© KOEN BAUTERS

DAVID NAKHID

L’an passé, David Nakhid est réapparu sous les feux de la rampe lorsqu’il a posé sa candidature pour la présidence de la FIFA. Dans les années 90, il a porté pendant deux saisons le maillot de Waregem. Aujourd’hui, on le revoit sur les bords du Gaverbeek.

À Waregem, beaucoup de personnes ont failli tomber de leur chaise en découvrant que David Nakhid (aujourd’hui âgé de 52 ans) avait posé sa candidature à la présidence de la FIFA, en octobre 2015. Nakhid, originaire de Trinidad, a porté le maillot du Essevee de 1990 à 1992. C’était un milieu de terrain créatif.  » Un jour, vous m’avez décrit à la perfection : il cherche et trouve des solutions.  »

Après son départ, Nakhid a gardé le contact avec la Belgique par l’intermédiaire de son ami Manu Karagiannis. Aujourd’hui, après plus de 20 ans d’absence, il revient régulièrement à Waregem. C’est là qu’il a rencontré sa nouvelle compagne, Eveline.

Nakhid : « Lorsque je suis arrivé en provenance du Grasshopper Zurich, le manager du club suisse m’avait dit :  » Tu te rends dans un pays qui compte peu d’habitants mais dont le championnat de football est d’un très haut niveau.  » Après deux ans, j’ai voulu partir pour le PAOK Salonique, parce que mon ex-épouse était grecque. Germain Landsheere (le manager de Waregem à l’époque, ndlr) ne l’a pas entendu de cette oreille :  » Tu ne peux pas partir comme ça. En revanche, si tu veux aller au Standard, c’est OK. « Je me suis fâché, et je ne l’ai pas écouté : je suis quand même parti au PAOK. Mais, après quatre mois, je n’étais plus payé là-bas. Je suis donc retourné au Grasshopper, où j’ai travaillé avec Leo Beenhakker et joué avec Giovane Elber.  »

BEYROUTH

L’étape suivante a mené Nakhid en Arabie Saoudite : une belle offre émanant d’un cheikh milliardaire.  » Après un jour, mon ex-femme voulait déjà partir. Elle ne voyait que des femmes voilées autour d’elle. Je suis parti à Washington. Un jour, j’ai reçu un coup de fil d’une personne habitant au Liban. Je ne me souviens plus combien de fois cette personne m’a téléphoné, je commençais à m’énerver. Elle a fini par me faire une proposition : si j’acceptais de me rendre sur place pour constater de mes propres yeux, elle m’offrirait 5.000 dollars. À Beyrouth, j’ai rencontré Rafik Hariri,le président d’honneur d’Al-Ansar. J’ignorais, à ce moment-là, qu’il était l’un des hommes les plus riches du Moyen-Orient.

 » À mon grand étonnement, je me suis beaucoup plu à Beyrouth. J’ai fini par signer un contrat à Al-Ansar. »

Au Liban, Nakhid a remporté trois titres et trois coupes, et a été élu meilleur joueur du championnat. Jusqu’au jour où 18 footballeurs africains professionnels lui ont téléphoné pour lui faire part de la détresse dans laquelle ils se trouvaient, sur le plan financier . Nakhid a donc dévoilé le scandale, ce qui n’a pas plu dans le petit monde du football libanais. Nakhid a même été envoyé en prison puis finalement libéré, grâce à son statut et ses relations. Il n’a pas demandé son reste et a quitté le pays sur-le-champ, pour aller jouer en MLS.  » J’avais très envie de jouer à Washington, mais le joueur ne peut pas choisir sa destination aux Etats-Unis. C’est la MLS qui décide. Elle m’a envoyé à Boston. Boston et Washington, c’est un peu comme Courtrai et Waregem.  »

Il y a travaillé avec l’ancien international italien Walter Zenga (  » le plus grand fanfaron qu’il m’ait été donné de rencontrer dans le football « ) et est entré en conflit avec Edwin Gorter, ex-Lommel.  » Gorter a fait une remarque déplacée sur la couleur de peau d’une fille de Trinidad qui a été élue Miss Univers. Plus tard, il a voulu me frapper à l’entraînement. J’ai esquivé le coup et il est tombé. Il a reçu une amende. Moi, je n’ai pas été sanctionné, mais je n’avais plus envie des rester.  »

ZLATAN

Nakhid a donc atterri à Malmö.  » J’y ai croisé un jeune joueur, à qui j’ai dit : Si tu ne réussis pas, tu ne devras t’en prendre qu’à toi-même. Son nom ? Zlatan Ibrahimovic. Après ça, j’ai encore joué quelques années aux Emirats Arabes Unis.  »

Au terme de sa carrière, il s’est définitivement établi à Beyrouth, où il a créé une académie de football dont le slogan est learning is winning (apprendre, c’est gagner). Aujourd’hui, il fait la navette entre Beyrouth et Washington, avec des escales à Doha, Moscou et… Waregem.

À la mi-octobre 2015, il a décidé de se porter candidat à la présidence de la FIFA.  » Mon projet, c’était d’essayer de combler le retard économique du football du tiers-monde par rapport à l’Occident.  » Malheureusement, il a commis une erreur fatale pendant sa campagne.  » J’avais le soutien des cinq pays nécessaires. Mais j’ai eu l’imprudence de demander à un représentant des États-Unis pourquoi son pays organisait toujours la Gold Cup et jamais un pays des Caraïbes. L’homme s’est énervé et a demandé à l’un des pays qui m’avait apporté son soutien de soutenir plutôt Jérôme Champagne. Ça s’est passé à la veille des inscriptions. Je n’avais plus le temps de chercher un autre pays prêt à me soutenir.  »

Il n’a jamais craint d’être pris dans les rouages d’un système où la corruption est de notoriété publique :  » Corrompu, moi ? Je suis le premier à avoir osé attaquer Jack Warner, longtemps l’homme le plus puissant du football américain. Je n’avais que 23 ans et je l’avais traité de menteur.  »

A-t-il aujourd’hui retenu la leçon ou envisage-t-il de se porter à nouveau candidat à la présidence de la FIFA ?  » Je n’ai pas renoncé, cela va de soi. Gianni Infantino n’est pas l’homme qui va sauver le football. C’est qu’il fait, à savoir accroître le nombre de participants à la Coupe du Monde, c’est du populisme. J’ai un plan, que je dévoilerai au moment voulu.  »

PAR GEERT FOUTRÉ – PHOTO KOEN BAUTERS

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