Circus-politicus, la révolution est en marche

 » Ho hooooo Belgique… oooh ooooh merde chérie !  » Et oui, on n’est pas dans la merde. Pas parce que nos Diables ne chantent pas la Brabançonne. Ça, on s’en tape complètement. Non, parce que cette Belgique, notre mère chérie, ne tient plus que sur la fragilité des résultats d’une équipe de foot.

Elle est belle cette équipe, même si elle fait encore un petit peu trop dans la démonstration plutôt que dans la compétition. Mais on s’en rapproche, ils n’ont pas craqué les gamins. Bravo. C’était le plus important. Peu importe ce sentiment que ce sont les Croates qui ont décidé du rythme du match, qu’ils ont mené les échanges en refusant de les assumer. C’est ça, une nation du top 10 mondial. C’est ça, des guerriers talentueux, chambreurs et truqueurs s’il le faut.

Les Belges n’ont pas pris la leçon mais faut qu’ils retiennent ce qui les a fait souffrir chez les Croates. C’était sérieux sur la pelouse et délicieux dans les tribunes. Avec cette fameuse Brabançonne commencée en fran-glais-néérlando-allemand et finie en nana nana nanaaaaa. Superbe, déjà surréaliste.

Seul petit bémol, on a pu constater pendant l’hymne croate que le quota de cons reste d’actualité dans les stades de foot. La bonne nouvelle, c’est qu’ils sont devenus une grosse minorité. La grande leçon, c’est ça. Mais pas seulement. Notre peuple en a marre de sa réalité. Il veut la fuir, il veut jouer, rêver, oublier. La preuve, le stade est plein et à la télé, le foot dépasse le JT. Il explose les audiences. Voilà qu’on en vient à aimer ce qui trop souvent n’est qu’un baromètre à connerie. Vive l’audimat. Et vive le partage. Même les chaînes se les partagent. Un peu l’état, un peu le privé.

Tout un pays s’accroche à ce radeau qui ne demande qu’à nous méduser de son efficacité. Qu’il se fasse paquebot de luxe sur une mer paisible et vogue vers le Brésil. Avec des cabines en forme d’isoloir car au même moment que cette Coupe du Monde, y aura eu une autre compétition qui pourrait couper notre monde. Y aura eu les élections qui risquent fort de ressembler à une érection géante qui partira d’Anvers vers partout. Le p’tit diable va inonder les urnes, pourvu que nos Diables soient plus forts que l’anonymat d’un isoloir. Faut éviter de s’isoler un peu plus et surtout continuer de bander tous ensemble. Putain on a envie de les aimer nos politiques. Pas d’en avoir peur ou d’en avoir honte.

Y a moyen. Y a un exemple qui doit nous donner la foi. Margaret Thatcher. Même elle, la tellement sympathique Maggie, a réussi à faire une chose intéressante. Elle a vidé les stades anglais de ses hooligans. Ceux qui n’y venaient que pour se faire un tas de chair. La Thatcher, qui méprisait le foot, a décidé de tous les identifier. Fini l’anonymat. Fallait avoir sa carte d’identité de supporter. On en a presque envie d’applaudir. La grande révolution du foot anglais était en marche. Les hooligans mis hors stade, fallait encore avoir de vrais stades. Fini le bois de Papa. A cause notamment de la catastrophe de Hillsborough. Des âmes qui partent en fumée pour enfin le réveil. Les stades vont être reconstruits, vont être fonctionnels et sécurisés.

Un peu chicos et trop squattés par les traders et les nouveaux riches. Le foot était devenu trop costard-cravate-coupette de champ’s, alors qu’il doit être, d’abord, t-shirt-saucisse-bière. Ça se rééquilibre lentement mais sûrement. Dans les stades anglais, c’est entre autres 18 % d’ouvriers, 8 % de fonctionnaires et… 8 % d’employés de la finance. Un vrai scanner de la société.

Les bonnes nouvelles ne s’arrêtent pas là. Côté tribunes, c’est 23 % de femmes, 11 % de minorités ethniques, 13 % de gamins de moins de 16 ans. A l’heure du virtuel, c’est plutôt bon signe.

Le foot reste un révélateur de ce que nous sommes. Peu importe que les places coûtent 120 euros à Arsenal, y en aura toujours à 15 euros à Wigan. Et puis, l’amour et l’émotion, ça n’a pas de prix et c’est avec les tripes qu’ils se partagent. En costard, en salopette ou en jupette.

Tout un pays s’accroche à ce radeau qui ne demande qu’à nous méduser de son efficacité.

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