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COMMENT OSTENDE S’ADAPTE À GANO

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

La donne a changé sur la Côte. Alimenté par Gohi Bi Cyriac puis Landry Dimata ces deux dernières saisons, le marquoir de la Versluys Arena avait besoin d’un nouvel amant. Ostende espère l’avoir trouvé à Waasland Beveren, d’où Zinho Gano a débarqué le mois dernier avec le Taureau d’or sur les épaules et quatre buts dans les valises. Depuis, il n’a marqué qu’un but en quatre rencontres, et son adaptation semble difficile.

L’arrivée d’Yves Vanderhaeghe à la Côte, voici deux ans, coïncide avec un afflux massif de talent dans l’écurie de Marc Coucke. Armé par les Fernando Canesin, Knowledge Musona ou Franck Berrier, ensuite rejoints par Yassine El Ghanassy, le coach ostendais crée un système de jeu qui offre de l’espace et de la liberté à ses créateurs.

Il l’explique d’ailleurs à Sport/Foot Magazine, se différenciant ainsi de son mentor Hein Vanhaezebrouck :  » Les joueurs offensifs qui possèdent de grandes qualités individuelles reçoivent un certain nombre d’options et sont libres de les utiliser comme bon leur semble. S’ils sont capables de forcer la décision sur une action individuelle, je n’y vois pas d’inconvénient.  »

Très fonctionnel du temps de Cyriac, et magnifié par l’explosion d’un Dimata qui était à la fois capable de conclure un centre ou de créer un but à lui tout seul, le château de cartes s’effondre quand l’attaquant n’est plus auto-suffisant. Et c’est précisément le cas de Gano, profil de target-man typique, pour qui un ballon lancé en profondeur à la ligne médiane ou une passe dans les pieds à 30 mètres du but adverse ne se transforme jamais en occasion. Zinho a besoin de centres, comme le prouve son ratio de buts inscrits de la tête depuis ses premiers matches au Freethiel : 13 sur 27, soit près de 50 %.

Pour exploiter son nouveau buteur, Vanderhaeghe doit donc rapprocher ses hommes du but adverse. Ostende aimait se regrouper pour surprendre l’adversaire dans le dos, et est maintenant contraint de s’installer près du rectangle adverse pour que Gano devienne une véritable menace. Face à Gand, les Côtiers l’ont fait en installant un pressing ambitieux sur la relance des Buffalos, mais ils ont fini par être surpris à cause d’un ballon en profondeur, lancé dans le dos d’une défense où Nicolas Lombaerts et Antonio Milic souffrent pour gérer la vitesse d’un attaquant adverse.

Le plan Gano, rendu plus difficile par l’absence de Sébastien Siani, capable d’organiser la possession dans le camp adverse et de servir ses ailiers en bonne position, est également desservi par le départ d’El Ghanassy, principal pourvoyeur de passes décisives de Dimata la saison dernière. À droite, Canesin profite donc beaucoup moins de l’attention accrue que suscitait le flanc gauche d’Ostende, et manque d’espaces pour délivrer de bons centres vers un Gano trop peu approvisionné pour être dangereux. Et puisque Musona est plutôt un faux ailier qu’un vrai centreur, la principale source d’alimentation du géant venu du Freethiel est le nouveau latéral gauche Aleksandar Bjelica, débarqué à la Côte pour ses qualités techniques qui en font un véritable atout à son poste.

Cet axe Bjelica-Gano est la preuve d’un football ostendais toujours en construction, en quête de nouvelles idées pour continuer à surprendre sans ses joueurs les plus imprévisibles. Quand le talent est moins omniprésent, le système doit pouvoir sublimer les hommes susceptibles d’être décisifs. Le chantier est imposant, et les travaux ont pris beaucoup de points de retard.

Guillaume Gautier

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