Assurance vie

C’est grâce à cet attaquant qu’un air de sirtaki résonne dans les stades de Bundesliga. Chaque week-end ou presque…

Le championnat d’Allemagne est à mi-chemin et Theofanis Gekas (30 ans) est en tête du classement des buteurs : ça vous étonne ? Gekas, c’est  » le  » voleur de goals. Un palmarès collectif qui sent la misère (il n’a jamais porté le maillot d’un géant, si ce n’est le Panathinaikos) mais une jolie étagère de collections individuelles : meilleur buteur du championnat de Grèce 2004-2005 (Panathinaikos), la même chose en Bundesliga en 2006-2007 (Bochum), premier réalisateur de la zone Europe dans les qualifications pour la Coupe du Monde 2010. Juste devant Wayne Rooney, par exemple. Et cette fois encore, c’est bien parti.

La carrière de Gekas décolle vraiment en 2006. Il s’est imposé chez lui, mais ce n’est  » que  » le championnat de Grèce. Il a des envies de voyage. Le Pana lui propose de prolonger pour une très longue durée avec de gros chiffres. Il n’en veut pas. Il part pour un an à Bochum, qui ne débourse que 300.000 euros en frais de location. Le retour sur investissement sera exceptionnel. Très vite, il commence à marquer avec cette formation très moyenne. On le surnomme le Dieu grec. Son coach, Marcel Koller, le désigne comme l’assurance vie de Bochum. Gekas termine meilleur buteur et sauve la peau du club presque à lui seul.

Il poursuit par un transfert plus haut, à Leverkusen. Son salaire est multiplié par quatre, il palpe alors deux millions par saison. Mission : se battre avec le futur Mauve Dmitri Bulykin pour une place dans l’équipe de base. Tout commence bien : il marque sept buts (15-1…) lors du premier match de préparation. La suite est moins drôle. Il joue, de temps en temps. Il marque, parfois. Mais ne répond pas réellement à l’attente.

Cauchemar anglais

Sa grosse erreur d’aiguillage vient en janvier 2009. Theofanis est malheureux à Leverkusen et accepte un prêt à Portsmouth. Le crash est spectaculaire. Il y a d’abord le C4 presque immédiat du coach qui l’a recruté : Tony Adams. Ensuite une collaboration houleuse avec le nouveau T1, Paul Hart. En plein ras-le-bol, Fanis se lâche dans la presse :  » Je ne suis pas venu en Angleterre pour passer mes journées en terrasse ou faire du tourisme. Je ne mérite pas ce que mon entraîneur me fait. J’ai quand même un CV qui mérite le respect. Je n’ai pas montré suffisamment en Allemagne de quoi j’étais capable ? J’ai quitté un bon club de Bundesliga pour venir ici, dans une petite équipe qui va avoir du mal à se maintenir. Je pourrais l’aider mais on ne m’en donne pas l’occasion.  »

Des journalistes grecs qui lui rendent visite n’en croient pas leurs yeux. Ils découvrent un homme effondré et expliquent aux Anglais :  » Vous n’êtes pas conscients du niveau de ce joueur ? Partout où il est passé, il a marqué plein de buts. Avec ses clubs. Avec l’équipe nationale. Il joue dans la sélection grecque, hein ! Pas avec Kuala Lumpur ! « 

Mais la demi-saison britannique de Gekas est catastrophique jusqu’au bout. Il quitte même le club avant la fin du championnat : il n’a plus trop le choix, il a achevé de se brouiller avec son coach et ses dirigeants quand il a refusé de jouer avec l’équipe Réserve. Bilan final : pas une titularisation, et une seule montée au jeu.

0,45 but/match

Rentré en Bundesliga, il retrouve ses sensations et on ressort l’air du sirtaki, diffusé après chaque but marqué par Gekas à domicile. D’abord au Hertha Berlin et, depuis l’été dernier, à Francfort. Il en est à 14 buts dans le championnat en cours. Et sur l’ensemble de son parcours en Bundesliga, il tourne à près de 0,45 but/match. Une moyenne m/b exceptionnelle. Qui l’inspire ? Gerd Müller, légende du Bayern, auteur de presque 400 goals rien qu’en championnat dans les années 60 et 70.  » C’est mon modèle absolu « , lâche Gekas.  » Je regarde des DVD de ses matches, j’observe sa manière de se déplacer et de se positionner.  » Le Grec marque facilement du gauche, du droit et du front.  » C’est une bombe « , résume son coéquipier Mike Franz.

En juin, Gekas était titulaire dans une équipe grecque qui a marqué l’histoire : ce pays a remporté la toute première victoire de son histoire lors d’une phase finale de Coupe du Monde, contre le Nigeria. Mais c’est pour ainsi dire la seule satisfaction du joueur avec sa sélection. Là-bas aussi, il a scoré énormément : 20 fois en 52 matches, ce qui en fait le cinquième buteur de tous les temps pour la Grèce. Et si rien ne change, ça restera son bilan final car peu après le retour d’Afrique du Sud, il a annoncé son retrait définitif  » pour raisons personnelles « .

Avec un sérieux goût de trop peu. En 2004, il n’était pas encore dans le groupe sacré champion d’Europe. Un rien trop tôt. En 2005, il a débuté lors de la Coupe des Confédérations : les Grecs y ont été catastrophiques. En 2006, le pays n’était pas qualifié pour le Mondial. En 2008, il a foiré son EURO. Et en Afsud, le succès contre le Nigeria fut la seule éclaircie…

PAR PIERRE DANVOYE

 » Gerd Müller est mon modèle absolu. J’observe sa manière de se déplacer et de se positionner. « 

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