Avec Milla aux pyramides

Bruno Govers

Ma première expérience en Coupe d’Afrique des Nations remonte à 1986. Cette année-là, la phase finale a lieu en Egypte, dans les villes du Caire et d’Alexandrie. Indépendamment des Pharaons locaux, l’autre grand favori de l’épreuve est le Cameroun, emmené par Roger Milla.  » Une interview ? Pas de problème «  nous dit-il en tout début de compétition.  » L’équipe a quartier libre cet après-midi. Venez donc à 14 heures à l’hôtel, on aura le temps de discuter. »

L’entrevue, le jour même, se déroule dans la bonne humeur. Le roi des LionsIndomptables, âgé de 34 ans à l’époque, ne voit pas d’inconvénient non plus à se déplacer sur le plateau de Gizeh, histoire de faire quelques clichés, couleur locale, devant le sphinx et les pyramides. Reste, toutefois, à obtenir le feu vert de l’entraîneur de la sélection camerounaise, le Français ClaudeLeroy.

 » Comme rien n’est prévu au programme, je vous confie Roger « , précise-t-il.  » Mais à une condition : il faut me le ramener sain et sauf. «  A 16 heures, le joueur, le photographe Henri Swarc et moi embarquons dès lors dans un taxi en direction d’un des sites touristiques les plus courus d’Egypte. Vu l’intensité du trafic, nous mettons près de nonante minutes pour arriver à pied d’oeuvre.

Sur place, notre homme se prête de bonne grâce au jeu des photos. Bon prince, il répond aussi aux sollicitations des chameliers qui, en échange d’une pose à ses côtés, lui proposent un tour à dos de chameau. Milla enfourche une bête, puis une autre, puis encore une autre… Il va sans dire que le temps passe. Et devinez donc qui se pointe sur le coup de 20 heures là-bas ? Claude Leroy en personne.

 » Je suis ici pour le Son et Lumière. Mais toi, Roger, qu’est-ce que tu fais encore en ces lieux à cette heure tardive  » dit-il à la vedette.  » Ben, coach, comme on n’avait pas d’obligations, je me suis dit que… que… je profiterais de l’occasion pour assister au spectacle aussi. Et puisque vous êtes là, on peut peut-être le regarder ensemble.  »

 » Mouais, ce n’est évidemment pas à un vieux singe comme toi que je vais apprendre à faire des grimaces «  rétorque le sélectionneur. Dont le dernier mot est pour nous. Encore merci de me l’avoir restitué en mains propres « . L’épisode, un peu plus long que prévu, n’a finalement pas d’incidences sur le tournoi de notre homme. La preuve ? Celui-ci en est désigné meilleur acteur devant un autre attaquant, égyptien celui-là : Tarek Abou Zeid. Comme quoi le mot récréation rime parfaitement avec prestation…

BRUNO GOVERS

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