C’est fou, mais c’est toujours comme ça : quand un joueur est contacté pour un transfert sortant, il est d’office encore mieux vu par son club actuel. Dernier exemple en date : Lucas Biglia à Anderlecht. Déjà considéré comme un des piliers de la maison mauve, il est encore mieux considéré depuis que le Galatasaray est venu frapper à la porte d’ Herman Van Holsbeeck. L’Argentin, capable de jouer comme milieu défensif, est devenu de plus en plus complet sur un plan offensif, au point que sa sélection nationale s’est souvenue de ses quelques sélections en -17 et -20.

Mais comme Anderlecht n’aime plus travailler avec des joueurs qui sont en dernière saison de contrat, ce qui sera le cas du Gaucho en 2011-2012, il lui propose deux choses : signer pour plus longtemps ou partir. Dans le premier cas, il vaut mieux le caresser dans le sens du poil.  » Lucas est devenu un joueur qui a de l’autorité et le sens de l’initiative « , résume calmement Ariel Jacobs. Le coach veut faire comprendre à son médian qu’il compte sur lui, sans aller trop loin dans l’idolâtrie vu qu’il a du personnel en réserve. Cela dit, si Biglia partait vraiment, tout Anderlecht ferait la tête… même si contrairement à beaucoup de collègues, Jacobs a plutôt l’embarras du choix. Il est parti en stage en Espagne avec 32 joueurs ; le seul Olivier Deschacht étant blessé. Jean-Jacques Cloquet, l’ex défenseur du Sporting Charleroi aujourd’hui administrateur-délégué de l’aéroport de Charleroi, a été très étonné quand les Mauves ont réservé leur vol :  » Joueurs et staff technique : 45 personnes, c’est ça les grands clubs !  »

Le Standard a, lui, envoyé 26 joueurs en stage au Portugal et c’est Jelle Van Damme qui fait office de Messie pour un onze de base décimé. Le dernier cas en date étant le défenseur Felipe, blessé lors de la défaite 1-2 contre le Hertha Berlin. L’ex-Anderlechtois semble devoir entamer sa carrière rouche devant la défense, en tout cas pour la reprise puisque Steven Defour est toujours out et Axel Witsel suspendu trois matches. En l’occurrence, ce ne serait que du dépannage. Il nous étonnerait grandement que le dynamique gaucher se révèle à 27 ans comme régisseur d’une équipe. Dans sa carrière anderlechtoise, Van Damme a explosé dans la part latérale de l’entrejeu, prêtant admirablement main forte à son back et soutenant un flanc offensif.

C’est de la sorte qu’il a ébloui un Laszlo Bölöni qui a rarement les larmes aux yeux ; un flash qui a été à l’origine de la love story entre Jelle et Sclessin. D’ailleurs, après le match amical contre le Hertha, Van Damme a parodié le coach roumain sans le vouloir en disant que  » le Standard avait besoin de plus de salopards, on est trop braves « . Bref, l’international belge est actuellement déifié dans son nouveau club où le feu est plus ancré que le jeu. Il est sans doute plus à sa place dans cette culture-là.

Au Lierse, Trond Sollied, un des coaches les plus intelligents de l’histoire du foot belge, travaille sans acquits historiques et trace un nouveau sillon. Il est venu avec son staff et a immédiatement tranché dans le noyau : 23 joueurs c’est bien suffisant selon lui ; et Benjamin Nicaise – entre autres – peut aller jouer à l’éternel incompris ailleurs. Son gardien japonais Eiji Kawashima parti pour l’Asian Cup au Qatar, Sollied a aussi fait venir une vieille connaissance de Rosenborg : le gardien islandais Arni Arason, 70 sélections. Parce qu’il vaut mieux un routinier Nordique parlant anglais qu’un Japonais, certes excellent sur sa ligne, pour bien commander sa défense ? Arason (juriste diplômé !) connaît le système Sollied. A Charleroi, quel est le lien entre le coach Csaba Laszlo et les nouvelles recrues ? Qui connaît qui ? Que transmet-on ? Poser la question, c’est y répondre….

PAR JOHN BAETE

Au Standard, où le feu est plus ancré que le jeu, Van Damme est déjà déifié et sans doute plus à sa place qu’à Anderlecht.

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