Du paradis à l’enfer

On nous annonçait un tour de carrousel des entraîneurs pour l’été prochain mais qu’en sera-t-il réellement ? Juste avant le match au sommet disputé au Club Bruges, Anderlecht a annoncé qu’il poursuivrait avec Besnik Hasi, solution économique pour un club qui, en ce moment, ne peut pas se permettre de folies sur le plan financier. Hasi a effectué du bon boulot au cours des dernières semaines. Il a rendu un esprit de groupe, a réussi son pari en faisant passer Cheikhou Kouyaté dans l’entrejeu et fait preuve de beaucoup de clarté dans ses décisions. Il mérite donc sa chance. Mais sa situation va changer : la saison prochaine, il sera responsable dès le départ et n’aura plus affaire à des joueurs qui, cette saison, voulaient absolument se mettre en évidence après le départ de l’entraîneur précédent.

Au lendemain de l’annonce de la signature du contrat de Hasi, Peter Maes resignait pour trois ans à Lokeren. Les opportunités du moment déterminent les choix des entraîneurs et on oublie souvent ce qui s’était dit plus tôt. Il y a un mois et demi, dans ce magazine, Maes déclarait qu’il voulait voir si sa méthode fonctionnait ailleurs. Il se disait prêt pour un grand club. Mais il n’a pas eu le choix. A Anderlecht, la place est prise. A Gand, qui a jeté son dévolu sur Hein Vanhaezebrouck, il ne figurait pas en tête de liste. Et il ne voulait pas attendre la possibilité de signer à Genk, dans son jardin. Un retour à Malines ne constituait pas non plus un pas en avant. Côté entraîneurs, on devrait donc en rester là et ce n’est pas plus mal au terme d’une saison au cours de laquelle dix coaches ont été limogés, avec les modifications que cela entraîne au niveau de la ligne de conduite.

Place, dès lors, à la course au titre. Dès vendredi soir, le Standard a donné le ton, retrouvant toute sa combativité avant le match au sommet face au Club Bruges. Une rencontre qu’il devra disputer sans William Vainqueur, son officier de liaison du milieu de terrain, l’homme qui impressionne autant qu’il irrite. Par contre, il pourra compter sur un Igor De Camargo courageux et très disponible en pointe.

Jusqu’ici, le Club Bruges n’a pas encore imposé ses vues dans les matches où on l’attendait au tournant. Ce fut encore le cas dimanche contre Anderlecht. De mauvais contrôles, un festival de centres ratés, un manque de finesse, peu ou pas de joueurs capables d’y aller d’une action individuelle… Ce match au sommet fut bien triste, d’autant qu’Anderlecht, réduit à dix après l’exclusion stupide d’Aleksandar Mitrovic joua sans attaquant lorsque Gohi BiCyriac fut remplacé. Les Bruxellois, qui ont passé l’essentiel de la deuxième mi-temps à défendre, sont même les premiers surpris d’être encore en course pour le titre après avoir perdu un tiers des matches (10 sur 30) de la phase classique. Les play-offs I ont beau être passionnants, la formule reste très discutable et le football qu’on y présente est de faible qualité.

Si les points n’avaient pas été divisés par deux à l’issue de la première partie du championnat, le Standard compterait trois unités d’avance sur le Club Bruges et six sur Anderlecht. Les Liégeois ont eu quelques passages à vide cette saison mais, sur l’ensemble de l’exercice, ce sont eux qui présentent l’équipe la plus homogène et la plus talentueuse. Avec des individualités capables de faire la différence. C’est tout l’inverse du Club Bruges, où Michel Preud’homme aura du boulot l’été prochain. Il l’a d’ailleurs constaté depuis longtemps déjà. Les points faibles de Bruges sont apparus au grand jour dans les play-offs I également. Le manque de réalisme devant le but en est un puisque, si on excepte les deux matches face à Lokeren, le Club n’a marqué que trois fois en cinq matches.

Et pourtant, il peut encore être champion. Comme l’a dit Michel Preud’homme dimanche soir : en une semaine, on peut passer du paradis à l’enfer. Anderlecht le sait mieux que quiconque puisque, aujourd’hui, des trois prétendants au titre, c’est lui qui a le programme le plus facile. Et cela dans un championnat où il n’a jamais été épargné par la critique. ?

PAR JACQUES SYS

Michel Preud’homme sait qu’il aura du boulot l’été prochain.

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