John Baete

Georges, c’est le moment ou jamais !

Quand on a pensé (et j’en étais…) avoir trouvé en Georges Leekens la solution aux problèmes des Diables Rouges, on s’était dit : -OK, on va rejouer à la belge, tout boucler derrière et être malin en reconversion offensive pour gagner 1-0. Mais on a été trompé sur la marchandise, on a souvent marqué un but mais on en a trop souvent encaissé aussi.

Par John BAETEJe ne vais pas vous faire une tête grosse comme ça avec des statistiques. Je ne vois qu’une chose : même si on est passé à la 34e place mondiale, on est toujours hyper loin d’être qualifié pour l’EURO, notre fond de jeu est resté relativement pauvre, nos joueurs commencent à systématiquement moins bien jouer avec le maillot des Diables sur le dos que celui de leur club et deux symboles de notre D1 ( Silvio Proto et Jelle Van Damme) ont refusé d’être repris pour se retrouver en tribune. Ce geste de deux résistants belgo-belges – alors que la majorité de leurs collègues sont expatriés – est significatif car il va à l’encontre du discours officiel et idyllique de Mac the Knife.

Si le discours était correct, Silvio et Jelle viendraient à vélo pour s’entraîner avec le groupe, quitte à se retrouver en costume-cravate le jour du match. Parce que derrière, il y a la carotte de la qualification pour la Coupe du Monde au Brésil. Et qu’un groupe pour un tel tournoi se construit bien longtemps à l’avance selon Leekens, pour qui l’horizon auriverde a déjà remplacé la toundra polonaise et ukrainienne.

L’EURO n’est plus un objectif sauf miracles. Mais cet échec n’a pas eu de conséquences pour le coach. Dans la Maison de Verre, il est désormais installé au même étage que le président et le CEO et s’immerge dans d’autres projets que celui – purement sportif – des Diables Rouges. Tout cela parce qu’il a pu prolonger son contrat de T1 jusqu’à la Coupe du Monde sans se qualifier pour l’EURO. Là, l’Union belge a été trop vite en besogne. Mais on sait que Leekens a fait comprendre qu’Anderlecht était intéressé par son profil. Donc, si elle voulait être sûre qu’il reste, c’était le moment ou jamais de prolonger son contrat…

Leekens souffre-t-il d’un déficit d’attention pour le jeu des Diables ? On schématise, mais on a l’impression qu’il s’attache simplement à sélectionner les Diables les plus en forme et à espérer que la sauce prenne naturellement… quitte à systématiquement oublier certains Belges en action dans le sud de l’Europe. On n’a pas encore vu la valeur ajoutée du coach. Les onze meilleures individualités ne forment pas nécessairement l’équipe la plus apte à faire des résultats… surtout quand elles ne jouent pas à leur vraie place !

Aimé Jacquet a gagné la Coupe du Monde sans Cantona et Ginola mais a gardé des mauvais coucheurs. Leekens a fait semblant de punir Hazard avant de le garder et donne parfois l’impression de rassembler une bonne bande de potes. Malgré de pénibles moments de jeu, on n’a jamais vu des Diables s’en prendre à d’autres pour les recadrer. Or, il est temps d’ obtenir des résultats « avec la meilleure génération de Diables Rouges de l’histoire », non ? Là aussi, Leekens a peaufiné son discours après le dernier rassemblement, parlant de manque d’expérience et de maturité.

Je n’en veux pas à Good Old Georges, ne le destine pas au goudron et aux plumes et n’en fais pas une cible vivante pour entarteur car il n’est pas un vrai salaud. Feu Raymond Goethals disait de lui : « Leekens est un gros malin, il va te montrer une crotte de chien et te faire croire que c’est du pain d’épices. » Sa spécialité c’est d’enjoliver la vérité. Mais point trop n’en faut. Tout ce qu’on est en droit de demander, c’est de voir du jeu. C’est le moment où jamais. Après, il sera trop tard. Comment bien débuter une campagne de qualification pour la Coupe du Monde sur des cendres ?

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