COUPS FUMANTS DES DRAGONS

Pourquoi le DT est-il resté au stade Charles Tondreau pour y travailler alors que les Dragons sont en stage en Espagne ?

D’emblée, JeanPaulColonval annonce la couleur :  » Vous êtes le bienvenu, mais je n’ai aucune révélation à faire ! Sinon que, comme tout le monde, on cherche un attaquant. Et plus on est petit, plus c’est difficile…  »

C’est déjà ça comme renseignement : Mons sait ce qu’il cherche. Mais la direction a décidé de travailler dans la discrétion. Si l’on veut éventuellement réaliser une bonne affaire, il est préférable de ne rien ébruiter. Bref, si l’on désire du concret, il faut surtout regarder du côté des départs. Quatre joueurs n’étaient pas présents à la reprise des entraînements collectifs, mercredi passé : LaurentGomez (M), MounirSoufiani (M), EmmanuelCoquelet (A) et GauthierDiafutua (A).  » Une précision, tout de même « , insiste Colonval.  » Réglementairement, le club est tenu de mettre un entraîneur à leur disposition et de leur permettre de s’entraîner dans des conditions décentes. C’est ce qui a été fait. Mais avec les Espoirs. Pourquoi ? A un moment donné, un bilan doit être effectué. On a été estimé que nous n’avions plus l’utilité des quatre joueurs en question, pour différentes raisons. Cela ne signifie pas qu’ils soient mauvais, mais peut-être qu’ils sont surnuméraires ou qu’ils ne répondent pas à nos besoins. S’ils peuvent trouver leur bonheur ailleurs, ils seront libérés. S’ils décident de rester ici, leur contrat sera honoré « . L’attaquant DanielWansi, lui, a été autorisé à participer au stage à Antequera (à 50 kilomètres au nord de Malaga, en Espagne), mais on ne le retiendra pas non plus si un club se montre intéressé par ses services.

 » Durant l’intersaison, nous avons dû agir dans la précipitation « , rappelle Colonval.  » Nous n’avons reçu l’assurance de jouer en D1 que le 7 mai. Nous avons réalisé de bons et de moins bons transferts. Wansi avait réussi une entrée fracassante à Bruges. On pensait avoir déniché l’oiseau rare. Mais, au lieu de poursuivre sur cette lancée, il a décliné. Comme il n’est pas parvenu à trouver le chemin des filets, il a perdu confiance et le public l’a pris en grippe. Jusqu’à nouvel ordre, il demeure toutefois dans le noyau A « .

En hiver, on ne peut pas se tromper

Le mercato, phénomène relativement récent, a changé la donne dans le football moderne.  » La philosophie des transferts est différente « , constate Colonval.  » L’été, on peut spéculer : prendre, par exemple, tel attaquant français d’un club de National, en espérant qu’il puisse s’imposer en D1 belge. Mais en janvier, on ne peut plus se tromper, surtout dans notre situation. On est donc tenté de prendre une valeur sûre, pour éviter tout risque « .

Encore une fois, les mieux nantis sont favorisés :  » Pour un club comme Mons, c’est un peu s’il fallait courir les 24 Heures du Mans avec une voiture 4 cylindres alors que tous les concurrents disposent d’un modèle 8 cylindres. Mais ce n’est pas pour cela qu’on ne parviendra pas à bien se classer. Les pilotes des 8 cylindres peuvent commettre des erreurs « .

Durant sa carrière, Colonval a accompli à peu près tous les métiers du football, de joueur à entraîneur en passant par manager, directeur d’une école de football, journaliste de presse écrite, radio et télévisée. Directeur technique dans un club était, si l’on excepte celui de président, quasiment le seul poste qu’il n’avait pas encore occupé. C’est chose faite depuis un an et demi.  » Ce que j’ai découvert ? D’abord, que l’esprit de club devient une denrée rare. Certes, il reste des exceptions : des joueurs qui réussissent bien dans leur club, qui y sont heureux et se rendent compte qu’ils ne trouveront pas mieux ailleurs. Mais il suffit qu’on leur propose 3,50 euros de plus ailleurs, et ils sont partis. Bref, on n’en sort pas : tout, aujourd’hui, est ramené à une question d’argent. Heureusement, je retrouve cet esprit de club chez les dirigeants. Parfois, je me demande si les efforts qu’ils fournissent sont toujours récompensés. Je songe entre autres à ceux fournis par notre président, Dominique Leone. Sans lui, c’est simple : l’AEC Mons n’existerait plus. Ou alors, il évoluerait au niveau des Francs Borains ou de Lambusart. Le club est situé dans une région défavorisée, le sponsoring est très difficile à trouver et l’assistance est l’une des plus faibles, si pas la plus faible, de D1 « .

Pourquoi cette désaffection du public ?

La réponse du public, c’est l’une des déceptions de Colonval :  » J’entends partout que les chiffres d’assistance en D1 sont en hausse constante. Apparemment, Mons est l’exception qui confirme la règle. Cette désaffection est due, selon moi, en partie aux résultats et aux turbulences qu’a traversées le club récemment, mais surtout au manque de confort du stade. Le kop de Mons doit être le seul, en D1, à rester debout et à découvert, dans la pluie et le vent « . Plus pour longtemps, car la construction de la nouvelle tribune a été entamée. Cette partie du stade abrite actuellement les supporters visiteurs, mais lorsqu’elle sera terminée, elle sera réservée au kop local… qui changera donc de côté.  » Cela me semble logique « , estime Colonval.  » On doit d’abord privilégier nos clients les plus fidèles « .

Le confort est devenu une nécessité.  » Regardez le basket : lorsqu’il jouait dans la petite salle de Quaregnon, Mons accueillait au maximum 1.000 ou 1.500 personnes. Maintenant qu’il dispose d’une arène moderne à Jemappes, il y en a 4.000. Est-ce un concurrent pour l’Albert ? Personnellement, je pense que les publics sont différents, mais je regrette tout de même qu’on ne s’entende pas pour éviter, par exemple, de jouer ensemble le même soir. On pourrait entreprendre plein d’actions à faire en commun, comme des abonnements pour les deux clubs « .

Parmi les satisfactions de ses 18 mois de mandat, Colonval souligne l’engagement de José Riga.  » Je lui ai fait confiance, malgré toutes les candidatures de noms ronflants qui avaient été déposées sur mon bureau, et je ne l’ai pas regretté : j’ai eu le bon feeling et je me suis réjoui d’avoir évité toutes ces vieilles barques, qui s’amusent à jouer au jeu des chaises musicales dans le football belge, et que personnellement, j’ai assez vu. Riga n’avait sans doute pas un grand passé de joueur, mais il est passé maître dans l’art de la gestion humaine, qui est devenue primordiale actuellement. Dans le football moderne, il faut avoir un discours cohérent et expliquer sans arrêt. La saison dernière, avec lui, on a réussi à remonter directement en D1, un an après avoir chuté. Il faut remonter dix ans en arrière, avec le retour de Beveren en 1996, pour retrouver trace d’un pareil exploit. Mais, lorsqu’on parle de Mons, on préfère mettre le doigt sur les points négatifs. Des erreurs ont probablement été commises dans le passé, mais à force d’insister là-dessus, on passe sous silence les mérites de tous les gens qui ont travaillé pour redonner à l’AEC Mons l’image d’un club positif et bien géré. Rien n’est payé en retard : le 6 du mois, les salaires sont versés. On a un directeur général, un directeur financier, un directeur technique, une secrétaire à plein temps, une directrice de la communication, une directrice commerciale, deux employés affectés au service commercial et un autre au ticketing. Tous ces gens sont présents à 8 h 30 du matin et font très bien leur boulot. Mais c’est sans doute un signe des temps. Dans les faits divers, on ne parle jamais des trains qui arrivent à l’heure. Il en va de même dans les pages sportives : les nouvelles les plus importantes, ce sont les scandales « .

La crise de l’arbitrage

Mons recommencera le championnat contre le Brussels. Sans Wamberto, RobertoMirri et HocineRagued, tous suspendus. Cela nous ramène à la fameuse conférence de presse sur l’arbitrage en novembre : les Montois s’estiment plus souvent lésés que d’autres. Cela fait un peu Calimero, non ?

 » Vous savez, Calimero ou pas, je m’en f… J’ai moi-même pris l’initiative d’organiser cette conférence de presse. Certains, dans le club, n’étaient pas chauds : ils avaient peur que cela se retourne contre nous. Mais le président m’a appuyé. Je n’ai pas versé dans l’impressionnisme, j’ai montré des faits réels. Je n’ai pas voulu incriminer les arbitres, mais la formation de l’arbitrage : trop robotique, trop rigide. Jadis, l’un de mes professeurs, HenriNaveau – de père anversois et de mère anglaise – qui avait ses introductions dans l’arbitrage anglais, m’avait expliqué : – On considère qu’un arbitre qui a eu un jugement erroné sur cinq ou six cas dans un match a réalisé une excellente prestation ! Je partage cet avis. Un arbitre peut se tromper, comme tout le monde. Mais il y a la manière. Lorsque je compare le comportement d’un Jérôme Nzolo, toujours souriant et qui témoigne d’une main de fer dans un gant de velours, avec celui d’autres arbitres qui adoptent une attitude hostile et méprisante, je me dis qu’il y a encore beaucoup de travail à faire. Un arbitre, par son comportement sur le terrain, peut générer des ondes positives ou négatives. Jadis, des arbitres comme Marcel Van Langenhove, Alex Ponnet ou Vital Loraux privilégiaient l’esprit du jeu. Aujourd’hui, on privilégie l’application du règlement à la lettre. Y avait-il moyen de communiquer ces griefs d’une autre manière ? Dites-moi laquelle ! Entre la Commission Centrale d’Arbitrage et les clubs, la communication ne passe pas. J’ai l’impression que la CCA, c’est une espèce de château fort, avec des douves mais très peu de ponts-levis, et que derrière les murailles, il se passe des choses qu’on ignore. Il semblerait que, le 22 janvier, une réunion soit prévue entre les arbitres et les entraîneurs de D1. En tout cas, José Riga n’a toujours pas reçu la moindre convocation « .

Les jeunes ? Oui, s’ils sont prêts !

Si Mons est parti en stage une semaine plus tard que les autres, c’est parce qu’il recommence la compétition une semaine plus tard. Pas de Coupe de Belgique le week-end prochain, et pour cause : l’Albert a été éliminé par l’US Centre, alors que les autres clubs de D1 n’étaient pas encore entrés en lice.

 » Voilà encore une incohérence. Lorsqu’on est descendu de D1 en D2, on était considéré comme club de D2 pour la coupe. Maintenant qu’on est monté de D2 en D1, on est encore considéré comme club de D2. Comprenne qui pourra « .

Dernier cheval de bataille : la formation.  » J’ai demandé à ce que cinq jeunes du cru soient intégrés à l’équipe Première. Mais il faut se rendre à l’évidence : ils ne sont pas prêts. Aussi longtemps qu’on n’aura pas résolu le problème des horaires scolaires en Belgique, on ne sortira pas de cette impasse. Mons possède un jeune très talentueux, Baptiste Ulens, qui a été sélectionné dans toutes les équipes nationales de jeunes. Il a 18 ans et pétait des flammes pendant l’été, lorsqu’il pouvait s’entraîner avec l’équipe Première. Mais en septembre, il a dû retourner en classe. Il n’a plus pu s’entraîner le matin, et son rendement s’en est ressenti « .

DANIEL DEVOS

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