. s’écroula l’avant-veille de la rencontre. J’étais déjà en Italie avec notre photographe de l’époque, Aldo Tonnoir, quand Criquielion m’apprit au téléphone qu’il était hospitalisé pour un problème de calculs aux reins. Les plans furent adaptés mais pas le cap : en route vers Cles, le village de Fondriest, situé entre Trente et Bolzano.

Le  » Val di Nin  » est couvert de vergers qui offrent, dit-on là-bas, les  » meilleures pommes du monde « . Cette région fit partie de l’empire austro-hongrois et était réputée pour le courage de ses habitants. Fondriest, ce nom de famille vient probablement de l’allemand Von Triest (de Triest). Maurizio nous attendait chez lui avec son père, Cornelio, vite rejoint par toute la famille. Après avoir évoqué les événements de Renaix ( » Je n’ai pas été impliqué dans ce choc. Je n’avais pas encore prononcé mon dernier effort. On ne saura jamais si Criquielion se serait imposé sans cette chute. C’est l’incertitude du sport « ), le jeune prodige italien plongea dans ses souvenirs, sortit les albums photos de son enfance.

Il évoqua ses premières joies sportives. Son père lui acheta un maillot de l’AC Milan mais le fiston préférait le ski et surtout le cyclisme. Et, adolescent, son talent de coureur cycliste était déjà connu, et apprécié au-delà de la vallée des pommes. Golden Fondriest nous présenta sa fiancée, Ornella, son grand-père, un  » Nono  » comme dans les films, gentil, attentif, souriant. Les aïeux de Maurizio gagnèrent leur pain en fabriquant des foudres et autres tonneaux pour les vins de la région.

Alors que l’Italie adorait GinoBartali, Fausto Coppi et Felice Gimondi, Maurizio précisa :  » Il ne faut pas oublier qu’Eddy Merckx était un dieu chez nous. C’était mon idole. J’avais 12 ans quand il participa à un critérium près de chez nous, brava la pluie et le froid pour gagner. Je suis rentré à la maison et j’ai épinglé son poster au-dessus de mon lit.  » En 1988, Fondriest avait 23 ans et il promena son sourire dans les pelotons jusqu’en 1998. A Cles, il nous consacra toute une journée à l’issue de laquelle sa mère nous invita à passer à table. Son pain ressemblait à du gâteau et son eau à du vin comme deux gouttes d’eau…?

PAR PIERRE BILIC

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