Glen, le Jacky d’hier. Bob, le Glen de demain

Cela n’a pas été une semaine rigolote. D’abord, Jelle Van Damme, qui choisit d’aimer les clubs au vogelpik, se ramène au pays en amuse-gueule de notre imminent mercato : d’autres pourris/gâtés/déçus vont suivre. Le foot est business partout, pas rien qu’en Russie ou au Qatar. Ensuite, et à propos de Russie, Anderlecht en revient battu/paumé/frigorifié (-15° selon la police, -22° selon les participants) et pose au monde la grande question existentielle de cette période riche en frimas : peut-on prester au top emmitouflés comme des bébés ? Bardés de collants, gants, bonnets, cache-oreilles, cagoules et peut-être chaufferettes dans le slip, par quel trou les Mauves ont-ils respiré ? Et, entré quasi nu à la 78e pour faire son malin, Tom De Sutter est-il vraiment mort ?

Enfin but not least, c’est fichu pour 2018. Je lis partout qu’il ne reste qu’à pleurer la défaite du vrai foot et de la pureté (nous), face à la victoire du fric et des puissants (eux) : si la désillusion permet de se refaire une virginité, c’est toujours ça de pris…

Tout cela nous ferait presque oublier la routine : cinquième club qui défenestre, sixième coach défenestré, Glen De Boeck s’est fait virer ! Routine car qui a gardé en mémoire le nom du dernier club de D1 relégué en D2, mais qui avait conservé son entraîneur, contre vents et marées, durant tout le championnat ? Pas moi ! Mais chapeau à ce club même s’il est aujourd’hui cuit, la grandeur du foot est de faire tout le chemin ensemble (joueurs, coach, comitards, supporters), même quand le chemin s’avère calvaire.

Revenons à De Boeck, c’était trop beau, cela ne pouvait pas durer : débuter dans la profession par trois saisons complètes et satisfaisantes dans le même club (Cercle Bruges, 2007/2010), c’était déjà miraculeux et les miracles n’ont qu’un temps. Chaque saison amène en D1 des coaches qui débutent à pareil niveau, les uns se plantent comme Bart De Roover, d’autres épatent comme aujourd’hui Bob Peeters : mais je ne jurerais pas que Bart est un nul et Bob un génie !

Toujours est-il que ce nouveau gars épatant est alors systématiquement disséqué comme apportant à la profession du jamais vu, du réellement novateur : jusqu’à ce que l’implacable carrousel des résultats accomplisse son £uvre limogeuse, et embrigade le gars dans l’armée des coaches d’expérience, tournant de clubs en clubs avec hauts et bas. De Boeck est le Jacky Mathijssen d’hier, brillant à Saint-Trond puis Charleroi, moins heureux ensuite… et qui s’amène au GBA, tu parles d’un carrousel ! Et Bob Peeters est le De Boeck de demain même s’il rêve du Barça, ou a fortiori s’il en rêve ! D’accord, Francky Dury pourrait être une belle exception s’il s’enracine à Gand.

Reste le jeu des pronostics pour déterminer les prochains remerciés, c’est un peu charognard mais c’est toujours gai ! Voici deux gros mois, j’avais bien flairé pour De Boeck mais je m’étais gouré pour Peter Maes qui a redressé Lokeren, le redresseur m’a donné tort ! Quant aux relayeurs des virés, je l’avais bien senti pour Albert Cartier, mais je vais me planter concernant Eric Van Meir, j’ai dû confondre physique baraqué et mental baraqué, paraîtrait d’ailleurs que le Lierse songe à… De Boeck ! Pour la suite et pour me mouiller, mon petit doigt me glisse encore que Csaba Laszlo va craquer et qu’ Adri Koster ne pourra pas demeurer toute sa vie un looser sympa.

Mais mon petit doigt est idiot, tout ce carrousel devrait cesser d’être, les entraîneurs ne sont pas les coupables qu’on croit si souvent. Ou alors, s’ils le sont, je propose d’£uvrer plus honnêtement, et de changer le règlement en vue d’une plus grande équité dans la manière de traiter nos coaches : dès que l’un d’eux se serait ramassé un 0/9, c’est-à-dire trois défaites consécutives, son employeur, et quel qu’il soit, se verrait partout dans l’obligation légale de lui signifier son C4 ! N’est-ce pas une bonne idée pour plus de justice ? D’accord, si ça permet d’éviter les foudres de Luc Misson, on peut convenir d’un 0/12.

PAR BERNARD JEUNEJEAN

Csaba Laszlo va craquer et Adri Koster ne pourra pas demeurer toute sa vie un looser sympa.

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