Chien fou

Comment le défenseur réserviste de Charleroi est devenu titulaire à Bruges.

Il y a parfois des transferts qu’on ne s’explique pas. A Charleroi, Laurent Ciman avait percé avec une étiquette de grand espoir. Après avoir confirmé sa progression sous Jacky Mathijssen, il a connu un passage à vide. Et alors qu’il restait sur une saison frustrante, le voilà qui prend la direction de Bruges, pour une somme entre 600.000 et 700.000 euros.  » C’est vrai que par rapport à la saison effectuée, c’était bizarre de signer à Bruges « , reconnaît-il. A peine avait-il découvert Bruges qu’il devait s’envoler pour la Chine et les Jeux Olympiques. Un mois plus tard, il nous a reçu dans son appartement d’Enghien, choisi pour sa situation centrale entre Charleroi où sa fiancée travaille et Bruges.

Comment avez-vous vécu votre entrée dans le championnat ?

Ciman : Bien. C’est comme si je n’étais pas parti aux Jeux Olympiques. Certes, sans les JO, j’aurais eu une préparation plus stable et j’aurais pu construire des automatismes avec Nabil Dirar et Roland Vargas mais cela va venir.

Avez-vous trouvé vos marques sur le flanc ?

J’éprouve encore quelques difficultés à communiquer avec Vargas. C’est plus facile avec Dirar car il parle français.

Je connaissais Jonathan Blondel grâce aux Espoirs. Le premier jour, on s’est fixé rendez-vous et on est arrivé ensemble au stade. Il m’a alors présenté au groupe et au magasinier. Il m’a expliqué comment le club fonctionnait. J’avais aussi reçu un SMS de Stijn Stijnen pour me souhaiter la bienvenue. Cela s’est directement bien passé. C’est bizarre car effectivement, je ne parle pas néerlandais. Je prends des cours mais je ne peux pas encore mener un dialogue.

Bruges est plus pro ?

Ici, on a des bains, des saunas, une salle de musculation, trois kinés permanents, des terrains superbement entretenus. On change de monde. Mais cela se voit aussi au niveau des résultats. Quand on fait 1-1 à Malines, personne n’est content. A Charleroi, on aurait trouvé qu’il s’agissait d’un bon résultat.

Est-ce que vous avez retrouvé le même Mathijssen ?

Oui. Avec son caractère. On peut le mettre dans n’importe quel club, il restera le même. Il y a juste une chose : ici, quand l’entraîneur dit quelque chose, personne ne répond. A Charleroi, quand on nous demandait certaines choses, il y avait parfois des réponses négatives. A Bruges, on râle mais personne ne tique.

Est-ce que Bruges vous plaisait mieux qu’Anderlecht ou le Standard ?

Dans le top-3, oui. A cause de la mentalité flamande. François Sterchele l’avait bien expliqué lorsqu’il était passé au Germinal Beerschot. Anderlecht est plus médiatisé et la concurrence est atroce. Et au Standard, c’est la même chose.

Il n’y a donc pas de concurrence à Bruges ?

Non, ce n’est pas ce que je veux dire mais c’est plus tranquille. Quand je suis arrivé, on m’a clairement dit que j’étais en balance avec Jorn Vermeulen. Malheureusement pour lui, il s’est blessé…

Qu’attend Bruges de vous ?

Que je remplace Brian Priske en apportant davantage sur le plan défensif. Par contre, sur le plan offensif, vu les joueurs qui occupent les flancs, j’ai moins de consignes.

 » Je n’avais pas le temps de m’habituer à un poste que je devais changer « 

A Charleroi, vous jouiez dans l’axe et ici, à droite. Quelle est votre place de prédilection ?

Peu importe. Ce que je n’appréciais pas à Charleroi, c’est qu’un jour je jouais à droite, le lendemain dans l’axe et même une fois à gauche. Je n’avais pas le temps de m’habituer à un poste que je devais changer.

Oui mais vous étiez davantage arrière central à Charleroi ?

Mais je ne pars pas dans l’inconnu ! Quand Frank Defays était blessé, j’évoluais à droite. Ici, j’ai fait toute la préparation, que ce soit à Bruges ou en équipe olympique, à droite. J’y ai donc mes repères. C’est une place qui me convient : j’ai un bon centre et j’aime bien monter.

Vous voyez des différences entre les deux postes ?

Oui. Dans l’axe, il suffit juste de regarder à droite, à gauche, d’être en couverture et d’effectuer de bonnes relances. A droite, il y a davantage de trucs tactiques à apprendre. Il faut rentrer dans le jeu, apporter offensivement, prendre son homme, ne pas monter quand l’arrière gauche le fait.

Si on vous dit que vous êtes meilleur dans l’axe…

( Il coupe). Je suis peut-être meilleur dans l’axe. ( Silence) Mais si l’entraîneur me juge utile à droite, c’est qu’il pense que j’ai des qualités pour ce poste. Et tant pis pour ce que les autres pensent.

Vous devez aussi parfois corriger votre image de chien fou…

Je dois gérer mon tempérament.

Contre Malines, avant de prendre votre deuxième jaune, Philippe Clément vous dit de vous calmer…

Oui je sais. J’ai encore des paliers à franchir et ce sont des gens comme Stijnen, Clement, ou Simaeys qui vont m’apprendre à progresser.

Et il ne vous restera plus alors qu’à soigner votre relance…

Avant, il s’agissait clairement de mon point faible. Mais je commence à la soigner et je trouve que j’effectue de moins en moins de sales relances. Même si je préfère toujours dégager le ballon en tribune que prendre un risque inutile.

par stéphane vande velde – photos: belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire