Feu vert pour la clearing house ?

David Okereke a été acquis pour 12 millions d'euros, l'été passé, par le Club Bruges. © belgaimage

En publiant ses rentrées et ses dépenses en transferts cet été, le Club Bruges a pris les devants en matière de transparence. Et au niveau de la clearing house, qui peut être mise sur pied en décembre si les clubs le veulent.

Beaucoup de gens pensent que le dossier de licence est rentré en février, quand les clubs doivent transmettre leur comptabilité aux membres de la commission des licences de la Pro League, afin d’obtenir son feu vert pour la saison suivante. Rien n’est moins vrai. Il y a constamment des contrôles intermédiaires : entre cinq et six, signale un dirigeant de club de D1A. Il faut en outre respecter des dates-butoirs et faire connaître certains chiffres, notamment sur les dépenses effectuées pendant les différentes périodes de transfert.

Ce sont ces chiffres qu’ Arthur Lesaffre, le compliance manager du Club Bruges, vient de communiquer au comité d’audit du conseil d’administration de son équipe. Le Club les a ensuite publiés sur son site, visant plus de transparence à l’égard du grand public. Les montants des transferts entrants, sortants et des commissions versées aux bureaux de management impliqués dans les deals.

Les transferts entrants, provisoires et définitifs, s’élèvent à 31.069.897 euros, les sortants à 54.970.062 euros. En d’autres termes, la dernière campagne de transfert a généré un bonus de 23.900.165 euros, dont il faut cependant retirer les commissions versées aux intermédiaires. Elles s’élèvent à 7.867.000 euros plus TVA. En moyenne, cette indemnité représente 5,27% d’un transfert.

Les autres équipes appréhendent l’initiative du Club Bruges avec des sentiments mitigés. Nul ne semblait prévenu. Certains applaudissent cette mesure et demandent qu’on oblige les clubs à publier ces chiffres. Cette ouverture ne devrait d’ailleurs pas susciter beaucoup de problèmes puisque les équipes sont obligées de communiquer ces chiffres à la commission des licences. Publier les données sur son site est donc facile, même si, comme le dit une des personnes contactées en riant :  » le Club Bruges est le plus rapide, probablement parce qu’il dispose de plus de personnel que les autres.  »

Un autre se montre moins enthousiaste, surtout quant à la publication du montant des indemnités des agents. Il signale que le Club n’a pas communiqué les montants transfert par transfert et trouve cette moyenne de 5,27% peu éloquente.  » Ce qui serait vraiment transparent, ce serait de dire qui a gagné combien sur quel transfert.  » Trop de managers continuent à opposer les clubs. S’ils obtiennent 6% d’un club, ils vont trouver un autre et lui demandent un pour-cent de plus.

Un manager impliqué dans un des transferts estivaux de Bruges hésite un peu quand on lui demande s’il désire une ouverture complète.  » Dans d’autres pays, celui qui joue le jeu honnêtement ne peut pas y être opposé, en principe. Pour moi, c’est donc d’accord. Mais faut-il que ça passe dans la presse ? ( Rires) Vous ne publiez quand même pas votre salaire dans le journal ? Les gens ne savent pas tout ce que vous faites pour gagner votre vie et c’est pareil pour nous. On ne voit que les bénéfices dans ce genre de chiffre, pas les dépenses occasionnées par le transfert.  »

Quoi qu’il en soit, le Club a effectué un premier pas vers une véritable clearing house, qui doit régler tous les transferts dans l’espoir d’éviter des pratiques douteuses – paiements sous la table, pourcentages excessifs -. En principe, cette clearing house peut être mise en place cet automne déjà. Le conseil à la concurrence a déposé un premier projet mais a donné son fiat à une version corrigée depuis. L’assemblée générale de la Pro League peut donner son feu vert lors de sa prochaine réunion, à la mi-décembre. Les règles pourront être déterminées à ce moment, y compris celles concernant l’ouverture au public. La clearing house travaillerait indépendamment de la Pro League.

La FIFA veut se mêler des pourcentages, signale un dirigeant. Il a déjà connaissance d’une recommandation qui pourrait entrer en vigueur à la fin de ce mois. La FIFA propose un taux de 3% sur le salaire du joueur, considérant qu’il s’agit d’une indemnité équitable pour les prestations fournies. Si le club et le joueur ont recours au même agent, il peut percevoir 6%. Attention : ce n’est qu’une recommandation, pas une obligation. Les clubs peuvent donc passer outre.

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