En football, la mort est toujours synonyme de résurrection

Dans la vie, tout le monde a toujours son prix, disent les cyniques. Alors, vous pensez bien, comment un sport peut-il refuser de l’argent public ? Les ministres des Sports de nos communautés promettent officiellement des millions et des millions d’euros à notre football des deux côtés de la frontière linguistique. De l’argent qui devrait être consacré à la jeunesse et qui n’irait pas en totalité directement aux clubs, mais également aux collectivités locales. Seulement voilà : pour toucher ce qui leur reviendrait, les clubs devraient obligatoirement se déterminer sur le plan politique, effectuer un serment d’allégeance communautaire.

En 2007, il est vain de se demander encore si ce serait un mal pour un bien. Il s’agirait, tout simplement, d’une évolution normale de l’Union Belge face à la réalité du royaume. Des tas d’autres fédérations ont déjà vécu ce splitsing et aucune ne s’en est apparemment plus mal sentie. Certaines, comme le tennis, ont même développé leurs meilleures générations de champions ; l’argent des communautés servant à mettre sur pied des centres francophone et flamand. Oui, mais il y aurait également des nouvelles répartitions des divisions nationales (à l’exception du football pro) ? La belle affaire. Ce n’est pas à ce niveau-là qu’il faudrait trouver des éléments négatifs vis-à-vis du splitsing.

Car si le politique prenait réellement le football au sérieux, il serait apte à consolider la base de la pyramide football dans le pays. En mettant à disposition des moyens pour renforcer les infrastructures et les animer de personnel qualifié. Et où serait le mal si la pyramide, en allant progressivement vers le sommet, devait subir d’autres effets de la communautarisation ? La Belgique a toujours eu des champions dans tous les sports. L’argent des politiques ne devrait pas empêcher cette évolution naturelle. Au contraire. Pour convaincre les irréductibles, il suffit de souligner que la France et l’Italie, hénaurmes pays de foot, possèdent des structures ministérielles sportives de pointe. L’ingérence d’une organisation supérieure dans le football belge ne pourrait que rendre les structures plus transparentes et efficaces. Comme, par exemples, abriter les équipes B des clubs pros dans des divisions vraiment compétitives, faire des Jeux Olympiques un objectif régulier ou instituer une vraie commission d’éthique.

Traditionnellement, les fédérations splitsées ont une coupole qui conserve une mainmise sur les équipes nationales. Peut-être que cette nouvelle donne obligerait l’organe fédéral à se renforcer pour enfin avoir une direction technique permanente et forte, à la fois sur le plan d’un écolage des coaches de pointe suivi et obligatoire mais également à l’égard des équipes nationales. Les entraîneurs des Diables Rouges ont toujours eu bien trop de pouvoir en plus de leurs obligations de résultats (qui devraient être leur seule raison d’être). On a toujours constaté qu’ils ne faisaient jamais que passer mais avaient trop assumé d’actions ponctuelles vis-à-vis de problèmes récurrents qui devraient être pris à bras le corps par le pouvoir central. On parle ici de questions liées à l’arbitrage, aux départs des meilleurs jeunes vers l’étranger ou – comme récemment – au fait de savoir à qui accorder des interviews ou non !

D’un autre côté, si la politique s’intéressait à l’aspect amateur du football, la Ligue Pro de Football aurait à c£ur de se démarquer de toute ingérence en se montrant encore plus… professionnelle. Et là, il y a du travail car, de cet aréopage de bonzes des grands clubs, émane surtout une cacophonie provoquée par le choc d’ego surdimensionnés. S’il est bon de posséder un certain esprit de compétition pour maintenir son club à flots en D1, il y a des frontières dessinées par le fair-play. Or, plus on monte vers le sommet de la pyramide, plus les écarts de comportements sont médiatisés et peuvent influer négativement sur l’image du football dans son ensemble et sur la valeur de l’exemple. Il est temps de réaliser que les sponsors ne vont pas continuer à accepter tous les comportements. La victoire à tout prix, ils n’en veulent pas.

PAR JOHN BAETE

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