Ça se discute

Sclessin a changé de visage cette saison avec une ribambelle de nouveaux. Quelle est leur valeur ajoutée, basée sur leurs prestations en championnat et en Coupe ?

Mémé Tchité (11m/7b) – 8/10

Dès son retour au Standard qui déboursa 2 millions d’euros pour s’offrir ses services, la flèche noire a transformé toute l’équipe.

+ Orphelin d’ Igorde Camargo, Milan Jovanovic et Dieumerci Mbokani, le secteur offensif était à la rue. Mémé Tchité a apporté sa vitesse, son métier, son sens du but. Avec lui en pointe, la ligne médiane a retrouvé des points de repère et des appels en profondeur. Son calme et son métier sont précieux. Son jusqu’au-boutisme fait régulièrement la différence comme ce fut le cas en Coupe contre Genk. Vitesse, lucidité et adresse sont ses atouts les plus décisifs.

Il sait se faire oublier, avant de surgir en trombe dans les espaces mais mise parfois trop sur cet atout, au point de se désintéresser du jeu et de son élaboration. Malgré son passage en Espagne, Tchité est resté l’homme des contres et de la profondeur. Il reste à l’affût et se joue des défenses mais manque un peu de body dans les duels.

Laurent Ciman (14m/1b) – 7/10

Les consultants les plus pointus, n’y croyaient pas. Marc Degryse a dit un jour qu’il  » espérait que Georges Leekens ne songe pas à lui confier les clefs de la défense de l’équipe nationale  » et même Robert Waseige était un peu hésitant à propos du Carolo. Acquis gratuitement dans le cadre d’un échange avec Marcos, Laurent continue sur sa lancée de Courtrai où le Club Bruges l’avait loué.

+ Aligné à l’arrière droit (sa place préférée) en début de saison, l’ancien Zèbre a parfaitement dépanné au centre de la défense où nombre de duos ont battu le beurre. Sa polyvalence est intéressante. Il détient une belle frappe et s’est tout de suite fondu dans le collectif liégeois au point de devenir un des meilleurs potes de Steven Defour. Quand le problème de l’axe central de la défense sera enfin résolu, il se réinstallera de gaieté de c£ur à l’arrière droit. C’est important pour lui car c’est uniquement à cette place qu’il peut s’imposer en équipe nationale.

Il se retourne parfois difficilement contre des attaquants feux follets et a encore des moments d’absence ou de déconcentration, ce qui explique des cartons jaunes évitables.

Mbaye Leye (11m/1b) – 6/10

L’attaquant sénégalais avait mis les voiles à Gand pour deux choses : pas envie de retrouver Francky Dury, son T1 à Zulte-Waregem ; et ras la casquette de faire la ligne à Gand. Cédé aux Rouches pour un million d’euros, il espérait jouer en pointe mais doit se contenter de l’aile gauche. Caramba !

+ Intelligent, doté d’une bonne lecture du jeu, cette forte personnalité a compris que ses chances d’expression étaient limitées en pointe. Tchité et Cyriac forment le duo numéro 1. Eric Bokanga et Luigi Pieroni attendent leur chance aussi : la concurrence est donc sévère.

Que fera-t-il le jour où Franck Berrier s’installera à droite et que Mehdi Carcela retrouvera son flanc gauche ? Ne dit-on pas aussi que le Standard cherche un flanc gauche ? Leye a beau faire tout ce qu’il peut, ses atouts défensifs (récupération du ballon, décrochage pour aider l’arrière gauche) sont forcément limités.

Daniel Opare (12m/1b) – 6/10

Ses premiers pas au Standard avaient engendré de grands espoirs. Pour le moment, il en est resté là.

+ Daniel Opare a des qualités de chef de file et n’avait pas hésité à donner des directives à ses équipiers lors de ses premiers matches. Le bilan de sa préparation avait été bon car il pouvait se débrouiller à gauche ou à droite (son flanc préféré). Ses montées peuvent être intéressantes.

Opare s’est parfois cru plus beau qu’il ne l’est et a été écarté pour qu’il réfléchisse sur le chemin à parcourir. Arriver de l’équipe B du Real Madrid ne suffit pas pour faire son trou en D1 belge. Son adaptation n’est pas terminée.

Luigi Pieroni (8m/1b) – 4/10

Il est revenu au Standard après avoir pas mal bourlingué. Même si cela ne rigole pas trop pour lui, sa mentalité est exemplaire.

+ On connaît ses atouts : ce pivot a besoin de ballons en zone de vérité. Ses qualités athlétiques et sa facilité dans les airs au deuxième poteau ne sont pas négligeables. Dans l’arsenal offensif du Standard, il est le seul véritable bélier. Même si le Standard mise sur la vivacité avec ses petits formats, il faut parfois passer en force : on pense alors au joker Pieroni. Il mesure que sa carrière tire à sa fin.

– Prisonnier de son image de bonne pâte, même de loser. Même s’il sent les coups, Pieroni a toujours manqué d’explosivité et cela ne s’arrangera pas avec les années qui passent.

Eric Bokanga (14m/1b) – 4/10

Pas facile d’affronter les regards qui espèrent découvrir un nouveau Dieumerci Mbokani. Le Congolais a encore besoin de temps.

+ Solide, Eric Bokanga est explosif, travailleur. Il va au charbon et peut être surprenant pour ses adversaires. Bonne technique individuelle.

Bokanga découvre la D1 et le football européen. Mbokani avait tout de suite cassé la baraque à Liège mais cette éclosion avait été précédée par son passage d’un an en équipe réserve à Anderlecht. Comme tous les footballeurs africains (voir Cyriac), Bokanga a besoin d’un an pour intégrer parfaitement les données techniques et tactiques du football belge.

Aloys Nong (7m/1b) – 4/10

Titulaire à Malines qui a palpé 1,25 million d’euros à son départ, Aloys Nong ne s’est pas encore imposé au Standard. Il aura l’occasion de rectifier le tir.

+ Explosif, il a le sens de la profondeur. Mentalité exemplaire même s’il est barré par Tchité et Cyriac. Freiné par une blessure à son arrivée à Sclessin, il ne s’est pas découragé. Sa tonicité lui rendra des services.

– Même s’il a bourlingué, de Liège à Malines, en passant par le FC Brussels, Nong n’a pas encore connu le top niveau. Malines est une grande famille. Au Standard, les égos sont forcément plus aiguisés. Nong devra être plus concret à la finition.

Danilo (3m/0b) – 3/10

Le fils de Wamberto respire la facilité balle au pied. Espoir de l’Ajax d’Amsterdam, il n’y fit pas son trou. Quid au Standard ?

+ Son registre technique est important mais, comme on l’a vu en préparation ou lors de ses rares apparitions en championnat, ce capital est hypothéqué par son énorme désir de bien faire.

Il est trop léger pour le moment pour assumer des missions importantes dans la ligne médiane. La concurrence y est trop forte, mais il pourrait s’en sortir à force de travail. Sa post-formation n’est pas terminée.

Srdjan Blazic (2m/0b) – 3/10

Ce gardien de but monténégrin, international dans son pays, qui joua en Grèce la saison passée, est venu au Standard avec beaucoup d’ambitions. Deux bourdes risquent de lui coûter cher.

+ Il a fait bonne impression à son arrivée. Grand (1m98), avec un bon vécu en Grèce, Srdjan Blazic a été recruté pour entrer en concurrence avec Kristof Van Hout, la doublure de Sinan Bolat. Hans Galjé, le préparateur des gardiens, ne doute pas de lui et Dominique D’Onofrio l’a protégé après ses gaffes contre l’Antwerp et en championnat au Club. Sa taille constitue un atout, son sens de l’autocritique aussi.

Sa stature est à la fois un plus et un moins. Des spécialistes estiment que la taille idéale d’un gardien se situe entre 1,85 m et 1,95m. Plus  » haut « , les gardiens souffrent généralement d’un déficit de coordination, sont malhabiles balle au pied, n’ont pas une course déliée, sont lents au sol, etc. C’est le problème de Blazic mais aussi de Van Hout. Ne serait-il pas temps de faire confiance au portier prometteur des Espoirs, Anthony Morris ?

Hans Dibi (1m/0b) – 2/10

Ce médian défensif a fait parler de lui la saison passée dans des conditions difficiles au FC Liège.

+ Costaud, il a les armes d’un médian défensif. Hans Dibi a appris à se faire respecter dans les séries inférieures du football français.

Il y a évidemment un immense écart entre le FC Liège (qui a quitté la D2 la saison passée) et le Standard, entre un cercle en crise et un des ténors de la D1. Dibi a-t-il tenté trop vite le grand écart ? N’aurait-il pas été intéressant pour lui de roder son jeu dans un club moins prestigieux ? Dibi a signé un contrat de deux ans dans un club qui a l’habitude de terminer la formation ou de relancer des joueurs auxquels personne ne pense. A lui de forcer le destin.

Alen Pamic (0m/0b) – 1/10

Avec lui, les Rouches espéraient avoir mis la main sur un éventuel successeur de Marouane Fellaini au centre de la ligne médiane. Pour le moment, cela reste du domaine des rêves.

+Alen Pamic a de la taille et cela lui assure une certaine présence comme ce fut le cas dans les matches de préparation. Pamic est issu d’une famille de footballeurs et son père, Igor, a été international croate.

Il est handicapé par son démarrage. Il a besoin de temps de jeu pour progresser et le Standard ne peut pas lui en offrir pour le moment. Si ce constat se confirme avant les fêtes de fin d’année, Pamic devra peut-être songer à une location durant le mercato d’hiver afin de se faire les dents dans un autre club avant de revenir au avec plus d’atouts.

Franck Berrier (0m/0b) – 0/10

Le magnifique médian français de Zulte-Waregem n’a évidemment rien apporté en raison de sa blessure au genou (ligaments croisés). C’était un transfert (prix : 1,5 million d’euros) à risques.

+ Il se bat comme un lion depuis le début de sa rééducation et c’est significatif quant à ses ambitions, sa mentalité, son professionnalisme. Quand il sera totalement prêt (janvier ?), Berrier apportera son coup d’£il, ses ouvertures, ses frappes, une belle présence sur la droite de la ligne médiane avec, de plus, des décalages intéressants vers le centre.

Pour le moment, ce transfert est raté mais c’est en fin de saison qu’il faudra dresser le bilan. Une rumeur a fait état d’une première intervention chirurgicale ratée quand il était encore à Zulte-Waregem. Vrai ou faux ? On ne le saura jamais mais est-ce que cela avait échappé aux spécialistes lors des examens qui ont précédé son arrivée au Standard ? Toujours est-il qu’il est passé une deuxième fois sur le billard.

Tom De Mul (0m/0b) – 0/10

Pour le moment, l’ancien feu follet de l’équipe nationale Espoirs est toujours à l’infirmerie du Standard. Il espérait vivre autre chose en revenant en Belgique.

+ Même s’il est revenu un peu rouillé et blessé de Séville, Tom De Mul finira bien par retrouver son niveau. Le rôle qui lui était attribué était taillé sur mesure pour lui : filer sur l’aile et bien écarter le jeu. En somme, il était, plus que Berrier et Carcela qui ont d’autres atouts, le successeur tout indiqué du Wilfried Dalmat version première saison au Standard.

La chance lui a tourné le dos pour le moment. Le Professeur De Jaeger de Strasbourg s’est penché sur ses adducteurs qui le torturent. D’après le joueur, réopéré au CHU de Liège, cette pubalgie (indécelable avant son transfert ?) ne sera plus qu’un mauvais souvenir en janvier. D’autres sources affirment qu’il fait preuve d’un trop grand optimisme. n

PAR PIERRE BILIC – PHOTOS: REPORTERS

Même s’il est revenu un peu rouillé et blessé de Séville, Tom De Mul finira bien par retrouver son niveau.

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