DUEL À DISTANCE

Les deux finalistes de la Coupe de Belgique ont un point commun : en janvier, ils ont enrôlé un gardien chevronné. Qui sera le meilleur dimanche ? Match dans le match entre Ludovic Butelle (32 ans) et Victor Valdés (34 ans).

QUALITÉS

GEERT DE VLIEGER : Butelle est synonyme d’expérience, de stabilité, de présence. On sent qu’il y a quelqu’un dans la cage. Il l’a peut-être trop montré durant ses premiers matches, d’ailleurs : il était très expressif, comme si on lui avait vraiment demandé de diriger la défense.

WIM DE CONINCK : Butelle avait déjà une certaine renommée avant même de toucher son premier ballon. On l’a d’emblée qualifié de phénoménal alors que les ballons aériens qu’il a captés lors de ses débuts contre le RMP n’étaient pas difficiles. J’ai aussi trouvé son arrivée plutôt ronflante. Un peu comme si, en tant que Français, il fallait automatiquement se faire entendre parce qu’on débarque dans un pays footballistiquement moins médiatisé.

DE VLIEGER : Reste que sur ce que j’ai vu de lui, il a un bon style et on ne peut pas dire qu’il a des carences importantes. Butelle est polyvalent, sauf peut-être dans son jeu de pieds. Matt Ryan était plus précis de ce point de vue.

DE CONINCK : Je ne sais toujours pas que penser de Butelle. Il est arrivé dans l’équipe au retour d’Engels, alors que Denswil jouait mieux. Il n’avait plus Duarte ni un Mechele hésitant devant lui. Alors, qui influence qui ? Denswil a-t-il gagné en assurance grâce à Butelle ou est-ce le contraire ? Jusqu’ici, il n’a pas encore réalisé beaucoup de grands arrêts. Il a bien intercepté le penalty de Kums, même s’il est parti trop vite. A Genk, je me souviens qu’il a arrêté un tir de Bailey. Sinon, je ne me rappelle pas grand-chose. Sinon qu’il lui est arrivé à quelques reprises de passer sous un haut ballon…

DE VLIEGER : Valdés doit manifestement effacer les traces de sa longue inactivité. Il a largement mérité ses galons au Barça mais il souffre du fait d’avoir peu joué. Sa motivation et sa mentalité restent intactes. Il n’est manifestement pas venu ici pour faire de la figuration. Il est conscient de ne pouvoir s’appuyer sur son nom, de devoir travailler pour revenir, après sa blessure au genou. Il est très modeste. Manifestement, il veut faire ses preuves.

DE CONINCK : Je continue à me demander s’il est vraiment en possession de ses moyens. Monaco avait certainement ses raisons de le refuser. Je le remarque à ses dégagements, qui vont moins loin qu’au temps de sa splendeur. Il y a aussi eu l’incident avec Kara, à Anderlecht. Cette nervosité… C’est bizarre pour quelqu’un qui a vécu des clasicos autrement plus tendus en Espagne.

DE VLIEGER : Il a eu des hauts et des bas. Il a intercepté des ballons importants à Louvain, lors de son baptême en Belgique. Ensuite, il a commis des erreurs. Problèmes physiques et manque de rythme expliquent sans doute ces fautes.

DE CONINCK : Grâce à sa classe, il va encore effectuer des interventions décisives, comme on a pu s’en apercevoir à OHL. Mais contre Saint-Trond, il a commis des erreurs. Est-ce en raison d’un manque de rythme ou d’une guérison incomplète ?… Je me rappelle que le Barça n’était pas convaincu de ses qualités au début mais, durant sa meilleure période, il était meilleur que Casillas. Mais le meilleur portier espagnol, c’est De Gea.

CONSÉQUENCES POUR SA DOUBLURE

DE VLIEGER : Sébastien Bruzzese (27 ans) est arrivé au Club en tant que second gardien. C’est très différent. Il a le droit d’être un peu moins bon.

DE CONINCK : Bruzzese a été critiqué dès le premier jour. On a grossi toutes ses fautes. Tout a commencé dès la première journée avec ce ballon qu’il a lâché à Saint-Trond. Ça aurait pu arriver à beaucoup d’autres gardiens. Après coup, Bruges a engagé Sinan Bolat et l’a aligné d’emblée contre Manchester United. Bruzzese a bénéficié de peu de confiance, y compris de la part du staff technique. C’est l’impression que j’ai toujours eue.

DE VLIEGER : On n’avait pas grand-chose à lui reprocher mais quand on engage un autre parce que Bolat ne s’intègre pas bien et que le nouveau venu présente un profil supérieur, il obtient automatiquement la préséance. A terme, Bruzzese ne doit plus espérer devenir le premier gardien du Club Bruges.

DE CONINCK : Sur base de ce que je vois, l’arrivée de Valdés n’était pas nécessaire. Guillaume Hubert a commis une erreur à Ostende mais s’est ressaisi ensuite. Il a préservé ses filets plusieurs matches, il a eu des arrêts décisifs en demi-finale contre le RC Genk et semblait progresser de semaine en semaine.

DE VLIEGER : Hubert a 22 ans. Je peux comprendre le Standard : il avait besoin d’un portier chevronné, d’une certitude. Quand on a un tel joueur, il est logique de l’aligner. Ce n’est pas nécessairement un inconvénient pour Hubert. Il sait pertinemment qu’il doit progresser. Il travaille tous les jours avec Valdés, qui est un grand keeper, et il peut donc étudier la manière dont il travaille. J’ai vécu ça en début de carrière à Anderlecht. J’ai beaucoup appris en voyant Filip De Wilde à l’oeuvre. D’un autre côté, la situation ne doit pas se prolonger indéfiniment. Certainement pas trois ans. Ce n’est donc pas un handicap pour Hubert. Il recule pour mieux sauter.

DE CONINCK : Hubert peut en effet apprendre au contact de Valdés, même s’il évolue dans un autre registre. Il est plus longiligne, plus fort dans les duels aériens. D’autre part… C’est en jouant qu’on apprend encore le plus. A terme, il va devenir le premier gardien des Rouches.

PAR PETER T’KINT – PHOTOS BELGAIMAGE

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