Face à l’interview, petit branleur ou grand seigneur ?

Y a 15 jours, j’étais à Milan pour un grand défilé. Y avait plein de créateurs, de créatures et de belles aventures. Des cadeaux de la vie. Les créatures sont déjà oubliées, les créateurs pas. Leur podium ? Une pelouse magnifique (c’est rare à Milan). Leur public ? 60.000 veinards qui comme moi ont cru que le spectacle était terminé avant d’avoir commencé. En un quart d’heure, la nouvelle collection Interiste dévoile ses charmes et en trois actions finales, Gareth Bale offre les siens.

L’invité surprise met le feu au podium et Javier Zanetti est cramé, laissé sur place. Il fait son âge. Après deux minutes de jeu, en ouvrant le score, il n’avait plus d’âge. Là il semble cloué sur ses talons aiguilles pendant que l’autre, l’homme venu d’ailleurs semble monté sur des roquettes type tir croisé petit filet opposé (sa marque déposée). Le nouveau Prince de Galles est passé par là. Gareth Bale, c’est pas de la baballe. C’est Canonball. De la très haute couture. Fine dans ses contours et autres subtilités, solide et virile dans ses inspirations.

Les belles aventures, ce sont d’abord les retrouvailles avec cette délicieuse personne qu’est Oguchi Onyewu.  » Je viendrai te chercher à ton hôtel « . Il est venu. Il a changé, il a fondu. Moins de muscles mais plus d’ambition que jamais. La subtilité et la grâce d’une ballerine dans le corps d’un GI en man£uvre.

Cela dit, les grandes man£uvres ce sera pour le mercato d’hiver. Son coach lui a dit texto :  » Je peux pas te faire jouer car je ne t’ai jamais vu jouer « . Ah bon ? Il n’a pas dû regarder la Coupe du Monde. Pourtant les Milanisti qui ont assuré en Afrique du Sud, il n’y en a pas beaucoup. L’autre gros problème est qu’il n’y a pas d’équipe Réserve en Italie. Ça se complique pour lui. En parlant de son quotidien milanais, j’ai le bonheur de recueillir cette confidence.

A son arrivée, le premier à être venu lui tendre la main et lui proposer de l’aider pour son installation, c’est Clarence Seedorf. Le deuxième un certain Ronaldinho. J’adore entendre cela. Ça ne fait que conforter ce que je pense depuis longtemps. Les plus grands sont les plus sympas, les plus humains. Quand tu atteins les sommets, tu n’oublies pas le chemin car tu peux te retourner et le regarder avec sérénité. Ronnie est une belle personne. Pas étonnant qu’il ait senti que Goosh était de la même trempe.

Après ce fameux Inter-Tottenham, dans les catacombes, je trace Paul Le Guen (consultant Canal+) car je me doute qu’il va chercher à croiser son ancien joueur Samuel Eto’o pour une petite interview. Bingo. C’est dans la poche puis à moi de jouer. Dès que Paul a fini, je ne laisse pas l’attaché de presse de l’Inter sortir les crocs ni le mec de l’UEFA me dire que ce ne sera pas possible.  » Samuel, un petit mot pour les Belges, stp ! Bruxelles, Matonge. T’as plein de potes là-bas, non ? » Et voilà Samuel superbe, beau, sympa, heureux d’être footballeur, d’être bon. Comme quoi parfois, tout le monde peut avoir ce qu’il veut.

Il y a quelques années, après un Chelsea-Bordeaux, je demande deux petites minutes à un Bordelais pour une interview. Réponse :  » Rien à foutre « . Juste après, même demande à un Blues :  » Didier, t’as deux minutes ? » Réponse :  » Bien sûr, avec plaisir.  » Drogba est d’une simplicité et d’une générosité formidable.

Les tout grands n’ont pas que de la classe et de l’intelligence dans les pieds. Je repense à cette rencontre à Moscou. L’Inter du Special One vient de se qualifier. José Mourinho le voici. Poignée de main, vraie. Je le félicite, il dit merci, je lui pose mes questions, il y répond. Vraiment. En écoutant d’abord les questions, en prenant le temps d’y répondre. Et il enchaîne cinq interviews en… cinq langues différentes. Y a pas à dire, la Ligue des Champions, c’est le très haut niveau à tous les niveaux. Ceux qui croient qu’on s’y amuse ont raison.

Joueur : 6 clubs, 3 pays, 400 matches (1 bon), 2 buts en Coupe d’Europe. Batteur : 3 groupes, 130 concerts (1 sold out).

PAR FREDERIC WASEIGE, JOURNALISTE BE/TV

Compliqué pour Onyewu.  » Tu ne joues pas car je ne t’ai jamais vu jouer  » (son coach milanais).

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