John Baete

Charleroi en D1 : grâce à Bayat ou malgré lui ?

Le Sporting de Charleroi est en train de gagner son pari : remonter en D1 directement… Ou plutôt : Abbas Bayat est en train de gagner son pari! L’été dernier, tout le monde a rigolé quand il a lâché que son club serait l’Anderlecht de la D2.

Par John Baete

Mais pour l’instant, il a raison : il a trois points d’avance sur Eupen qu’il rencontre le week-end prochain au stade du Pays de Charleroi. Si les Zèbres l’emportent, ils auront six points d’avance à sept matches de la fin.

On doit quand même se demander si Charleroi remonterait grâce à Bayat ou malgré Bayat. Il a de nouveau changé plusieurs fois d’entraîneurs et les choses ont bien tourné quand il a viré Jos Daerden et qu’il a commencé à faire de son nez dans le vestiaire. Mais depuis qu’il a viré Tibor Balog et nommé Dennis van Wijk la semaine passée, il laisse faire son coach. Jusque quand ? On connaît la réponse : tant que son club gagnera, il restera en retrait, à la place de la majorité des présidents du monde. Mais dès qu’il apercevra la voilure faseyer, il sera sur le pont à hurler ses ordres comme un capitaine déchaîné. Car Bayat veut autant retrouver la D1 qu’Achab aspirait retrouver Moby Dick. La différence, c’est que Bayat peut connaître un happy end.

Le président des Zèbres fait penser à Maurizio Zamparini, le président de Palerme. Ce sont deux hommes d’affaires à succès, avec une passion énorme pour le foot mais des bases techniques inversement proportionnelles tellement elles sont approximatives. Ils ne partagent pas leur pouvoir, virent les entraîneurs à tire-larigot et ont l’habitude de donner des interviews coup de poing. Seule différence évidente : même s’il vient du Frioul, Zamparini est quand même plus en phase avec son club et ce qui l’entoure qu’un Bayat qui en rajoute en termes de non-intégration. Ainsi, dans l’interview que nous publions cette semaine, il assène que si on le critique, c’est parce qu’il est Iranien et musulman. Sic! Trop facile, évidemment. Bayat n’a jamais pratiqué l’autocritique, c’est connu. Dans son club, il martèle sans cesse que c’est -My way or the highway (trad.: vous suivez mon chemin ou vous prenez l’autoroute; on fait les choses comme je le dis ou dehors). Capitaliste pur et très dur, il répète avoir le droit de tout faire étant donné que c’est lui qui paye. Inattaquable. Mais s’il avait été joueur, son coach aurait sans doute été bien inspiré en lui donnant un ballon pour lui tout seul.

Dans sa logique importée de celle du marché, il estime donc qu’il faut intervenir si le résultat n’est pas là. La patience ou l’investissement temps, il ne connaît pas. Le rapprochement avec ses fans non plus. L’aberration finale est que jusqu’à récemment, il voulait sans doute plus que son club joue en D1 que ses supporters. Ces derniers espéraient, qu’en D2, Bayat vende le Sporting et s’en aille. Mais il était le premier à savoir que ce n’était pas en D2 qu’il allait conclure le meilleur deal. Pour bien vendre le club, il faut qu’il remonte en D1. Et quand ce sera acquis, Bayat ne sera pas contre le principe de -bien- vendre mais il ne le fera pas pour se débarrasser du club vite fait. Il voudra faire une bonne affaire et se cachera sans doute (un peu) derrière cette excuse trop évidente pour faire traîner les choses. Car malgré ses airs de matamore et ses dénégations, Bayat éprouve certainement quelque chose pour ce club et cette ville qui ne lui ressemblent en rien. Plus que Luciano D’Onofrio pour un Eupen qu’il ne considère finalement que comme une vitrine pour son nouveau business ?

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