Capitaine silence

Repris par Didier Deschamps pour la rencontre face à l’Uruguay et pisté par le Milan AC, l’arrière est, avec Younès Belhanda, le joueur le plus hot des champions de France en titre.

15 mai 2012. A un peu plus de trois semaines de l’ouverture de l’EURO en Pologne et Ukraine, Laurent Blanc, sélectionneur de l’équipe de France, rend une liste de 26 joueurs. Outre Yoan Gourcuff, auteur d’une saison décevante, la surprise du chef se nomme Mapou Yanga-Mbiwa. Mis en balance avec Mamadou Sakho pour le dernier poste de défenseur axial, le Montpelliérain obtient finalement la préséance sur le Parisien qui paie sa mauvaise fin de saison. Un joli cadeau pour le défenseur d’origine centrafricaine qui reçoit là sa première convocation le jour de son 23e anniversaire.

Mais la joie est de courte durée : deux semaines plus tard, à l’heure du choix définitif, Yanga-Mbiwa fait partie des trois éléments excédentaires appelés à quitter le groupe en compagnie de Gourcuff et Loïc Rémy, blessé. Une claque pour le footballeur, qui prend malgré tout la décision avec philosophie :  » Je suis déçu de ne pas continuer l’aventure mais j’étais venu pour apprendre et c’est ce que j’ai fait donc je ne retiens que du positif. Je respecte le choix du coach. C’est maintenant à moi de progresser pour revenir un peu plus armé.  »

Des paroles sages dans la bouche du jeune homme, né à Bangui, en République centrafricaine.

Éclosion à Montpellier

Ce n’est qu’à l’âge de huit ans que Mapou quitte l’Afrique avec sa famille, destination Port de Bouc, quartier réputé difficile de la région marseillaise. Comme de nombreux jeunes Phocéens, ce n’est pas à l’OM qu’il aboutit mais au reconnu centre de formation de Montpellier, le club cher à Louis Nicollin. A l’âge de 17 ans, en 2006, il y signe son premier contrat pro. Le club héraultais évolue alors en Ligue 2 et le jeune Africain fait nombre dans le noyau, il ne foule la pelouse qu’à une seule reprise : lors d’une défaite (1-0) face à Bastia. La saison suivante, Rolland Courbis remplace Jean-François Domergue à la tête de l’équipe, un changement capital dans la carrière de Yanga-Mbiwa. L’ex-coach marseillais lui fait rapidement confiance et l’aligne à 34 reprises durant la saison, principalement en tant que latéral gauche : sa carrière est lancée.

Sa fougue et son inexpérience lui jouent parfois des tours mais le Montpelliérain s’impose rapidement comme un des meilleurs défenseurs de L2 et est un des grands artisans de la remontée au premier échelon national du MHSC la saison suivante.

Après le départ de Courbis, René Girard, le nouvel entraîneur décide de profiter de sa polyvalence et le place de l’autre côté de la défense, au back droit. Mapou ne déçoit pas et livre à nouveau des prestations de haut vol qui permettent notamment à son équipe de décrocher une belle qualification pour l’Europa League. Déjà approché par l’équipe nationale centrafricaine, il décide de reporter son choix à plus tard et accepte ses premières convocation avec l’équipe Espoirs française d’ Erick Mombaerts.

La saison suivante est plus compliquée pour Montpellier qui ne termine que 14e de L1 mais Yanga-Mbiwa, replacé dans l’axe aux côtés du fougueux Bosnien Emir Spahic, attire tous les regards. Son impact physique impressionnant et son placement sans faille font de lui un des meilleurs arrières du championnat malgré quelques fautes techniques. Le LOSC ne s’y trompe et tente alors de l’attirer mais s’oppose à une fin de non-recevoir de la part de Nicollin et Girard.

Un caractère bien trempé

Si ses prestations sur le terrain parlent pour lui, le jeune homme a également alimenté la chronique l’année dernière. Exclu pour une deuxième carte jaune contre Bordeaux, il a eu une réaction pour le moins étonnante : à son entrée dans le couloir menant au vestiaire, il est abordé par un journaliste qui lui demande s’il comprend son exclusion. Le Montpelliérain, regard noir, fixe la caméra durant plusieurs secondes avant de lâcher un cinglant  » Posez-moi encore une question et vous allez voir ! »

Un comportement qui a fait couler beaucoup d’encre avant que le joueur au caractère bien trempé ne se confonde en excuses quelques temps plus tard. L’incident ne viendra heureusement pas gâcher la superbe saison du Pailladin. Nommé capitaine malgré sa discrétion dans le vestiaire et titulaire incontestable dans l’axe de la défense en compagnie du Brésilien Vitorino Hilton, Mapou contribue à faire de Montpellier la meilleure défense de L1 et, surtout, à remporter le titre au nez et à la barbe du PSG des Qataris.

Un succès inespéré qui va lui permettre de découvrir la Ligue des Champions avec son club de toujours. Quoique… Ses performances ne sont pas passées inaperçues et le jeune homme, dont le contrat prend fin en juin 2013, est courtisé par de nombreux clubs. L’offre la plus concrète émane de l’AC Milan mais Nicollin n’est pas disposé à brader son joyau : il réclame entre 15 et 18 millions, une somme jugée fantaisiste par les Rossoneri. Il semble donc que Yanga-Mbiwa achèvera son contrat dans l’Hérault. Mais le mercato n’est pas encore fini…

PAR JULES MONNIER – PHOTO : IMAGEGLOBE

 » Posez-moi encore une question et vous allez voir ! »

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