Bazar au pays du Tsar

André Villas-Boas, un nom à particules pour qui tout a toujours semblé élémentaire. Les particules élémentaires, Michel Houellebecq les a mises en mots, Villas Boas aimerait les mettre en mouvement. Pour le premier, tout a toujours semblé âpre et difficile, pour le deuxième facile et doux. Le premier est déjà une certitude du présent, le deuxième a semblé plus que parfait dans un passé très proche. Mais rattrapé par le présent, son futur paraît de moins en moins simple.

Par Frédéric Waseige

Villas Boas n’y arrive plus. Il ne maîtrise plus tous ces éléments devenus trop particuliers, trop singuliers. Trop adepte du JE. Pour les joueurs, le NOUS et le pluriel rime avec 0. Les 0 qui égayent leurs contrats. Faut dire question contrat, il a fait fort André. Il n’a rien demandé mais il a été servi. Le Tsar a déboursé 15 millions pour se l’offrir. Un joujou de plus. On en trinque encore du côté de Porto. 15 millions pour un entraîneur. Record mondial battu. Un de plus pour Roman Abramovitch. L’homme qui a déboursé 50 millions d’euros pour se débarrasser de quatre coaches en quatre ans. Bye, Bye José Mourinho, Avram Grant, Felipe Scolari et Carlo Ancelotti. Welcome saint André.

Le problème dans ce monde-là, c’est qu’on peut croire en ce qu’on veut, à la fin on ne croit que ce qu’on voit et surtout ce que ça rapporte. Après 13 matches de Premier League à la tête des Blues, le bilan de Villas Boas est le pire depuis 2007, c’est-à-dire depuis les quatre précités. Même Grant a fait mieux que lui. Même Scolari ressemble à un cador à côté de lui. 10 victoires, une défaite pour le Brésilien et +28 de différence de buts. Villas Boas c’est sept victoires, quatre défaites. Battu une fois sur trois avec Chelsea. Incroyable. Et surtout, seulement +8 car déjà 17 buts encaissés. Grosse différence. Et oui, la Premier League, c’est pas la D1 portugaise. Etre champion et invaincu, c’est bien ; même au Portugal. Mais faut pas oublier que Porto a été champion sept fois en neuf ans. Certains, au Portugal, disent qu’avec le chauffeur du car, les Dragons seraient aussi champions…

Chelsea, c’est autre chose. Chelsea, c’est Abramovitch et ses caprices. L’oligarque veut toujours un max de résultats mais avec une vision à long terme. Faut rajeunir. Bravo !, mais c’est pas un cadeau pour le coach. Celui-ci doit tout doucement aiguiller les cadres sur une voie qui mène au garage. Un « gamin » de 34 ans doit faire comprendre à des « vieux » de 33 ans qu’ils n’ont plus le niveau de Chelsea. Attention au crash car faut ajouter John Terry et Nicolas Anelka. Tous ces trentenaires sans qui Chelsea serait toujours la banlieue d’Arsenal. Rajeunir rend vulnérable. Changer des habitudes qui ont rapporté des titres, c’est provoquer de l’inconfort. Faire presser haut, faire jouer la défense 10 mètres plus haut, c’est bien mais ça fait surtout 17 buts encaissés en treize matches. Lors de sa première saison, Mourinho en avait encaissé 15 sur tout le championnat. Cela dit, on s’amuse enfin en regardant Chelsea jouer mais c’est Villa Boas qui rit jaune. Tiens en parlant jaune, les Blues l’on déjà vu 30 fois et trois fois rouge. Personne n’a fait pire en Premier League. Plus deux rouges en Coupe de la Ligue. Y a comme un signe. Didier Drogba et Fernando Torres exclus pour des tacles qu’ils n’aimeraient pas subir. Les trois autres punis étaient dernier homme et dépassés. Et oui, jouer haut exige un pressing parfait et constant car cela offre de l’espace dans le dos. La défense qui s’offre aux attaques. Des adversaires et de la presse. Fini le temps du ciment Terry- Ricardo Carvalho. Place à l’argile fragile Terry- David Luiz. Pas la même chose. Luiz est plus talentueux mais aussi plus impétueux.

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