La semaine passée, le quotidien Het Laastste Nieuws a lancé une bombe en affirmant que Patrick Lefevere (directeur sportif de l’équipe Quick Step) serait impliqué dans des affaires de dopage depuis trente ans. Le lendemain, son ancienne vedette, Johan Museeuw, a reconnu publiquement qu’il avait triché durant sa dernière saison afin de terminer sa carrière en beauté. En Flandre, où le cyclisme est une religion, toutes ces affirmations et révélations ont choqué toutes les couches de la société. Le monde politique a été ébranlé et des groupes de presse s’affrontent. Une maison de production (Woestijnvis) s’est élevée contre les enquêtes du HLN. Cela laissera des traces très importantes. Il y aura des procès (Lefevere attaquera le journal en justice et réclamera un dédommagement de 50 millions d’euros) et d’autres révélations à gauche et à droite. Le crédit du cyclisme est plus qu’entamé en Flandre mais ailleurs aussi. La télévision allemande a décidé de ne plus couvrir le Tour de France. Ce n’est qu’un début qui doit effrayer tout le cyclisme. N’est-il pas temps pour les hautes instances de ce sport de prendre des mesures radicales ? Les groupes sportifs actuels ont exposé leurs limites morales depuis des dizaines d’années. Ils ont été incapables de juguler le dopage qui a même retrouvé vigueur, pris des chemins de plus en plus dangereux. Le cyclisme sous cette forme-là manie trop d’argent et n’est plus viable. Une solution de secours consisterait à disputer le Tour de France et les grandes épreuves par étapes avec des équipes nationales. Ne serait-il pas intéressant de réserver aussi les classiques aux équipes nationales ? Non, ce n’est pas utopique et ce n’est pas parce qu’il faut de gros capitaux afin de bâtir une équipe qu’on ne doit pas chercher d’autres solutions. En football, les équipes nationales récoltent un vif succès lors des Championnats d’Europe ou Coupes du Monde. Cette réorganisation permettrait aux instances du cyclisme de contrôler plus facilement des équipes dépendant directement des diverses fédérations nationales. Les sponsors soutiendraient d’abord les épreuves : cela leur simplifierait la vie en évitant des tas de problèmes. Les fédérations auraient pour devoir de financer leurs équipes. Cela fera beaucoup de travail, c’est sûr mais la défense du cyclisme n’est-il la priorité des fédérations nationales ?

L’heure est grave et l’inaction serait encore plus dramatique que les grenouillages autour de Lefevere. Lui et Museeuw ne comptent plus. Il faut siffler la fin de l’hypocrisie sans quoi cette fièvre emportera le cyclisme vers sa fin.

P. bilic

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