Comptez sur eux !

7 raisons qui expliquent pourquoi on devrait encore parler des Zèbres jusqu’à la fin de la saison.

On les avait bien vite enterrés. Pourtant, les Zèbres sont toujours bien là, à tutoyer les sommets. En battant Roulers (1-3), ils sont revenus à la hauteur de Bruges au sein du top cinq. Les ambitions de trophée ont certes été remisées au placard mais le Sporting s’accroche à ses rêves de Top 5, voire de Coupe Intertoto. On prédisait aux Carolos une fin de saison bien morne. En sortant deux victoires d’affilée, ils se sont fixé un nouvel objectif : il faudra encore compter sur eux jusqu’en fin de championnat. Et contrairement aux deux dernières saisons, la Coupe ne viendra pas encombrer leur esprit.  » Si les grands lâchent ou se concentrent sur la Coupe, on est là. On veut continuer à les embêter jusqu’au bout « , expliquait Jacky Mathijssen à l’issue de la rencontre.

Pourtant, s’imposer à Roulers, dans l’enfer du Schiervelde, relevait de la gageure car depuis le début de la saison, personne n’y était encore parvenu. Roulers partageait avec Genk cette invincibilité maison. Dans cet antre construit bizarrement où le kop a préféré se loger dans la minuscule tribune latérale et où les visiteurs doivent non seulement prendre place sur des marches qui nous rappellent les souvenirs de la Butte de l’Union Saint-Gilloise mais aussi passer toute la rencontre avec l’image, en face d’eux, derrière l’autre but, de la nouvelle tribune mise en service juste après la montée en D1 et qui renferme les vestiaires, les équipes adverses se sont succédé et ont toujours du s’incliner dans cette atmosphère à nulle autre pareille.

Samedi, les Carolos ont fait abstraction de tout cela.  » On était prévenu de la situation « , commentait Fabien Camus,  » On savait que Roulers était invaincu dans ses installations « . Cette victoire est sans doute une des plus abouties à l’extérieur de l’ère Mathijssen. L’entraîneur limbourgeois ne cachait d’ailleurs pas sa satisfaction.  » Il s’agit d’une soirée de rêve. Parce que les joueurs ont appliqué toutes les consignes ? Non. Parce qu’ils ont fait plus que cela. Dirk Geeraerd m’a d’ailleurs félicité et le capitaine Frederik Vanderbiest m’a dit que cela faisait longtemps qu’il n’avait pas vu une équipe jouer de cette manière au Schiervelde et les ennuyer autant. Or, pour que lui, qui est un gagneur, dise cela… « .

Les Zèbres ont donc signé leur deuxième victoire (et leur troisième prestation convaincante si on rajoute le partage ramené du Cercle Bruges) d’affilée. La mauvaise passe du mois de janvier est déjà digérée. Après les défaites au Lierse, contre le Standard et le match nul au Cercle, les hommes de Mathijssen ont repris leur marche en avant.

1. Une équipe de nouveau en place

Depuis le début du second tour, les Carolos ont montré deux visages. Quoi de plus normal. Mathijssen réalise des miracles depuis qu’il est arrivé dans le Pays Noir mais il doit cependant toujours réajuster sa formation après le mercato. En janvier, il a dû faire face au départ de Dante. Le club avait réagi dès les fêtes de fin d’année en engageant Hemza Mihoubi. Pourtant, l’ancien sociétaire de Lecce n’a pas eu le temps de convaincre. Médiocre avant de se blesser, il faudra attendre sa guérison et son acclimatation pour voir s’il s’agit du successeur du Brésilien.

Dans le futur, Mathijssen pourra également compter sur Flavio Fragapane, auteur de bonnes prestations mais qui doit encore progresser, et Ibrahima Diallo, blessé. En attendant, le coach a fait preuve d’innovation en plaçant Majid Oulmers au poste d’arrière gauche.

Mathijssen a également dû préserver son groupe de toutes les rumeurs de départ. Ces réglages ont certainement perturbé le noyau lors des deux premières joutes de janvier. A la fin du mois, on a craint une nouvelle rechute lorsque le métronome de l’ombre, Sébastien Chabaud est parti goûter à la douceur du climat espagnol et à la rigueur de la Liga. Ce départ n’a néanmoins eu aucune incidence sur le jeu du Sporting. Christian Leiva, arrivé d’Anderlecht, a repris son rôle et en deux rencontres, l’Argentin a déjà prouvé son utilité.

Le noyau de Charleroi n’est pas inépuisable. Mathijssen arrive avec des bouts de ficelle, à construire un équipage qui tient la route. Néanmoins, il a fallu une période de rodage. Le Sporting peut désormais reprendre part à la course, après un passage au stand. Pour preuve :  » Le système est bien mis en place « , explique Laurent Ciman,  » A Roulers, on a joué en maître de la situation, comme si on évoluait chez nous « .

2. La trouvaille Oulmers

Devant le peu de solutions qui s’offraient à lui, Mathijssen a décidé de lancer Oulmers au poste de back gauche et le moins que l’on puisse écrire, c’est qu’il s’agit d’une réussite.  » Pour le moment, ça marche « , explique l’ancienne dynamo du milieu de terrain,  » A l’entraînement, j’essaie de m’adapter. En France, j’ai déjà occupé tout le flanc dans un 3-5-2. C’est un peu pareil. Je dois essayer d’apporter le surnombre mais aussi m’acquitter de mes tâches défensives. Quand Frank Defays monte à droite, il m’incombe de resserrer les lignes et couvrir Ciman qui se déportera alors davantage vers la droite. Il m’arrive de faire encore quelques erreurs de placement et replacement mais je m’applique « .

Désormais, Mathijssen dispose d’une équipe parfaitement équilibrée. Auparavant, Defays apportait le danger sur le flanc droit et le gauche n’était pas assez soutenu. C’est pour cette raison que l’entraîneur avait décidé de placer Fabien Camus l’année passée, et Oulmers cette saison, à gauche dans l’entrejeu pour équilibrer son équipe. A la paire Defays- TimSmolders à droite, répond donc le duo Oulmers-Camus à gauche. Tant le Cercle Bruges que Gand et Roulers ne sont pas parvenus à contrer les flancs.  » Le jeu offensif se fait des deux côtés « , ajoute Oulmers.  » Et quand l’adversaire essaie de fermer un côté, on peut surgir sur l’autre flanc. On est susceptible de passer de l’un à l’autre « .

Roulers fut particulièrement désemparé. La sortie sur blessure d’ Yves Vanderhaeghe obligea Chemcedine El Araichi à glisser dans l’axe, laissant le seul Davy Oyen sur le flanc gauche. Defays eut alors tout le loisir de monter apporter le danger. Quand Roulers se décidait à bloquer ce flanc, Oulmers partait alors à l’abordage. Sa technique et la qualité de ses centres ont toujours mis en danger la défense flandrienne. Pourtant, Mathijssen refuse de parler de solution définitive :  » C’est provisoire. Majid n’est pas un back gauche. Il n’a pas encore la science des gestes défensifs. Pour le moment, cela fonctionne et déstabilise les adversaires mais ceux-ci ne sont pas bêtes. Ils vont vite réussir à bloquer cet avantage. Ce sera alors à moi à trouver une autre solution « .

3. Du mouvement et du pressing

 » On est toujours en mouvement et cela perturbe l’adversaire « , raconte Oulmers. C’est en montrant du rythme dans les échanges, en pressant l’adversaire et en arrachant le ballon que les Zèbres sont les plus dangereux.  » Pour le moment, on fait bien circuler le ballon et courir les opposants. On essaie de toujours évoluer en deux contre un. Pour contrer notre supériorité, Roulers avait musclé son entrejeu. On a décentré les débats en glissant vers les flancs où on a retrouvé cette supériorité numérique. On sait aussi que nous sommes une bonne équipe balle au pied. Il faut donc arracher ce ballon et notre situation devient plus facile « .

Pour récupérer le ballon, Mathijssen demande un pressing de toutes les zones.  » Les attaquants ont joué tous les quatre. Certains se posent des questions quant à leur efficacité mais on doit souligner leur abattage incessant et leur disponibilité énorme. Le reste de l’équipe a d’ailleurs beaucoup de respect pour leur travail. Ils n’ont pas arrêté de mettre sous pression la défense adverse obligée de balancer de longs ballons que la deuxième ligne récupérait « .

4. Un mental à toute épreuve

Après la claque du Standard (2-5), un déplacement au Cercle n’est pas la meilleure façon de se remettre sur de bons rails. Là-bas, les Zèbres ont cependant montré beaucoup d’abnégation et de force mentale. Contre Gand et à Roulers, ils n’ont jamais paniqué ni montré de signes d’impatience.

 » On est fort dans notre tête « , affirme Smolders.  » On est capable d’émerger en fin de match. Contre Gand, cela aurait pu se débloquer plus tôt mais on a pris notre temps. On est capable de s’imposer dans la dernière demi-heure « . Même quand Roulers est revenu à 2-1 avec le public local dans le dos, Charleroi n’a pas paniqué. Mathijssen :  » Il n’y avait aucune raison. On avait la maîtrise du jeu « .

5. Une défense imprenable

Depuis la déroute face au Standard (2-5), le Sporting n’a encaissé qu’un but en trois rencontres. Si les Carolos n’avaient pas connu un petit moment de déconcentration au Schiervelde, ils auraient enchaîné leur troisième rencontre sans buts. Patrice Luzi, l’ancien gardien de Mouscron, fortement décrié depuis son arrivée à Charleroi, n’est pas étranger au bon comportement de la ligne arrière. Au Cercle, il a sauvé un point pour les siens. A Roulers, il n’a pas dû s’employer à de nombreuses reprises mais son arrêt impeccable en début de rencontre devant Paul Kpaka et sa claquette en fin de match ont certainement orienté les débats.

A cela s’ajoute, les prestations trois étoiles de Defays, qui prouve semaine après semaine que sa mauvaise soirée contre le Standard ne relevait que de l’accident de parcours. Sans oublier la confirmation de Ciman qui accumule de l’expérience.  » Pour le moment, avec Oulmers qui monte beaucoup, Ciman occupe deux positions et s’il était gaucher, il serait international « , lâche Mathijssen.  » Il sait bloquer son opposant direct et permettre à ses ailiers de monter sans aucune crainte « .

6. Une attaque appliquée

Là où le bât blesse encore, c’est en attaque. Des occasions gaspillées à la pelle au Cercle Bruges ; un seul petit but contre Gand et encore plusieurs possibilités galvaudées à Roulers. Pourtant, la ligne offensive s’applique. Jérémy Perbet est un homme de rectangle. Il attend le ballon mais il ne se prive pas de flinguer le gardien quand il en a l’opportunité. Il peut complètement passer inaperçu et surgir fugacement. Après deux buts contre le Standard, il a retrouvé le chemin des filets au Schiervelde. Soit trois buts en cinq rencontres. Son potentiel est encore difficilement cernable mais sa moyenne mérite en tout cas d’être relevée.

Izzet Akgül reprend également confiance. Après son penalty transformé dans des conditions difficiles contre Gand, il a remis le couvert à Roulers. Une frappe sèche qui scellait le sort du match. Une autre occasion trois étoiles et une activité incessante en 17 minutes de jeu. De quoi offrir une nouvelle solution à son entraîneur qui a également pu noter la bonne rentrée de Joseph Akpala.  » Après le départ de Chabaud et Dante, on a eu une discussion « , commente Oulmers,  » L’entraîneur a mis en place une nouvelle formation et les joueurs qui remplacent les piliers partis le font très bien. Dans le même ordre d’idées, les substituts apportent quelque chose au groupe quand ils montent au jeu. Akgül et Akpala ont soulagé l’équipe à Roulers. Ils ont fait la différence « .

Pourtant une énigme demeure. Où est passé le virevoltant Orlando ? Tant au Cercle qu’à Roulers, il a raté l’immanquable. Certes, il n’a jamais été un buteur dans le sens premier du terme mais il s’agissait de quelqu’un capable par sa course et ses longues chevauchées de mettre une défense sans dessus dessous. Ce temps-là semble révolu car on n’a plus vu le Brésilien placer une équipe en difficulté.

7. Des ambitions à redéfinir

Le Sporting ne peut normalement plus espérer un ticket européen. Quoi que, avec cette équipe enterrée à de nombreuses reprises, on ne peut douter de rien. C’est l’occasion d’ancrer définitivement le club dans le subtop en attendant mieux. Pour cela, il faut conserver ses meilleurs éléments et surtout son entraîneur. C’est davantage en coulisses que sur la pelouse que se jouera le futur de Charleroi lors des prochains mois.

Pour encore s’inscrire au sein du projet carolo, Mathijssen veut des signes encourageants lui permettant de croire que son équipe veut se rapprocher des sommets.  » Je n’ai jamais dit que je ne disposais pas de bons joueurs mais si tu veux aller plus loin, comme certains le désirent, il faut de la saine concurrence dans un noyau. C’est cela qui devrait faire la différence pour le titre entre Genk et Anderlecht, et pour l’Europe entre le Standard et Gand. Et c’est cela qui va décider si un jour ce club va pouvoir grandir « , affirmait le Limbourgeois ce week-end.

Stéphane Vande Velde

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