Petit-Pelé a trouvé la stabilité dont il a besoin comme homme et comme footballeur. Il a définitivement dribblé la période la plus sombre de sa vie et veut aller de l’avant, droit au but, ballon au pied. Monologue.
I lombe Mboyo : » Quand j’ai discuté avec Courtrai, j’ai compris d’emblée que c’était le bon choix. Je n’ai même pas demandé de délai de réflexion. Le club n’avait pas encore d’entraîneur mais cela ne m’importait pas. La mentalité et la culture du club étaient bonnes. Je ne comprends pas pourquoi on sous-estime Courtrai. Certes, il n’y a pas de grandes vedettes mais le groupe est soudé et possède de bons footballeurs qui se jetteraient au feu les uns pour les autres.
J’ai connu l’incertitude pendant deux saisons à Charleroi. Jamais je ne suis resté titulaire sur une longue période alors qu’ici, on m’insuffle confiance. Sportivement, ceci pourrait devenir la meilleure saison de ma carrière.
Hein Vanhaezebrouck croit en moi. Il me l’a clairement signifié pendant la préparation. Il m’aligne parce qu’il pense que je peux apporter quelque chose. C’est à moi de prouver qu’il a raison, match après match.
Il ne laisse rien au hasard. Si je me retrouve sur le banc, il y aura une raison. Je suis critique envers moi-même, je me tairai si je comprends le motif. Par contre, si je me retrouve sur le banc d’un coup, je demanderai des explications. L’entraîneur est ouvert et honnête, je suis certain qu’il m’apportera des réponses.
Bayat et le grand nettoyage
Je me suis bêtement blessé à Charleroi à la fin de la saison précédente, contre le Standard. Ce fut un fameux contrecoup car après deux ans, je voulais quitter Charleroi. En fait, je le souhaitais déjà au bout d’une saison. Je n’ai pas eu de vacances car j’ai effectué une très dure revalidation avec Lieven Maesschalck, pour être certain de pouvoir entamer la saison avec un nouveau club.
Je ne veux pas être négatif à l’égard de Charleroi car je suis très reconnaissant au club et certainement à la famille Bayat, qui m’a permis de me relancer dans la vie. Beaucoup de gens avaient fait une croix sur moi mais Charleroi m’a offert un contrat pro. Je considère Mogi Bayat comme un oncle. Il continue à me suivre, de loin. Nous nous téléphonons régulièrement.
Hélas, prester à Charleroi n’était pas possible. On n’y travaille pas dans les meilleures conditions, l’ambiance et la mentalité ne sont pas bonnes du tout. Un article est paru dans la presse locale. On y écrivait qu’une série de joueurs pouvait partir à cause de » problèmes de comportement « . (Il s’énerve). C’est ridicule ! Mon nom figurait dans la liste alors que je suis un professionnel accompli, à Charleroi comme à Courtrai. Je suis toujours à l’heure, tout est en ordre, je n’ai jamais reçu une seule amende.
Je ne suis pas le seul à avoir été accusé injustement. Regardez les joueurs qui ont été victimes de ce fameux nettoyage. Habib Habibou est à Zulte et il a déjà marqué. Je ne pense pas qu’il pose problème. Grégory Christ ? Il est bon à St-Trond. Mon cousin, Geoffrey Mujangi Bia, tente d’émerger en Premier League.
Vous remarquez quand même que cette opération de nettoyage à Charleroi rapporte toujours de l’argent ? Quand on preste à Charleroi, le club essaie de vous vendre le plus vite possible.
Le malaise de la saison passée a été trop aisément attribué aux joueurs. Il y avait certainement assez de talent mais trop de footballeurs du même type, tous des techniciens qui aiment tenter l’aventure, ballon au pied. Courtrai est mieux équilibré. L’attaque est complémentaire : Brecht Capon cherche la profondeur et exploite sa vitesse, Giuseppe Rossini a de la présence dans le rectangle et a un bon tir, j’essaie de susciter le danger par mes accélérations et mes actions depuis le flanc.
J’aimerais rendre quelque chose à Charleroi, puisqu’il m’a offert ma chance mais je ne pourrais pas y être rentable dans l’ambiance actuelle. J’ai été formé à Anderlecht, à l’Eendracht Alost et au Club Bruges. J’aime donc qu’il y ait une structure et de la discipline…
Sa mère et Belgacom TV
A chaque interview, on me sonde sur ma période en prison mais je n’aime pas en reparler, pas plus que de ce qui y est lié, sinon tout l’entretien tournera autour de ça. J’ai déjà dit tout ce que je devais à ce propos. C’est peut-être intéressant pour un journaliste de m’interroger encore une fois mais ma famille et moi voulons oublier ce chapitre le plus vite possible, surtout que ma vie semble avoir repris un bon cap.
J’ai la chance de pouvoir m’appuyer sur un bon entourage. Ma famille et mes amis proches sont tout pour moi. J’ai sept s£urs et un frère ainsi que pas mal d’amis que je considère comme des frères. J’appelle leur mère maman et ils font de même avec la mienne. Ce sont des amis pour lesquels je ferais tout. Ils sont toujours là pour moi, dans les bons comme dans les mauvais moments. Mes cousins font partie de ce cercle : Mujangi Bia et Andrea Mutombo, mais aussi Anthony Vandenborre. Il a fait beaucoup pour moi quand j’avais des problèmes.
Amis et famille assistent à chaque match. Ma s£ur de 14 ans est la plus fanatique. Elle est très fière de son grand frère. Ma mère suit les matches à la TV, à la maison. Je la respecte énormément mais je préfère qu’elle ne vienne pas au stade et ce, depuis les équipes d’âge. Elle aimerait venir mais je serais mal à l’aise si je la savais en train de me regarder.
Si vous me demandez si je suis heureux maintenant, je ne pourrai pas répondre par un oui inconditionnel. Je suis plus fort mentalement qu’avant mais je ne serai vraiment heureux que quand j’aurai ma propre famille. Je n’ai pas encore rencontré la femme idéale pour moi mais je sais que je veux des enfants. Trois ou quatre. J’aime l’ambiance familiale. En semaine, je vis dans un appartement à Courtrai mais j’adore passer le week-end à la maison, à Bruxelles. Nous formons une grande famille et il y a toujours de l’ambiance.
Mes parents ont quitté Kinshasa pour Bruxelles quand j’étais tout petit. Je ne conserve donc guère de souvenirs du Congo. J’y suis retourné une fois quand j’avais 17 ans. Nous avons passé une partie du séjour à l’hôtel, l’autre dans l’appartement que mon père y possède toujours. Nous avons rendu visite à la famille qui vit dans les cités. Cela vous ouvre les yeux : ici, en Belgique, nous devons être contents de ce que nous avons. Tout le monde se plaint sans cesse des problèmes de cohabitation mais personnellement, je n’ai pas été souvent confronté au racisme et je n’ai jamais manqué de rien. Je trouve que les différentes cultures de ce pays cohabitent bien finalement.
On m’a inculqué trois valeurs fondamentales : le respect de l’autre, ce qui sépare l’homme de l’animal, le partage et l’honnêteté. Une bonne éducation est importante pour un footballeur. Des sommes d’argent considérables circulent dans notre univers, ce qui peut faire oublier le respect et l’honnêteté. Il n’est pas plus mal d’avoir un entourage qui vous rappelle ces valeurs et vous maintient les pieds sur terre.
Dribbles et foot de rue
Le football est tout pour moi, depuis toujours. Je vis, je respire le foot. Famille, amis et football me tiennent debout. Quand je ne m’entraîne pas, je discute football avec mes amis ou nous regardons un match à la télévision, à moins que nous ne disputions des matches sur la PlayStation. Souvent, nos discussions s’achèvent par un match improvisé en rue. Nous traçons rapidement les limites d’un terrain, nos sweat-shirts, à terre, délimitent les buts et hop.
Avant, je jouais tous les soirs dans la rue ou au parc. Cela m’a beaucoup appris : vitesse d’exécution, action, mouvements dans des espaces réduits… J’ai un style de jeu spectaculaire mais ces dribbles et ces mouvements ne sont que des moyens, pas des objectifs. Un dribble n’est beau que s’il apporte quelque chose.
Plus encore que le football, la rue est une source d’apprentissage humain. Des enfants de différentes cultures jouent ensemble. Parfois, il y a des problèmes mais il faut essayer de les résoudre avec l’aide des adultes. Il n’y a pas non plus d’arbitre. Chacun doit donc respecter l’autre. «
Quand on preste à Charleroi, on est vendu dans les plus brefs délais.
« Anthony Vandenborre a fait beaucoup pour moi quand j’avais des problèmes »
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