ENTRE BEST ET CANTONA

Le jeune Portugais fait partie des stars qui devraient éclater au niveau mondial cette année.

G eorges Best, Bryan Robson, Eric Cantona et David Beckham ont tous porté haut les couleurs de Manchester United, sous le maillot numéro sept. Leur style, leur personnalité, leur apparence divergeaient mais une des plus remarquables réussites de Sir Alex Ferguson durant son long règne a toujours été la découverte d’une autre perle apte à endosser ce maillot magique.

Cristiano Ronaldo Santos Aveiro a donc hérité de ce numéro, probablement pour longtemps, puisqu’il n’a que 22 ans. Il pourrait devenir le dixième footballeur étranger à être élu Footballeur de l’Année en Angleterre si United remporte le championnat au détriment de Chelsea et de son principal rival potentiel pour le prix, Didier Drogba.

L’attaquant ivoirien a un avantage : il n’a pas été confronté à l’antagonisme des supporters, en déplacement, comme le Portugais l’a été suite au cirque lors de l’exclusion de son coéquipier Wayne Rooney au Mondial.

Ferguson n’a pas été le seul à absolument vouloir transférer Ronaldo à Old Trafford. L’Europe entière désirait l’engager et suivait tous ses matches avec le Sporting Lisbonne. Mais Ferguson n’a été convaincu qu’après la défaite de son club 3-1 dans une joute amicale face au Sporting, en 2003.

 » Durant le vol retour, nos joueurs m’ont pressé de l’embaucher. Pendant la semaine qui a suivi cette rencontre, ils n’ont cessé de parler de lui « , confie le manager.  » Cela montre en quelle estime ils le tiennent. Il n’est pas seulement capable de jouer des deux pieds dans tous les secteurs de l’attaque, à gauche, à droite ou dans l’axe. Il est également un des joueurs les plus attractifs que j’ai jamais vus « .

Le partenariat de United avec Lisbonne lui offrait la priorité sur Ronaldo mais le club anglais a quand même dû verser quelque 18 millions d’euros, une somme colossale pour un élément qui avait alors 18 ans mais était également convoité par le Real, la Juventus et Chelsea.

Ferguson a déclaré :  » Il nous intéressait depuis un moment mais tout s’est précipité quand d’autres clubs se sont manifestés. Nous devions agir rapidement « .

Ronaldo est né à Funchal, à Madère, le 5 février 1985. Son père était responsable de l’équipement du club local, le CF Andorinha. A dix ans, le gamin était déjà si brillant qu’il a fait l’objet d’une offre de transfert du Madeira Club Maritimo. Son père préféra néanmoins le Sporting, qui offrait un équipement complet à l’équipe fanion d’Andorinha.

Ronaldo a rejoint l’école des jeunes du Sporting, qui a produit des stars comme Luis Figo, Paulo Futre et Simao Sabrosa. Il commente :  » Quand j’étais gamin, Figo était mon idole. Je trouvais fantastique de jouer dans le même club que lui : un rêve se réalisait « .

Pourtant, il ne s’est pas aisément adapté à la vie à Lisbonne. Ainsi, à l’école, les autres élèves se moquaient de son accent. Ils ont cessé de rire quand, à 17 ans, huit mois et deux jours, Ronaldo est devenu le plus jeune buteur de tous les temps du Sporting, en championnat.

Moins d’un an plus tard, entré au jeu en première mi-temps, il effectuait des débuts brillants à United (victoire 4-0 sur Bolton). Ferguson déclarait ensuite :  » C’est comme si les supporters s’étaient trouvé un nouvel héros. Ses débuts ont été merveilleux, presque incroyables. Cela ne fait aucun doute : Cristiano peut devenir le meilleur joueur du monde. Il a tous les atouts nécessaires. La vitesse de ses attaques est prodigieuse. Il prend les défenseurs de vitesse. De ce point de vue, aucun Européen ne lui arrive à la cheville. Certains médians axiaux, comme Kaka et Ronaldinho, réalisent de belles attaques depuis le centre. Ce sont des footballeurs de classe mondiale. Ronaldo émarge désormais à cette catégorie. Il court tellement vite ballon au pied que les défenseurs ont du mal à intervenir « .

Beaucoup plus qu’un ailier droit

Ronaldo était considéré comme un ailier droit. Ses crochets ont fait sensation. Evidemment, les critiques n’ont pas tardé – il était trop amoureux du ballon, trop individualiste et, surtout, il se laissait tomber avec beaucoup de complaisance.

En l’espace de 18 mois, le staff technique de United l’a incité à se servir davantage de son pied gauche, à améliorer son jeu de tête et l’a persuadé de se débarrasser plus promptement du ballon. Sa progression a séduit Ferguson, qui a remarqué :  » Il est en train d’apprendre le football. Il sait quand conserver le ballon ou effectuer une passe, désormais. Son jeu a complètement changé. Il semble maintenant assimiler tout ce que nous lui avons expliqué « .

Ronaldo n’était pas encore au faîte de son talent quand le Portugal a organisé l’EURO 2004. Sinon, son pays aurait battu la Grèce en finale. Mais il a abordé la dernière Coupe du Monde avec plus d’assurance grâce à cette expérience.

Revenons au quart de finale du Mondial si controversé du Portugal contre l’Angleterre. Ronaldo avait demandé à l’arbitre Horacio Elizondo d’exclure Rooney. Et il s’est ensuite fendu d’un clin d’£il satisfait en direction de son banc. Cela n’a pas échappé aux caméras. Les chaînes anglaises ont repassé ces images à l’infini, lorsque le Portugal a accédé aux demi-finales puis à la finale pour la troisième place. Le retour de Ronaldo en Angleterre semblait même compromis, au point qu’un des candidats à la présidence du Real Madrid cita son nom comme renfort possible de l’attaque.

Le joueur lui-même a envisagé de ne pas revenir à Manchester :  » La Coupe du Monde a compliqué ma situation, puisque je me produisais pour un club anglais. D’un coup, j’ai dû repenser mon avenir, ce que je n’aurais jamais imaginé à ce stade de ma carrière. J’aurais pu partir mais j’ai réussi à tourner la page et je sais maintenant que j’ai pris la bonne décision « .

Ferguson, United et ses supporters en sont sûrs également.

KEIR RADNEDGE, ESM

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