Adieu au Parc

C’est sûr : le RSCA va quitter l’antre où il joue depuis 90 ans.

A plus ou moins brève échéance, le RSCA quittera le Parc Astrid. La commune, le bourgmestre Jacques Simonet en tête, s’est en effet opposée à un agrandissement de l’enceinte, par l’ajout d’un anneau supérieur, qui aurait porté sa capacité totale à 40.000 places assises au lieu des 25.000 actuelles. Avec cette décision, c’est un pan de l’histoire presque séculaire du Sporting qui est en passe de se tourner. C’est le 1er avril 1917, il y a donc 90 ans exactement, que les Mauve et Blanc ont investi les lieux, dans ce qui s’appelait encore, à l’époque, le Parc du Meir. Auparavant, le club, tenu sur les fonts baptismaux le 27 mai 1908, avait évolué tour à tour à Scheut, non loin de la Rue du serment, puis à la Rue Démosthène.

C’est aux prémices de la Première Guerre mondiale que le Sporting, pensionnaire de promotion à ce moment (l’équivalent de notre D2 actuelle) décida d’établir ses pénates au sein du grand espace vert d’Anderlecht. Les travaux d’excavation débutèrent en 1915 et, deux ans plus tard, le stade, baptisé du nom d’ Emile Versé, en hommage au valeureux mécène qui soutint le club dès sa fondation, fut officiellement inauguré. Doté de huit gradins, il pouvait abriter une dizaine de milliers de spectateurs. Sa réalisation coûta 7.000 francs. Mais il est vrai qu’en ce temps-là, un droit d’entrée au stade revenait à 10 centimes…

En 1935, année où le Sporting, devenu royal entre-temps, s’installa pour de bon au plus haut niveau du football belge, son stade fut doté d’une tribune principale, érigée par les Entreprises Monnoyer de Bruxelles. Longtemps avant la période des loges et autres business-seats, elle avait déjà un caractère avant-gardiste caractéristique de l’esprit progressiste du club. Dix-huit ans plus tard, les places debout, situées en face de cette construction, furent à leur tour couvertes, ce qui permit à 7.000 fans supplémentaires d’être à l’abri des intempéries. Réalisée par la firme Nobels et Peelman de Saint-Nicolas, elle était entièrement constituée en aluminium, une première en Belgique ! Quant aux piliers, en porte-à-faux, ils avaient été posés dans le fond de l’ouvrage afin de ne gêner qu’un minimum de spectateurs.

L’année 1965 fut marquée par l’adjonction d’une deuxième tribune, de 2.500 places, érigée en surplomb des gradins du côté du terrain d’entraînement. Au total, la capacité du stade fut, dès lors, de 38.000 personnes. Douze ans plus tard, l’entreprise Rombaut, d’Alost, se chargea de la construction d’une toiture couvrant les gradins du côté de la place de Linde. De la sorte, le Parc Astrid offrait pour la première fois une enceinte complètement couverte. Dès 1983, le stade, rebaptisé au nom de son président, Constant Vanden Stock, fut reconstruit en quatre phases et pourvu de loges et business seats. Il servit de modèle à de nombreux clubs en Europe mais, compte tenu de ses 22.000 places européennes, le Sporting s’y sent quelque peu à l’étroit et table sur un nouveau stade pouvant abriter 50.000 personnes.

Un avenir naturel au Heysel

La commune ayant opposé son veto à un agrandissement du stade, le RSCA est donc obligé de transposer ses lares ailleurs. Ses dirigeants auraient aimé centraliser toutes les activités du club (Première et Centre de Formation des Jeunes) à Neerpede. Mais le bourgmestre et son collège veulent à tout prix préserver cette zone verte. Du coup, le RSCA est obligé d’aller voir ailleurs. La commune propose deux autres sites : la Petite Ile, non loin de la gare du midi, et le zoning industriel près de l’avenue Bollinckx. Le hic, dans les deux cas, c’est l’absence de moyens de communication et de facilités de parking. Et le même raisonnement vaut pour un troisième emplacement, la gare de Schaerbeek-formation, dont l’accès n’est pas aisé non plus. De plus, comme son nom l’indique clairement, il ne se trouve pas sur le territoire de 1070 Bruxelles.

Tant qu’à changer de commune, beaucoup plaident, dans les hautes sphères du RSCA, pour une implantation sur le plateau du Heysel. Le stade roi Baudouin, malgré sa rénovation en 1995, n’est plus du tout conforme aux normes de l’UEFA, même s’il a abrité des matches du Championnat d’Europe des Nations en 2000, il y a donc 7 ans à peine. L’idéal consisterait donc à le raser et à construire une nouvelle enceinte susceptible d’abriter non seulement Anderlecht mais aussi les Diables Rouges. Mais il reste à résoudre un autre problème : quid de la piste d’athlétisme qui a contribué aux grandes heures du Mémorial Van Damme, le meeting d’athlétisme le plus prestigieux de la planète ? Chez les Mauve et Blanc, on a à c£ur d’être fixé au plus vite. Quoi de plus normal, car chaque année perdue représente une perte sèche de 5 à 6 millions d’euros. Ce qui peut compter dans un budget de 30 millions d’euros…

Temps forts

Le Sporting a vécu de nombreuses heures glorieuses en l’espace de 90 années passées au Parc Astrid. En voici dix, classées par ordre chronologique.

1935

La cinquième fois est la bonne pour les Mauves qui s’installent pour de bon parmi l’élite. Seuls le Standard et le Club Bruges peuvent en dire autant. Les artisans de cette montée définitive sont : Jean Mertens ; Jan Kluytmans et Georges Van Calenberg ; Jean Lamquet, Edgard Verschueren et Jean Paduwat ; Jef Luxem, Robert Vermaelen, Albert Mettens, François Gets et Adolphe Ramburg.

1947

Sous la conduite du technicien français Georges Périno, le RSCA enlève son premier titre de champion de Belgique devant l’Olympic de Charleroi. Le match décisif est remporté au Parc Astrid devant le Lyra : 3-0. L’équipe était articulée autour des onze joueurs suivants : Henri Meert ; Jean Weyns, Jean De Cuyper ; Jean Valet, Dorre Erroelen, Jef Vernimmen ; GastonDewael, Robert Versé, Jef Mermans, Michel Van Vaerenbergh et François Sermon.

1951

Le RSCA célèbre son premier triplé.

1954

Inauguration officielle de l’éclairage électrique du stade à l’occasion du match amical contre le Racing Club de Buenos Aires. Le Sporting l’emporte 3-2.

1962

Le RSCA remporte, en Coupe des Clubs Champions, son premier match européen sur ses terres face au CDNA Sofia : 2 à 0 grâce à deux penalties convertis par Martin Lippens. Les Mauves avaient déjà engrangé une victoire cette année-là, mais elle avait eu pour cadre le stade du Heysel où le Real Madrid avait été battu 1 à 0 suite à un goal de Jef Jurion.

1963

Le Sporting organise son premier match de jubilé en faveur d’un joueur, Martin Lippens en l’occurrence, fêté pour dix années de présence en équipe A. Dans la foulée, d’autres joueurs suivront : Jef Jurion, Pierre Hanon, Jean Trappeniers, Jean Cornélis et PaulVanHimst. Popol sera encore une fois fêté en 1975 pour ses 15 années au plus haut niveau au Sporting.

1970

Anderlecht accède pour la première fois à une finale européenne. En Coupe des Villes de Foire, il est battu par Arsenal : 3-1 au Parc Astrid, 3-0 à Highbury.

1976

Après avoir été battu 2-1 au Bayern Munich, le Sporting étrille les Bavarois 4-1 au retour et remportent leur première Supercoupe d’Europe. Une autre suivra en 1978 face à Liverpool.

1984

Vainqueur de la Coupe de l’UEFA en 1983, face à Benfica, Anderlecht avait disputé le match aller au stade du Heysel (1-0). Finaliste de cette même épreuve l’année suivante, il se produit cette fois au Parc Astrid face à Tottenham Hotspurs (1-1).

2000

Anderlecht dispute un match d’anthologie, en Ligue des Champions, face à Manchester United, battu 2-1 au stade Constant Vanden Stock, grâce à des buts de Jan Koller et Tomasz Radzinski.

Temps faibles

1923

Après avoir accédé pour la toute première fois parmi l’élite en 1921, suite à un succès face à Tilleur lors d’un match de barrage disputé à Rocourt (0-1), le Sporting fait la culbute deux ans plus tard. Des remontées au plus haut niveau alternent avec de nouvelles descentes au purgatoire en 1926, 28 et 31. Pour les sympathisants de l’Union et du Daring, Anderlecht est le  » club-ascenseur  » par excellence.

1954

Le vice-président du RSCA, Léon De Porre, est foudroyé en descendant les marches de la tribune officielle du stade Emile Versé peu avant la mi-temps du match de championnat qui opposait Anderlecht à Berchem Sport. Détail navrant : le manager d’Arsenal, Tom Whittaker, avait été spécialement invité par l’officiel anderlechtois.

1965

Anderlecht est appelé à rencontrer Derry City en Coupe d’Europe des Clubs Champions. Comme le terrain des Nord-Irlandais est déclassé, le Sporting propose de disputer les deux rencontres chez lui. L’UEFA s’y oppose et inflige un score de forfait aux Britanniques (0-3). Au retour, le RSCA étrille ce même adversaire mais est frappé d’une lourde amende pour avoir établi une convention entre clubs sans en avoir avisé au préalable les plus hautes instances européennes.

1966

En 1964, le Sporting a créé, dans les dépendances du stade Emile Versé, un internat pour ses jeunes provinciaux et étrangers, répondant au nom de Sportingello. Deux ans plus tard, c’est le drame : le jeune pensionnaire brésilien José Carlos Maximo, surnommé Spirou est retrouvé mort dans son lit.

1973

Le Sporting termine le championnat à la 6e place, loin derrière le champion brugeois. C’est son plus mauvais classement depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, ex aequo avec l’année 1952.

1975

En faisant mordre la poussière au RSCA au Parc Astrid (0-1), le Lierse rompt une série de 70 matches athome sans défaite.

1977

A l’occasion du premier tour de la Coupe de Belgique, le RSCA rencontre l’Union Namur. Après 22 minutes de jeu, lors d’un sprint avec Peter Ressel, le joueur visiteur Michel Soulier s’effondre, victime d’un arrêt cardiaque. Peu auparavant, il avait encaissé de plein fouet, sur sa cage thoracique, un tir de Benny Nielsen. Mort sur le coup, son nom a été donné, par la suite, au stade de football de Namur.

1995

Le RSCA est privé pour la seule et unique fois d’une place en phase finale de la Ligue des Champions. Son tourmenteur est Ferencvaros Budapest, vainqueur 1 à 0 au Parc Astrid avant de partager l’enjeu en Hongrie : 1-1.

2001

Anderlecht concède son plus cinglant revers en Ligue des Champions en étant étrillé 1-5 par le Lokomotiv Moscou.

2005

Versé dans une poule avec Valence, l’Inter Milan et le Werder Brême, le RSCA ne prend pas le moindre point en phase finale.

par bruno govers

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