Flèche blonde

Le nouveau back gauche de Charleroi a été lancé en Ligue 1 par Cartier, a joué avec Ribéry et Barthez, a travaillé avec Domenech et Michael Laudrup !

« Au niveau engagement, Charleroi a sûrement fait une bonne affaire « , lance Albert Cartier, le coach qui avait fait découvrir la L1 à Metz à Franck Signorino (29 ans), le tout nouveau back gauche des Zèbres. C’était au début des années 2000.  » Il a une mentalité exemplaire. Du tempérament à revendre. Beaucoup de rigueur. De la concentration. Le respect de ses coéquipiers, de ses adversaires, de son club, du maillot. Les valeurs de l’école messine, finalement.  »

C’est déjà en France que le Sporting avait réalisé un de ses rares transferts réussis, l’été dernier : il avait fait venir Romain Elie d’Arles-Avignon. Un bon arrière gauche. Aujourd’hui sur la touche pour plusieurs mois. Signorino, son remplaçant, a fait un crochet par l’Espagne avant d’atterrir au Pays Noir et d’y signer jusqu’à la fin de cette saison. Ah, cette Liga qui fait rêver… Elle a égayé les nuits de P’tit Franck (1m75), surnommé Flèche blonde vu son explosivité et sa capacité à sprinter sur son flanc. Mais il vient de quitter l’Espagne avec un goût amer en bouche. Dans une interview, il a reconnu qu’il était frustré de ne pas avoir pu s’imposer dans ce championnat, de ne jamais avoir pu affronter le Real Madrid et Barcelone.  » C’est pour ça que j’avais signé à Getafe, pour me frotter à ce qui se fait de mieux au monde.  »

Il a connu quelques bons moments dans ce club madrilène. En Europa League, il a vu dans le blanc des yeux les stars du Bayern, de Benfica, de Tottenham. Mais son bilan espagnol est finalement pauvre. Peu de matches de D1, quelques blessures dont une fracture du tibia, une relation désastreuse avec Michael Laudrup qui l’entraîna à Getafe. La saison dernière, il a été prêté en D2, à Carthagène. Et il est rentré dans son club propriétaire durant l’été 2010. Pour prendre un nouveau coup sur la tête. Il explique sur le site de Charleroi que l’entraîneur actuel de Getafe comptait sur lui mais que le président lui avait garanti qu’il ne serait plus jamais dans l’équipe.  » Avec lui, le courant ne passait plus du tout.  » Son contrat a donc été résilié de commun accord le dernier jour du mois d’août.

Signorino dit qu’il avait des opportunités dans trois ou quatre clubs de D2 espagnole mais aussi en Grèce.  » Je voulais en tout cas quitter l’Espagne, passer à autre chose.  » Après un test validé par Csaba Laszlo, cet ancien international Espoir (sous les ordres de Raymond Domenech) a donc signé à Charleroi pour prouver qu’il n’est  » pas mort  » et pour le…  » projet sportif « . On ne lui a peut-être pas tout dit.

Cartier le compare à Lizarazu

Cartier se souvient d’un joueur  » très dur dans les duels et qui a des qualités athlétiques bien au-dessus de la moyenne, malgré sa petite taille. A Metz, il était capable de coulisser 20 ou 30 fois par match dans son couloir. Il me faisait penser à Bixente Lizarazu. Il voulait toujours aller de l’avant, c’était un héritage d’une bonne partie de sa formation comme médian offensif. Il n’était pas forcément toujours bon mais il se donnait à 100 % à chaque match. Je l’avais repéré chez les Espoirs et je l’ai fait monter dans le noyau pro. Je comptais le lancer directement, je le voyais comme un nouveau titulaire mais il s’est blessé assez gravement à ce moment-là. Il a donc dû patienter un peu.  »

Après ses années en équipe Première de Metz (2000-2005) où il a notamment joué avec Franck Ribéry et Gunter Van Handenhoven, Signorino passe à Nantes (2005-2007). Où il côtoie aussi de futures et ex-stars : Mickaël Landreau, Jérémy Toulalan, Fabien Barthez. En parlant du gardien champion du monde, il dit à l’époque :  » Quand vous avez un tel joueur dans le vestiaire ou derrière vous, vous avez envie de ne pas le décevoir. Plus ou moins consciemment, on ne veut pas passer pour un rigolo à côté de lui.  » A la Beaujoire, il se retrouve aussi avec Luigi Pieroni. Et il vit mal la saison de la descente en deuxième division. Un soir de nouvelle défaite, un journaliste l’interroge sur les moqueries entendues dans les tribunes. Il répond, sec :  » Rien à foutre ! Je le dis clairement : je m’en fous royalement. Je n’ai pas besoin des sifflets pour savoir que notre prestation ne donne pas satisfaction. On ne demande pas aux supporters de nous applaudir alors que nous sommes derniers au classement. De là à nous chambrer quand nous sommes dans le pétrin…  »

A Metz déjà, il avait connu une chute en L2. Et quand il choisit de quitter la France, il peut choisir : La Corogne, Almeria, Birmingham, Newcastle. Il opte pour Getafe où, vu son temps de jeu très limité, sa valeur marchande ne cesse de baisser. Le site transfermarkt.de montre le graphique de sa cote. Flèche blonde valait 3,3 millions en 2004, puis 2,1 millions l’année suivante, ça remonte à 2,5 millions en 2007. Ensuite, c’est le krach : 700.000 euros au début de l’année 2008, et 335.000 l’été dernier. On peut se demander s’il a totalement récupéré de sa fracture du tibia survenue en août 2008. Après cela, il a notamment fait des tests à Saint-Etienne mais ils n’ont pas été concluants. Ça s’est mal passé à Getafe. A Carthagène. A Getafe bis. Il brûle aujourd’hui une nouvelle cartouche chez les Zèbres.

PAR PIERRE DANVOYE – PHOTOS: REPORTERS

 » Quand tu joues avec Barthez, tu n’as pas envie de passer pour un rigolo à côté de lui. « 

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