DE LA PRIME AU RENVOI (X20)

Vendredi, le conseil d’administration et le comité exécutif de l’URBSFA se réunissent. Ils vont procéder à l’évaluation de la gestion du CEO Steven Martens et de son bras droit, Bob Madou.

Le vent de critiques auquel Steven Martens est confronté après trois ans de réformes était prévisible. En mai 2011, une fois nommé CEO, il décrit l’UB, dans ses premières interviews, comme un  » ministère du Football, rigide et ringard.  » A l’image de l’Etat belge, la Fédération de football dispose d’un pouvoir exécutif, législatif et judiciaire. Beaucoup trop complexe, estime Martens, qui veut mettre sur pied une structure moderne identique à celle des entreprises et qui met en place une assemblée générale, un conseil d’administration et un management opérationnel. Comme dans toute entreprise, le conseil d’administration, nommé par un comité exécutif fonctionnant comme une assemblée générale, contrôle le travail du management. Dans l’ancienne structure, ce comité exécutif était l’organe le plus important et il était doté de larges compétences opérationnelles. La plus grande fédération sportive du pays était gérée par des dirigeants de clubs contre indemnités et traitement VIP lors des matches internationaux. Désormais, leur impact direct sur la gestion quotidienne est fortement réduit. Trois ans plus tard, cela suscite toujours des frustrations.

L’URBSFA a augmenté son budget sous la direction de Martens, grâce à une gestion plus dynamique mais aussi à une conjoncture favorable : les succès sportifs des Diables Rouges ont aidé le nouveau CEO. Toutefois, si les rentrées ont augmenté, les gains restent limités. Un corollaire de l’extension du professionnalisme aux commissions et comités, dont de nombreuses fonctions sont rémunérées mais aussi, selon de nombreuses personnes, à cause d’une gestion coûteuse de la communication et du marketing – le commerce de Bob Madou, le bras droit de Martens. C’est pour ces raisons que le budget 2015 n’a pas été approuvé avant le Mondial – un fait qui est passé inaperçu. La Pro League a joué un rôle déterminant en remettant en cause la nécessité de sa cotisation annuelle de solidarité, qui s’élève à un million d’euros, alors que l’UB a un tel budget.

A la Pro League, Bart Verhaeghe est un notoire adversaire de la gestion de Martens, notamment à cause du dossier du stade national, où il soupçonne un une-deux entre le CEO et Anderlecht. Joseph Allijns (président de Courtrai) est son homme au conseil d’administration, où Anderlecht a aussi son homme fort en la personne de Philippe Collin. Le soutien minimal accordé ces dernières semaines par le président fédéral François De Keersmaecker à son CEO est frappant, surtout compte tenu du soutien  » anderlechtois  » qui lui a permis de s’emparer de la présidence en 2006. Collin s’en est déjà ému aussi mais c’est peut-être lié à la prime annuelle de 15.000 euros que De Keersmaecker perçoit. Elle est approuvée par un comité de rémunération dont fait partie le président. C’est d’ailleurs le cas de Martens aussi. Cela place De Keersmaecker dans une position délicate, de même que d’autres membres de ce groupe de neuf têtes : plus d’un s’est laissé museler en acceptant des bonus. Cela explique peut-être pourquoi le conseil d’administration n’a jamais tiré la sonnette d’alarme et a exercé son contrôle sans grand zèle.

Le président et sa direction ont de toute façon approuvé le versement à Martens de primes allant jusqu’à 60 % de son salaire. Cet extra pourrait aller jusqu’à 165.000 euros, murmure-t-on. Le fait que cette direction siège souvent en petit comité et ne tranche donc pas en séance plénière ne constitue pas un gage de transparence. Dans le cadre d’une entreprise qui fonctionne bien, il n’est pas impensable que vendredi, le comité exécutif étudie de près le fonctionnement de ce conseil d’administration.

Un renvoi forcé

Cette affaire de primes ne rend pas Martens plus populaire aux yeux du football amateur, en grand besoin. L’aile wallonne ACFF, emmenée par un vieux crocodile, David Delferière, la digère difficilement. Ce vice-président de l’URBSFA a été directeur des ressources humaines jusqu’à ce que Martens le force à effectuer un pas en arrière, compte tenu de son poste à l’ACFF. Son successeur fait partie de ceux dont les primes élevées sont critiquées. Selon diverses sources, un seul dirigeant a refusé les siennes : Tom Borgions. Borgions assume la responsabilité financière et juridique mais ne dispose pas du droit de véto et il est donc contraint à approuver des décisions qu’il ne soutient pas. En interne, certains ne digèrent pas l’explosion du personnel dans le département de Madou, la collaboration avec Boondoggle, la société qui s’occupe des défis des Diables, et la rétribution des Diables Rouges pour le Mondial.

Le renvoi de Nicolas Cornu, le team manager des Diables Rouges, s’est produit contre l’avis du département juridique et même de l’avocate externe de l’UB. Cornu a été sacrifié pour la non-annulation d’un hôtel réservé pour les femmes des joueurs pendant la Coupe du Monde. Cette faute semble coûter 300.000 euros à la Fédération, un montant qu’un employé comme Cornu ne peut avoir pu approuver. Pourtant, Martens a insisté pour qu’il soit licencié. Par ailleurs, l’URBSFA conteste maintenant la fameuse facture auprès de l’agence de voyage, ce qui signifie que la faute vient peut-être de là. On redoute maintenant que le limogeage de Cornu ne coûte très cher à la Fédération, comme celui de l’ancien directeur Roland Louf. La Fédération a déjà perdu ce procès-là.

Grogne du personnel

Pourtant, il y a peu de chances pour que vendredi, Martens perde au jeu de la courte paille, notamment grâce au soutien d’Anderlecht. Toutefois, De Keersmaecker ne peut perdre de vue les prochaines élections présidentielles, en mai 2015. Il doit donc rester en bons termes avec tout le monde et il doit donc sacrifier quelqu’un. On s’attend à ce que ce soit Madou, dont la position est affaiblie au sein du personnel depuis qu’il a emmené une collaboratrice au Brésil au détriment d’un travailleur plus compétent pour le travail requis. Anderlecht guette la réaction de Martens.

Par ailleurs, le personnel est inquiet. Il redoute une vingtaine de licenciements secs, suite à l’informatisation de la Fédération. Ce sombre scénario suscite l’incompréhension, compte tenu des bons chiffres réalisés et des bonus. Pourtant, il paraît qu’on envisage de réduire la masse salariale. ?

PAR JAN HAUSPIE – PHOTO: PHOTONEWS

Le personnel de la Fédé est inquiet. Il redoute une vingtaine de licenciements secs, suite à l’informatisation de la Fédération.

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