CERRO PORTENO – OLIMPIA

L’humiliation est un élément essentiel dans la consolidation d’une rivalité. Il n’en va pas autrement à Asuncion, capitale du Paraguay. Ici, on parle encore du Clasico de la Burla (derby de la moquerie) de janvier 1969, lorsque à 1-1, le joueur de Cerro Porteno, Miguel Angel Sosa, dribbla le gardien adverse, s’arrêta sur la ligne de but, posa le pied sur le ballon faisant mine d’attendre le gardien avant de finalement déposer le ballon dans le but. Ce jour-là, le Cerro Porteno l’emporta 4-1 face à ce qui constituait déjà son ennemi juré, le Clube Olimpia. Deux clubs de la capitale. Deux visions sociales différentes.

D’un côté, longtemps considéré comme le club de l’establishment, l’Olimpia, le decano, l’ancêtre, plus vieux club du pays, fondé par un Néerlandais venu avec un ballon et qui décida un jour d’organiser une partie sur la Plaza de Armas d’Asuncion. De l’autre, Cerro Porteno, un club créé dix ans plus tard, en 1912, dans un quartier populaire, incarnation à la fois sportive et politique, puisqu’il porte le nom d’une colline où eut lieu, en 1811, une bataille importante pour l’identité guarani (surnom des Paraguayens), opposant les forces argentines de Buenos Aires à celles du Paraguay. Dans la même veine politique, le Cerro Porteno décida d’opter pour les couleurs bleu et rouge, celles des deux partis politiques concurrents de l’époque, les Colorados et les Libéraux. A la fois un signe de patriotisme (le nom du club) et de réconciliation nationale (les couleurs) que le Cerro Porteno a résumé sur son blason (lucha et union, lutte et union).

La compétition pour savoir lequel des deux est le plus grand enflamme tous les cafés du pays. Cerro Porteno compte le plus de sympathisants et a remporté davantage de derbies. Mais le Clube Olimpia a gagné plus de titres nationaux et s’est surtout attiré la sympathie des Paraguayens pour ses succès en Copa Libertadores. En remportant la plus prestigieuse des compétitions sud-américaines à trois reprises (1979, 1990 et 2002, et finaliste de la dernière édition), l’Olimpia est le seul club du pays à avoir inscrit son nom au palmarès. Au grand dam du Ciclon, le surnom du Cerro Porteno, présent à cinq reprises dans le dernier carré de la compétition continentale sans jamais parvenir à la remporter !

Le derby de 1999, celui qu’on a nommé l’ultime clasico du millénaire, cristallise à lui seul toutes les passions. L’Olimpia a remporté le tournoi d’ouverture et le Cerro Porteno celui de clôture. Les deux clubs s’affrontent donc dans la grande finale. Alors que la manche aller se termine sur le score de 1-0 pour l’Olimpia, le Ciclon mène 2-0 dans la manche retour avant un retournement de situation et une victoire de l’Olimpia 3-2.

PAR STÉPHANE VANDE VELDE

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