Bruxelles qui rit, Brussels qui pleure…

Les entraîneurs des clubs qui participent au bal des PO1 connaissent, il n’y a pas à en douter, les caprices de la lune rousse, le cauchemar des agriculteurs. Cette année, ce phénomène de la nature frappe du début avril aux premiers jours de mai, exactement durant le sprint final de la D1. Inquiétant car, sous le regard de l’astre blanc débarrassé du moindre nuage, il fait alors tellement froid durant la nuit et au lever du jour que les végétaux, feuilles et jeunes pousses sont dévastés, roussis par le gel. La température a brusquement baissé au cours des matches des P01, le machin qu’on appelle championnat de D1, dont le but, disait-on à sa naissance, était de relever le niveau de jeu de nos clubs. C’est parfois le cas, mais trop rarement, et les coaches, soucieux et paralysés par l’enjeu financier, ne vendent plus que leur stress et leur peur au ventre. Ils étaient contents après le Clasico, Mircea Rednic et John van den Brom, certains d’avoir assisté à une bonne rencontre. C’est fou alors que les regards des spectateurs étaient plus dans la lune (rousse) que sur le terrain. S’il entend faire fructifier son acquis, Rednic devra peut-être changer son fusil d’épaule vendredi à Zulte Waregem et jouer un peu plus haut. Van den Brom a un rire de plus en plus pincé. On ne le reconnaît plus avec 6 points sur 18 lors de ses six derniers matches, 1 point sur six depuis le débuts des PO 1 : il y a le feu chez lui.

Anderlecht ne décrochera pas un nouveau titre en n’attaquant pas. Le retour de Dieumerci Mbokani est vital. Lucas Biglia peut raconter ce qu’il veut : Anderlecht ne peut pas se passer de son attaquant de pointe congolais, indispensable contre le Club Bruges du jeune attaquant le plus doué de D1, Maxime Lestienne, 20 ans. Celui-là, il plonge aussi bien que Greg Louganis et Léon Semmeling (que de penaltys obtenus durant les années ’60), et le coup de réparation qu’il a obtenu à Lokeren, n’est pas un exemple de sportivité. A part cela, quelle classe : pourvu qu’il puisse jouer offensivement dimanche à Anderlecht ; le public de la capitale adore le talent. Loin de là, Charleroi et Mons ont bien écrit leur devoir des PO2. EnzoScifo joue la gagne et prépare intelligemment la saison prochaine. Dans cet esprit, et avec l’apport de Dimitri Mbuyu, qui se débrouille depuis des années avec un budget rikiki, les Dragons s’installent de plus en plus confortablement en D1. Charleroi, de son côté, a retrouvé la sérénité après son sauvetage et trop de moments chauds : OHL s’en est rendu compte et le retour du jeune Dorian Dessoleil indique la voie à suivre. Ce club doit être celui des enfants du Pays de Charleroi, comme Dessoleil.

En D2, Ostende est champion haut la main. Les Côtiers ont signé un très beau parcours. Si la tendance actuelle se confirme, Mouscron-Peruwelz, Westerlo et le White Star prendront part au tour final ; et au cas où le Beerschot, sans le sou comme le club du Stade Fallon, y prendrait part, cela fera bel et bien deux clubs sur quatre dans la dèche, incertains de décrocher une licence pour la D1. Vous avez dit problème ? Oui, gros problème. Si Bruxelles rit malgré tout, grâce à Anderlecht, toujours maillot jaune, le Brussels pleure, victime de la peste et du choléra, éternellement surpris par l’un ou l’autre tsunami, obligé d’aligner un gardien de but, Cyprien Baguette, au poste d’avant-centre. Johan Vermeersch, difficile à comprendre mais tellement attaché au football à Molenbeek, a promis de tout faire pour que son club, qui reçoit Dessel ce samedi, garde sa place en D2. Tout cela, et les cortèges de disputes, paraît tellement vain, triste, désespéré, froid comme une lune rousse.

PAR PIERRE BILIC

Lestienne plonge comme Louganis et Semmeling mais à part cela, quelle classe !..

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