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Gazon Maudit

Si vous vous posiez la question, il existe bel et bien un championnat du monde de « foot dans la boue ». Cette pratique s’appelle le Swamp Soccer et en 2019, la compétition s’est déroulée à Hyrynsalmi, dans l’est de la Finlande, qui est au ballon dans la gadoue ce qu’est le Brésil au ballon sur le sable. Visiblement décidée à donner du fil à retordre à nos amis finlandais, la ville de Waregem a profité de ce samedi 9 janvier pour poser une candidature spontanée en vue d’organiser l’épreuve en 2021. Il est un peu plus de 17 heures quand l’homme du match de ce Zulte Waregem-Mouscron monte au jeu. Il n’est ni chaussé de Nike ni d’Adidas, mais d’une grosse paire de bottes et porte une légère doudoune en guise de maillot. Et si le chignon posé sur le haut de son crâne pourrait faire croire à un transfert de Guillaume Gillet, les coups de pied qu’il assène à la terre ne laissent que peu de place au doute. Cet homme est le jardinier du stade Arc-en-Ciel, il doit s’occuper d’une pelouse qui n’en a que le nom et lutte contre l’inévitable, comme un homme dégarni qui se persuaderait que l’huile de ricin le sauvera du naufrage. À ceux qui déplorent, à juste titre, que le football amateur soit à l’arrêt: ceci est une petite bouffée de nostalgie.

On a tous un souvenir en rapport avec un terrain catastrophique.

On a tous un souvenir en rapport avec un terrain catastrophique. Un tacle glissé sur vingt mètres, une frappe qui s’arrête nette sur la fameuse flaque d’eau devant le gardien ou une passe dont la trajectoire n’aurait pas pu être calculée par la NASA. On en rigole encore aujourd’hui et ça tombe bien: nous n’avons jamais été footballeurs professionnels. S’il est certes rare que les premiers matches du mois de janvier se jouent sur des billards, il n’en demeure pas moins embêtant que 22 joueurs de haut niveau disputent une rencontre importante sur le terrain de jeu de Wout van Aert et Mathieu van der Poel. D’une parce qu’en dépit des efforts des locaux, mais surtout des Hurlus, le spectacle s’en retrouve gâché. De deux, pour des raisons sportives évidentes. Glissades, risques de blessures, mais aussi et surtout qualité technique, ambitions de jeu et volonté de construction contrariées. Invité de l’émission Eleven Corner, Gianni Bruno déplorait l’état de la pelouse de son club, ce qui expliquait notamment selon lui les quelques récentes contre-performances de l’équipe à domicile. « Depuis quelques semaines, c’est compliqué de produire du jeu sur ce terrain. À l’extérieur, on y arrive. À domicile, on n’arrive pas à poser le ballon. Il ne faut pas mettre toute la faute sur le terrain, mais quand on sait que l’on va jouer à domicile, on sait que ça va être compliqué ». Victorieux du Cercle (1-0) et donc de Mouscron, sur le même score, les joueurs de Francky Dury s’en sont sortis.

Swamp Soccer
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Ça n’a pas été le cas des Hurlus. Malgré 17 tirs et une domination de tous les instants en seconde période, les coéquipiers d’ Hervé Koffi ont concédé un deuxième revers consécutif. Et je dois dire que pour passer un certain nombre de samedis en tête-à-tête avec les joueurs de Jorge Simão dans le Box-to-box, j’espère que les prochaines semaines leur souriront davantage. Après Genk, ils affronteront Waasland-Beveren à la maison avant de se déplacer à Saint-Trond dans deux matches qui font déjà figure de juges de paix de leur saison. Une saison difficile, lors de laquelle j’ai vu des équipes avoir moins d’idées et moins de qualité que celle de Simão. Je m’explique: l’adage veut qu’avec un bon 9 et un bon portier, on évite la relégation. Connaissant Nuno Da Costa depuis sa belle éclosion à Strasbourg dans ma douce Ligue 1, et au vu des prestations d’Hervé Koffi, on pourrait se dire que Mouscron est tranquille. Agouzoul était absent ce samedi, il a été brillamment remplacé par Gueye. Quoique passeur décisif malgré lui sur le but, le défenseur sénégalais a été au four et au moulin, dangereux sur phase arrêtée et décisif sur quelques interventions bien senties. Au vrai, avec un peu plus d’application technique, notamment sur les centres du virevoltant Tabekou, un meilleur Olinga et sans le poteau de Gnohéré, les Mouscronnois auraient pu sortir vainqueurs du championnat de Belgique de Swamp Soccer. Gageons qu’un maintien leur fera plus plaisir que ce titre tristement honorifique.

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