De préférence avec ma balle

Selon leur taille, les balles et ballons permettent au Stru de travailler son basket et sa musculature.

Il a 37 ans et c’est juré : au terme de cette saison, sa 19e parmi l’élite, il raccroche. Du moins, il exercera sa passion à un niveau moindre. Eric Struelens ne cultivera pas de regrets : il s’est produit pour les plus grands clubs et partout, il a été sacré champion. Sa haute stature constitue un atout en basket mais elle l’expose plus que d’autres aux chocs. Dans la vie de tous les jours, il n’est pas non plus facile de caser son double mètre, que ce soit en voiture, au cinéma, à une table… Le 31 août 2005 aurait pu signifier la fin de sa carrière : il a été opéré d’une hernie discale entre les lombaires et le sacrum. Trois mois plus tard, il rejouait.  » Nous avons retravaillé le gainage, qui avait fondu pendant l’opération et qui devait de toute façon être renforcé pour corseter la colonne vertébrale. J’ai effectué 60 séances sur l’appareil Huber, un plateau qui bouge, entraînant le bas du corps alors que les mains doivent exercer une pression constante sur une barre. C’est un exercice de stabilisation qui sollicite les jambes, les abdos et les muscles des lombaires. Il y a aussi le power plate, qui vibre et relaxe. Je suis toujours un programme spécial. Alors que mes coéquipiers du Bruxelles s’entraînent deux fois par jour, je ne me présente à la salle que le soir, mais un peu plus tôt, pour une séance de kiné. Et puis, j’ai adopté les chaussures MBT. Philippe Vande Walle en porte aussi. Elles nous donnent la démarche des Masaï, qui marchent très droit. Comme elles n’offrent aucune stabilité au pied, les muscles travaillent même quand on ne marche pas. Enfin, je m’entraîne avec une ceinture, qui soutient le bas du dos mais surtout le tient au chaud. Je transpire vite et quelques minutes de temps mort suffisent à refroidir le nerf « .

Struelens veille désormais à s’asseoir à son aise. Il connaît parfaitement son corps, il est à son écoute.  » C’est ma première blessure sérieuse en 19 ans. Un jour, le lendemain d’un match, je n’ai pu me lever. On a essayé de me traiter par trois infiltrations de cortisone, en vain. On m’a alors opéré, en me laissant une partie du disque « .

Un programme d’athlète

Struelens détaille le programme de la semaine écoulée. Il a eu match le dimanche.  » Le lendemain, je me repose. Le mardi, je m’entraîne une fois, le soir, avec l’équipe. C’est une séance de deux heures, consacrée au basket, après vingt minutes d’échauffement. Ensuite, j’effectue du stretching mais pas trop, juste pour éviter les raideurs. Si on exagère, on obtient une laxité néfaste des muscles et ligaments. Le mercredi matin, j’effectue un jogging de vingt minutes pour entretenir ma condition de base et des exercices de renforcement. Le jeudi, une séance collective le soir, le vendredi, programme identique au mercredi. La veille d’un match, l’entraînement est léger « .

Un meneur, plus petit, a davantage d’explosivité qu’un joueur de la taille de Struelens.  » Par contre, j’ai plus de masse musculaire et une meilleure détente, bien qu’elle diminue avec l’âge. Je dirais que j’ai atteint mon pic entre 27 et 33 ans. J’adapte mes entraînements en vitesse et en puissance. A mon âge, sauter à la corde n’a plus de sens. Par contre, le dos crawlé, la seule nage qui me soit permise, l’aquajogging, qui permet de tout entraîner sans subir de chocs sont intéressants. Avant la saison, j’effectue des intervalles, sur des distances qui vont de 20-25 mètres à 150 voire 200 mètres. En basket, nos efforts sont constamment coupés. Il faut donc travailler la résistance, l’explosivité et la détente « .

Jean Colinet, préparateur physique du Brussels, arpente le terrain pendant l’entraînement des Espoirs. Il ne leur laisse pas un instant de répit. Il travaille également au centre de formation de Jambes. Il adapte la préparation au gabarit des basketteurs.  » Il faut absolument renforcer la musculature de soutien, avec le ballon qu’utilise d’ailleurs Eric, car les grands sont souvent maigres et dépourvus de corset au niveau des abdominaux et des dorsaux. Or, ils subissent beaucoup de contacts et de chocs en match. Ce travail s’effectue en isométrie : il faut tenir sans compenser, c’est-à-dire sans solliciter d’autres groupes musculaires. C’est un prérequis avant la musculation classique.

Ensuite, il faut améliorer la mobilité par des exercices d’appui, avec des cerceaux, des échelles de corde, combiner la mobilité et la musculation sur banc. Le saut à la corde est intéressant, pour les jeunes. Les joueurs doivent veiller à ce que leur centre de gravité reste au milieu. Ils travaillent la coordination, la technique de course, en dissociant le travail des deux jambes. Ce n’est qu’ensuite qu’on passe à la musculation classique et à l’explosivité « .

La fit balle

 » Dans mon garage, j’ai une fit balle de 90 centimètres de diamètre. Il me suffit de sortir l’auto pour pouvoir m’entraîner « , explique Struelens, qui en déniche une au Palais du Midi, le complexe du Bruxelles. Elle est un peu trop petite pour lui mais il s’en accommode. La séance n’en sera que plus dure ! Il effectue tous les exercices à dix reprises. Ils sont destinés à renforcer son tronc, afin de bien soutenir sa colonne. Ce n’est pas de la médecine sportive mais une séance à laquelle les joueurs minces devraient s’astreindre, comme l’a expliqué Colinet.  » Attention : la respiration est très importante « , rappelle Struelens.  » Il faut bien expirer pendant l’effort « .

– Couché, le dos sur la balle, les jambes écartées, il n’a pas encore fait le moindre mouvement que ses abdominaux se tendent : il est en position instable sur le ballon. Ensuite, il lève une jambe et conserve la position. Il répète l’exercice avec l’autre jambe. Il travaille ainsi les abdominaux obliques, essentiels à la stabilité du tronc, et le bas du dos.

– Face au sol, en appui sur les bras tendus, les pieds reposent sur le ballon. Le corps bien droit, Struelens lève un pied. Variante : il ramène du pied le ballon vers son ventre. Pour rester parallèle au sol et faire rouler le ballon, il sollicite ses dorsaux et ses abdos – ainsi que ses bras.

– Abandonnons un instant la balle. En appui sur un avant-bras, de profil, le corps bien tendu, il lève une jambe et un bras. Les abdominaux obliques (qui courent le long du bassin jusqu’au diaphragme) sont tendus comme des arbalètes !

– Assis sur la balle, les abdominaux bien serrés (pourquoi donc la balle veut-elle toujours rouler ?…), Struelens lève un pied puis l’autre tout en conservant son assise.

– Couché à terre, il élève les fessiers puis une jambe et revient lentement. Cet exercice sollicite tous les muscles abdominaux. Plus encore que dans les autres séquences, il est essentiel d’expirer pendant l’effort.

– Face au mur, il effectue des mouvements latéraux puis d’avant en arrière avec une jambe.  » Il ne faut pas chercher à aller trop loin. L’objectif est de stabiliser les lombaires. On peut aussi corser l’exercice en l’effectuant avec un élastique theraband « .

par pascale piérard/photos reporters/ mossiat

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