Champion avec qui ?

Abbas Bayat veut le titre mais sa cellule sportive requiert beaucoup d’adaptations.

Qui entraînera les Zèbres en 2007-2008 ? Le président Abbas Bayat l’a encore répété en fin de semaine dernière dans Le Soir : Jacky Mathijssen était d’un niveau largement insuffisant pour un club de l’envergure du Sporting ! Pour les saisons à venir, les objectifs de trophée sont plus que jamais d’actualité. A-t-on dit au président iranien qu’un titre nécessitait un noyau et un coach à la hauteur ?

On ignore encore quel genre de saignée va subir le groupe durant l’été. Au niveau de l’entraîneur aussi, on est dans le flou. Après son premier match à la tête du Sporting, Philippe Vande Walle avait été clair :  » Je ne fais qu’un simple dépannage. Je suis entraîneur des gardiens, c’est ça ma vie. Les bombarder du début à la fin de l’entraînement, c’est ce qui m’amuse « . Deux jours plus tard, le discours avait changé sur le plateau de Studio 1, à la RTBF :  » Je vais peut-être prendre goût à ce métier, finalement. Je me compare un peu au gosse qui reçoit un bonbon, le trouve excellent puis veut avoir tout le paquet « .

Vande Walle a-t-il le profil pour mener les Zèbres vers les objectifs présidentiels ? Risque-t-il de garder la confiance de la direction et d’être toujours à la tête du groupe à la reprise des entraînements ? Bref, à quel staff élargi doit-on s’attendre ?

Les arguments pro-VDW

1) Les anciens gardiens peuvent devenir de bons entraîneurs.

De Raymond Goethals à Jacky Mathijssen en passant par Michel Preud’homme, le foot belge a donné lieu à bon nombre de reconversions réussies. Un gardien de haut niveau a une vue imprenable sur le jeu durant toute sa carrière active, il est bien placé pour sentir les choses et exploiter son vécu de joueur une fois qu’il passe dans le camp des entraîneurs.

2) Etre docile au Sporting, ça peut servir.

Vande Walle était réputé pour sa forte personnalité quand il jouait. Il ne fallait pas lui marcher sur les pieds. Il semble avoir changé et s’est fondu dans le moule carolo. Il est devenu un parfait employé qui obéit au doigt et à l’£il. Quand il nous refuse une interview sous prétexte qu’il est  » solidaire de la direction « , il prouve qu’il n’est plus le VDW qui n’en faisait qu’à sa tête. Et quand il lance, le lendemain de sa promotion comme entraîneur principal,  » je devais accepter ou j’étais viré « , il montre à nouveau qu’il est prêt à marcher dans le sillon tracé par les Bayat. Il avait été engagé comme préparateur des gardiens, pas comme T1. Et il avait donc le droit de faire respecter son contrat. Evidemment, il a sauté de joie en apprenant cette promotion inattendue, mais il aurait été mieux inspiré en reconnaissant qu’il recevait une chance unique. Il pouvait aussi jouer la carte de la correction et signaler que la place revenait à Dante Brogno,… quitte à se faire virer.

3) Il a le profil qui plaît aux supporters.

Sans préjuger des qualités d’entraîneur de Vande Walle (il faut plus que quatre matches de fin de saison pour se faire une idée valable), il a une personnalité qui convient aux fans. Il a grandi dans la région, est revenu s’y installer récemment, c’est au Sporting qu’il a débuté en D1 et sa grande gueule plaît beaucoup. Les supporters ont hurlé leur colère quand Mathijssen a été limogé mais ils ont aussi eu quelques chants d’encouragement pour Vande Walle, comme s’ils voulaient montrer qu’ils ne lui tenaient pas rigueur d’avoir été parachuté à la place du héros limbourgeois.

4) Il est abordable financièrement.

Trois tuiles sont tombées récemment sur le club : tout indique que la Ville – même si elle le souhaitait – ne pourra pas aider le Sporting a rembourser ses emprunts (premier remboursement de capital en juillet) ; l’essai de faire financer par la Ville l’aménagement du terrain d’entraînement synthétique a été raté et le club devra payer ces travaux ; si le Sporting veut conserver Didier Beugnies dans son rôle de directeur technique de l’école des jeunes, il devra dorénavant assumer son salaire, pris en charge jusqu’ici par la Ville (voir cadre). Dans ces conditions, il semble utopique de faire signer un entraîneur très réputé et donc cher. Vande Walle, débutant dans le métier d’entraîneur et sous contrat à durée indéterminée, n’aurait pas des prétentions démesurées.

5) Difficile de le dégommer si son bilan est irréprochable.

Si le bulletin de VDW après ses quatre matches à la tête de l’équipe est très bon, la direction pourrait se sentir obligée de lui offrir un contrat de T1 pour la saison prochaine. On l’a appelé en pompier, il a bien fait son boulot, il n’y aurait donc pas de raison de le rejeter dans l’ombre.

Les arguments anti-VDW

1) Il n’a aucune expérience.

Comment viser (très) haut avec un coach débutant ? Certains des plus grands joueurs du foot belge (comme Jan Ceulemans) ont accepté de commencer dans les divisions inférieures. D’autres (comme Enzo Scifo et Marc Wilmots) se sont directement jetés dans le bain de la D1 mais s’y sont brûlé les ailes. Vande Walle n’a clairement pas le vécu pour prendre les commandes d’une équipe que la direction imagine dans le haut du classement, voire en Ligue des Champions. Charleroi aura encore (au mieux) un groupe moyen la saison prochaine. Mathijssen était confronté à ce problème et a fait des miracles. On n’a pas l’impression que VDW réussirait le même tour de force.

2) Il n’a pas de vocation d’entraîneur.

Si Vande Walle est diplômé de l’Union Belge, il a le diplôme… d’entraîneur des gardiens niveau II. Comme bagage, c’est très léger. Il n’a jamais rêvé de devenir T1. Il a arrêté de jouer en 2000 et ne s’est jamais inscrit aux cours d’entraîneur principal, c’est révélateur de ses ambitions.

3) Il hésiterait entre Charleroi et Bruges.

La semaine dernière, VDW a avoué dans un journal flamand que, si Mathijssen lui proposait de l’accompagner à Bruges, il réfléchirait. Il montre ainsi qu’il ne veut pas s’inscrire à tout prix dans le projet carolo, que ce soit comme T1 ou comme préparateur des gardiens. Il a passé une partie de son enfance à Bruges et y a connu ses plus belles années de joueur.

4) Un discours d’école primaire.

Quand Vande Walle prend la parole, on croirait entendre un gamin. S’exprimer sur les choses du foot, cela s’apprend aussi à l’école des entraîneurs. A partir du moment où Vande Walle n’a pas fréquenté ces bancs, il ne peut pas avoir le discours ad hoc. Durant les heures qui ont suivi son premier match avec le training de T1, il n’a pas arrêté d’évoquer ce qu’il avait dans son pantalon…

Mommens part

Raymond Mommens rejoindra la cellule de scouting d’Anderlecht dès cet été. Ce sera annoncé officiellement la semaine prochaine. La fin d’une grosse tranche de vie ! Mommens a joué 309 matches pour les Zèbres, il a été adjoint et entraîneur principal de l’équipe Première (il a le diplôme UEFA-A qui permet d’être T1 jusqu’en D2 ou adjoint en D1), et ces dernières années, il était responsable du scouting et de la prospection.

Depuis plusieurs mois, il n’était plus en odeur de sainteté et l’offre d’Anderlecht est tombée à pic. Les naïfs ne s’offusqueront pas : Mogi Bayat répète que tous les transferts réussis portaient sa propre griffe et que Mommens se contentait d’aller visionner les joueurs qu’il lui renseignait. L’avenir nous apprendra si l’ancien Diable Rouge était indispensable ou pas chez les Carolos. Mommens est toujours sous contrat à durée indéterminée au Sporting :  » Je pars quand je veux, moyennant un préavis d’un mois et demi. Je ne sais pas si on m’obligera à le prester « .

Brogno dit qu’il reste

Dante Brogno a encore un an de contrat au Sporting. Mais fera-t-il toujours partie du staff en juillet ? Comme Mommens, il fait partie des meubles : 389 matches en D1, 108 buts. Lui aussi y a travaillé comme adjoint puis comme entraîneur principal. Mais depuis que la direction l’a remplacé par Robert Waseige en octobre 2003, en le rétrogradant au rang d’adjoint, on sait qu’il n’a plus la confiance de ses patrons. Les événements récents l’ont à nouveau prouvé. Quand Mathijssen a été viré, il aurait été logique de promouvoir le T2. Mais c’est Vande Walle qui a été choisi. Le club a fait remarquer à Brogno qu’il avait déjà eu sa chance comme principal et qu’il avait échoué. Il ne veut faire aucun commentaire mais la déception dans sa voix est plus que palpable. Brogno détient la diplôme UEFA-Pro (Licence Pro) et a été dribblé par un homme que l’Union Belge autorise simplement à entraîner des gardiens… Fameuse claque ! Tirera-t-il ses conclusions ou l’obligera-t-on à les tirer ? Il part du principe qu’il sera toujours dans le staff pour la saison 2007-2008. Une chose est sûre : si Vande Walle reste T1 ou si le Sporting engage un nouvel entraîneur qui n’a pas le diplôme requis, Brogno devra rester car il faut au moins un diplômé UEFA-Pro sur le banc.

Siquet ne semble pas menacé

Thierry Siquet a achevé sa très longue carrière de joueur chez les Zèbres. En janvier 2006, son genou l’a lâché, et comme il était encore sous contrat, la direction l’a intégré dans le staff comme deuxième adjoint et entraîneur des défenseurs. Il a déjà suivi la première partie des cours donnant droit au diplôme UEFA-A et entamera le second volet en septembre. Siquet n’exclut pas de se lancer ensuite dans la conquête du diplôme UEFA-Pro. Il est sous contrat a durée indéterminée au Sporting et tout porte à croire qu’il gardera ses fonctions la saison prochaine.

Roex se pose plein de questions

Quand il est arrivé de Saint-Trond, Mathijssen a emmené dans ses bagages le préparateur physique avec lequel il avait travaillé au Staaien : Eric Roex. Quel avenir pour ce sosie presque parfait de Sven-Goran Eriksson ? Roex, qui a un contrat à durée indéterminée au Sporting, reste vague :  » Je me pose beaucoup de questions. Moi-même, je ne sais pas ce que je veux faire. Il est trop tôt pour en parler « .

Notaro ne s’en fait pas

Mario Notaro, qui possède le diplôme UEFA-A, est l’entraîneur du noyau B et des Espoirs. Sa cote au Sporting a chuté il y a quelques mois. Après avoir rédigé un témoignage accablant contre Gaetano Italiano, le tenancier de taverne en procès avec le club, il s’était rétracté et avait signalé que ce témoignage lui avait été dicté sous la contrainte. Ce sera peut-être le dernier clou de son cercueil. Il est sous contrat à durée indéterminée et pense qu’il sera toujours en poste la saison prochaine. L’avenir nous apprendra si Notaro est un doux rêveur ou pas.

par pierre danvoye – photos: belga

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