FIFA : côté pile la magie, côté face la part d’ombre

Ça y est, la FIFA a tranché! Un premier tirage aura lieu avant le tirage au sort. Le but : replacer l’une des neuf équipes européennes du pot 4 dans un autre pot. Comme on pouvait s’y attendre, les réactions sont vives.

Hier soir sur les réseaux sociaux, les commentaires fleurissaient aussi vite que les pétrodollars au Qatar. « Encore une décision pour protéger la France !« , « la Fifa a encore fait ce qu’elle voulait !« , « le complot Fifa a encore frappé« . Mais laissons la France tranquille ! S’il est vrai que la décision l’arrange particulièrement bien, c’est aussi le cas pour les pays d’Amérique du Sud du premier chapeau, qui risquaient de devoir affronter deux pointures européennes dès le premier tour.

Ce qui est choquant, inadmissible, ce n’est pas la décision qui a été prise. Lors de la Coupe du Monde de 2002, un pré-tirage avait été effectué pour reverser des équipes européennes dans un autre pot. La manoeuvre n’est donc pas neuve. Ce qui est choquant, c’est qu’il ait fallu prendre une décision en cours de compétition.

La compétition « Coupe du Monde » a commencé au premier jour des phases éliminatoires. Pour commencer une compétition, il faut un règlement. Un code immuable tout au long du tournoi, qui reprenne toutes les éventualités et qui soit gravé dans le marbre. Ce règlement, la FIFA l’écrit au fur et à mesure, comme bon lui semble et en fonction d’intérêts que nous, public, nous ne cernons pas forcément.

Pour ne rien arranger, la FIFA avait déjà fait parler d’elle il y a deux semaines, en prolongeant la durée des votes pour l’attribution du Ballon d’Or du 15 au 29 novembre. Certains y ont vu une manière de favoriser Ronaldo, qui venait de marquer à 5 reprises face à la Suède. La FIFA s’expliquait en disant qu’elle n’avait pas reçu assez de bulletins de vote, et que ceux qui avaient déjà voté pouvaient … modifier leur vote. Procédé original s’il en est. Dans un état, quand le peuple ne croit plus à la transparence du pouvoir, il se détourne des urnes. A méditer pour la FIFA ? Même le Président de la Fédération portugaise de Football, Fernando Gomes, s’était dit outré de ce changement de règles : « Le procédé ne nous semble pas transparent. L’extension du délai en raison d’un petit nombre de voix recueillies signifie que les gens ont cessé de croire dans un procédé qui est truqué depuis le départ« .

Si côté pile, la Coupe du Monde ou l’attribution d’un Ballon d’Or sont de superbes évènements à l’ambiance inimitable, côté face, la tableau est bien plus sombre. Entre droits de l’Homme peu respectés sur les chantiers, attributions irrationnelles du droit d’organisation des compétitions, et opacité des règlements, la FIFA ferait bien de passer un grand coup de balai dans sa maison de verre. C’est à ce prix qu’elle gardera intacte la magie de ses évènements.