MuhammadAli est le plus grand sportif de tous les temps. Juste devant MichaelJordan. JohnCarlos et TommieSmith (les deux athlètes américains qui ont brandi leur poing ganté de noir sur le podium des JO de Mexico) sont deux de mes héros. Les labels Motown et Stax ont, depuis toujours, bercé ma vie. La voix d’OtisRedding est une bonté divine.

Le Blues de Lightnin’Hopkins, une bonté terrestre. J’ai lu avec bonheur toute la collection SoulFiction (que des romans d’écrivains black) des Editions de l’Olivier. SpikeLee me bouleverse à chaque film comme, ne fût-ce que, l’ombre de PamGrier ou HalleBerry. J’ai croisé un jour une de ces ombres. C’était la nuit du réveillon. A New York. Je l’ai suivie dans une party à Brooklyn. J’étais le seul  » Blanc « . Un grand moment. J’ai même eu l’impression de savoir danser. J’étais chez moi.

Vous l’aurez compris, pour moi, Black is beautiful. D’ailleurs, partout où j’ai joué, j’étais toujours pote avec  » Messieurs les Ambassadeurs « . Question de feeling ? De coolisme ? De rythme ? De savoir-vivre ? Un jour, SergeKimoni m’a dit :  » Man, tu rembourses la dette coloniale.  » Pas du tout. Alors je l’ai traité de  » bounty « . Noir à l’extérieur, blanc à l’intérieur. Il m’en veut toujours mais on s’aime quand même.

SundayOliseh m’appelle son frère blanc. C’est vrai que j’ai jamais été très bronzé. De coeur oui, du reste non. Kim et Sunday aimeraient devenir entraîneurs. Ils ont du mal à trouver. Sunday, je l’appelle le  » scanner « . Vous regardez un match avec lui et après 10 minutes, il vous explique comment il va se dérouler. En fait, il nous déroule le tapis rouge de la connaissance. C’est très souvent juste.

Mais pas toujours car il y a l’indispensable, l’inévitable et tellement précieuse incertitude du sport. Sunday rêve d’entraîner au plus haut niveau. Il trouve pas. Cet été, il devra se contenter d’être consultant à la Coupe du Monde. Pour la BBC et CNN International. Rien que ça. Ça l’aidera peut-être.

Mais, en fait, pourquoi y’a pas d’entraîneur black dans le foot ? Ou presque pas. Sur le terrain, souvent, ils nous montrent le chemin. Pourquoi ne pourraient-ils pas nous guider dans un vestiaire et sur un banc ? Chez nous, on a StanleyMenzomanontroppo. Il assure. Y a bien RuudGullit, FrankRijkaard et ClarenceSeedorf. Des Hollandais…

En Premier League y avait ChrisHughton, il vient d’être viré. Si bien que sur les 44 équipes de D1 et D2 anglaises, il ne reste que PaulInce à Blackburn. Ça fait du 2 %. Alors que rien qu’en Premier League, 30 % des joueurs sont d’origine africaine. Pourquoi les présidents de clubs se précipitent sur le talent des joueurs mais refusent de laisser leur talent d’entraîneur s’exprimer ?

 » Parce qu’ils pensent que nous ne sommes pas assez éduqués ! « Brawns but no brains », « Du muscle mais pas de cerveaux ». C’est décourageant pour tous ces joueurs qui veulent devenir coach « . Ainsi parle MichaelJohnson, formateur à la Birmingham Academy et qui a eu le  » privilège  » de coacher en D2 pendant…2 jours.

Du côté des décideurs du foot anglais, là aussi, ça lave plus blanc que blanc. Quoique, histoire de se donner bonne conscience, RioFerdinand vient d’être intégré. Le problème existe partout. La NFL a instauré une loi en 2003. La Rooney(si si) Rule. Depuis 25 ans, un seul coach afro-américain avait trouvé de l’embauche alors que 70 % des joueurs étaient afros.

Désormais les franchises sont obligées d’accorder une entrevue à tous les coaches qui veulent le job. On est passé en trois ans à 22 % d’engagés. Bravo. Bien la preuve qu’il suffit parfois de se parler. En NBA, 80 % des joueurs sont black. A peine 20 % des coaches. Et seulement Michael Jordan comme propriétaire.

Il semble bien que dans le sport le  » magnificence black « , c’est offrir le spectacle. Mais pas encore le gérer. L’accès aux postes de direction semble verrouillé. Espoir, la fédé anglaise de foot a proposé de s’inspirer de la  » Rooneyrule « . On ne demande qu’à voir. Yeswecan… espérer. BarackObama a au moins servi à ça. Black is beautiful.

 » En sport, les Blacks, c’est pour offrir le spectacle. Mais hélas pas encore pour le gérer.  »

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