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Cats on three

Médaillées de bronze au Championnat d’Europe, les Belgian Cats ont réalisé le meilleur résultat de l’histoire du basket belge. Retour sur un exploit.

« Je savais que l’on pouvait réaliser quelque chose de bien avec cette équipe nationale, mais je ne pensais pas que cela viendrait aussi vite ! » avoue Emma Meesseman. De fait : en décrochant la médaille de bronze au Championnat d’Europe à Prague, les Belgian Cats ont tout simplement réalisé le meilleur résultat de l’histoire du basket belge.

Etonnant ? Oui et non. Oui, parce que l’équipe nationale féminine sort d’une longue traversée du désert marquée par dix années d’absence des grandes compétitions internationales (une période qui coïncide avec la prétendue retraiteinternationale d’Ann Wauters) et parce que 10 des 12 joueuses sélectionnées n’avaient aucune expérience à ce niveau (hormis Ann Wauters, qui a disputé les EUROS 2003 et 2007, seule Marjorie Carpréaux, encore toute jeune à l’époque, était présente à l’édition 2007).

Et non, parce que les bons résultats enregistrés chez les jeunes laissaient présager d’un avenir radieux. En 2011, en effet, la Belgique a été championne d’Europe U18 (la génération d’Emma Meesseman et de Julie Vanloo) et vice-championne d’Europe U16 (la génération de Hind Ben Abdelkader, forfait pour cause de blessure). Et puis, contrairement aux campagnes précédentes, la Belgique a cette fois pu compter sur ses plus grands talents.

Trio magique

Le premier mérite du coach Philip Mestdagh est, en effet, d’avoir su convaincre Ann Wauters de se remettre à la disposition de l’équipe nationale. Elle a dit « oui » pendant la saison 2015-2016 durant laquelle elle a travaillé avec lui aux Castors Braine. Et elle y a (re)pris goût. « Aujourd’hui, autant dire que je ne regrette nullement ma décision de revenir », sourit-elle.

Comme la troisième place à l’EURO donne directement accès au prochain Championnat du Monde qui se disputera en septembre 2018 en Espagne, il y a de fortes chances que Wauters prolonge encore l’expérience pour une année supplémentaire, au moins. « Le problème, c’est que je ne rajeunis pas », constate-t-elle. « Je vais d’abord encore jouer une saison en Turquie, et on verra dans un an où je me situerai physiquement. J’aurai alors 37 ans. »

Outre Wauters, les Cats ont aussi pu compter sur Meesseman, alors qu’elle aurait très bien pu préférer la WNBA. « La saison américaine bat actuellement son plein », explique-t-elle. « J’ai disputé les deux premières semaines là-bas, juste avant l’EURO, parce que mon équipe des Washington Mystics a accueilli beaucoup de nouvelles joueuses et que je voulais faire leur connaissance avant de prendre le train en marche ces prochains jours, mais pendant ce mois de juin, je n’avais qu’une seule envie : être présente en équipe nationale. »

Meesseman est la fille de Sonja Tankrey, qui fut elle-même Joueuse de l’Année à deux reprises et était l’un des piliers de l’équipe de Coxyde, qui dominait le basket belge à l’époque. En 2012, alors qu’elle entamait à peine sa carrière, Emma a offert aux (Blue) Cats d’Ypres – une équipe qui a plongé dans les divisions inférieures après son départ – un doublé coupe-championnat. Aujourd’hui, elle dispute déjà sa cinquième saison en WNBA alors qu’elle n’a que 24 ans. Pendant la saison européenne, elle défend aussi les couleurs d’Ekaterinbourg, le club le plus puissant du continent où elle côtoie l’Espagnole Alba Torrens, élue MVP de l’EURO.

Meesseman, c’est un peu la nouvelle Wauters. « Moi, je ne vois pas les choses de cette façon », corrige-t-elle. « D’abord, Ann et moi ne jouons pas à la même place. Sa présence me permet d’ailleurs d’évoluer au poste 4, qui est mon poste de prédilection, tandis qu’Ann peut évoluer au 5. Je connais Ann depuis longtemps. Nous nous entendons bien et nous nous trouvons facilement sur le terrain. »

Rien qu’avec Wauters et Meesseman, les Cats peuvent déjà compter sur deux des meilleures joueuses d’Europe réunies sous un même maillot. On peut y ajouter Kim Mestdagh, la fille aînée du coach qui est une shooteuse à trois points exceptionnelle (elle en a réussi six d’affilée en finale de la Coupe de France avec Charleville-Mézières). Ces trois joueuses-là forment le triomagique des Cats. Les autres joueuses connaissent leur rôle et l’acceptent.

Le berceau des Belgian Cats se situe donc à Ypres : c’est la ville natale de Meesseman et c’est aussi de là qu’est originaire le coach Mestdagh. Logique, quelque part, puisque Ypres est la cité des… chats.

Des matches sur le fil

Ann Wauters ne regrette pas d'être sortie de sa retraite internationale.
Ann Wauters ne regrette pas d’être sortie de sa retraite internationale.© BELGA

La saison dernière, Mestdagh coachait les Castors Braine. Il a été… viré en décembre ! La saison prochaine, il entraînera Namur.

Avant de partir pour l’EURO, il annonçait des ambitions plutôt modestes. Ou réalistes, c’est selon, pour une équipe qui n’avait plus goûté à une grande compétition depuis dix ans. « Personne n’a envie de rentrer à la maison après les trois matches de poule », avait-il déclaré. « Le premier objectif sera donc d’éviter la 4e place. »

Les trois matches de poule se sont joués sur le fil et, à chaque fois, la pièce est tombée du bon côté : 66-64 contre le Monténégro, 76-75 après prolongation contre la Russie et 62-58 contre la Lettonie après avoir été mené de 9 points. Pour aller loin, c’est connu : il faut sortir de grosses prestations mais aussi, c’est indispensable, bénéficier du petit brin de chance ou d’un concours de circonstances favorables.

« Après, en terminant premier de la poule, on savait qu’on hériterait de l’Italie, un adversaire à notre portée. C’était une occasion à saisir… et on l’a saisie à pleines mains », se réjouit Philip Mestdagh. De fait, il n’y a pas eu photo : 79-66.

L’Espagne, en demi-finale, était en revanche une noix trop dure à croquer : vice-championne olympique, c’est la meilleure équipe du monde après les Etats-Unis. Mais Mestdagh a eu l’intelligence, en constatant que le match était perdu, de ménager ses joueuses majeures. Cela a sans doute porté ses fruits le lendemain, dans le match pour la 3e place, face à des Grecques qui avaient bataillé 40 minutes dans l’autre demi-finale contre la France et qui étaient déjà cramées au coup d’envoi.

La suite, on la connaît : 78-45, rien que cela. « Cette médaille, je crois que je vais la garder autour du cou pendant au moins une semaine », jubile Vanloo. « Je vais la porter à la plage, partout en vacances. Je n’ai pas de mot pour décrire le sentiment qui m’habite. »

Par Daniel Devos

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