» Carlos est devenu plus indépendant « 

Dévy Rigaux est celui qui connaît le mieux Carlos Bacca en Belgique, puisqu’il est son guide au quotidien et interprète au Club Bruges.  » Si Carlos éclate ainsi, c’est certainement grâce à son intégration au club et à la vie quotidienne. À ses débuts, pur hispanophone, il dépendait complètement de moi pour communiquer. Depuis lors, après maintes leçons, il comprend assez bien l’anglais et il se fait comprendre par des phrases simples. Il est donc devenu plus indépendant. Il ne craint plus de prendre une initiative, qu’il s’agisse de s’entretenir avec le personnel de l’école de son fils de deux ans, Carlos Daniel, de réserver une table dans un restaurant, de faire remplacer un smartphone défectueux… Je ne l’assiste plus que pour ses rendez-vous importants ou plus complexes, comme avec le médecin, le manager sportif Arnar Gretarsson ou la presse.

Le fait que l’entraîneur et plusieurs joueurs – Vazquez, Duarte, Tchité, Kujovic – parlent ou comprennent l’espagnol constitue un avantage. Carlos aide même Duarte à s’intégrer : – Tu dois faire, demander ça à untel… Il n’a pas oublié les difficultés qu’il a rencontrées lors de ses premiers mois ici. Pourtant, ses coéquipiers l’ont pris en charge. Ils apprécient beaucoup Carlos pour sa joie, son esprit positif et son sens social.

Il ne s’est pas comporté en vedette capricieuse en janvier pendant le mercato. C’est de la foutaise. Après son but à Zulte Waregem (le match durant lequel, remplacé par l’entraîneur, il a refusé de lui serrer la main, ndlr), tous ses coéquipiers ont couru vers lui. Ils ne l’auraient jamais fait s’il s’était comporté en star. Il s’entend bien avec Tchité, qui est pourtant un rival. Avant les play-offs, alors qu’il était en Colombie, il m’a demandé des nouvelles de ses coéquipiers. C’est éloquent, quand même ?

La famille est prioritaire. Jetez un coup d’oeil sur son compte Twitter : il est rempli de photos de famille. Il est donc normal que durant ses premiers mois en Europe, il se soit senti solitaire, sa femme Shayira et leur fils étant restés en Colombie. Depuis qu’ils l’ont rejoint et que son père Gilberto, devenu un fervent supporter du Club Bruges, a passé trois mois en Belgique avec sa mère Eloisa, il se sent pousser des ailes. Sa famille l’a énormément soutenu, surtout avant et après la naissance de sa fille Karla Valentina le 31 janvier dernier.

Carlos est très croyant. Avant un match, il se plonge souvent dans un livre sur la foi. Il croit aussi en lui-même. Quand je lui souhaite bonne chance, je le vois déborder d’assurance. C’est un travailleur, un jusqu’au-boutiste qui sait ce qu’il veut sans nourrir d’ambitions excessives. Il est pondéré et équilibré, dénué d’arrogance sans être trop bon. La façade ne l’intéresse pas. Il est aussi d’un naturel très reconnaissant. En octobre, quand je l’ai accompagné en Colombie pour deux matches internationaux, il m’a présenté à sa famille et à ses camarades comme son meilleur ami belge. J’ai vraiment eu l’impression d’être un des leurs. J’ai une fois de plus constaté sa chaleur, sa gaieté et sa modestie. Même au vol retour, en compagnie de nombreux internationaux colombiens, des vedettes, il m’a impliqué dans toutes les conversations. Jamais je n’ai eu l’impression d’être la cinquième roue de la charrette.

Je l’ai rarement vu aussi heureux que cette semaine-là, notamment parce qu’il a marqué contre le Cameroun, à Barranquilla, sa ville natale. Il rêve de remporter la Coupe du Monde 2014. Il se livre à fond à chaque match, à chaque entraînement. Vise-t-il un championnat plus relevé ? Peut-être, si c’est profitable au Club et à lui-même. « 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire