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Yannick Noah : « David Goffin est un joueur magnifique »

L’ancien champion reconverti dans la chanson est le capitaine de l’équipe de France qui défie la Belgique en finale de la Coupe Davis, de vendredi à dimanche à Lille.

Le tennis belge s’apprête à vivre un nouveau grand moment, du 24 au 26 novembre, au stade Pierre Mauroy à Lille. Pour la deuxième fois de son histoire – en trois ans – la Belgique se retrouve, en effet, en finale de la Coupe Davis Davis, avec l’occasion de remporter pour la première fois le prestigieux Saladier d’Argent. Après la Grande-Bretagne, lauréate à Gand en 2015, se dresse cette fois la France, avec à sa tête le capitaine Yannick Noah, 57 ans, ancien grand champion, vainqueur de Roland Garros, devenu chanteur à succès.

Entretien avec un sacré personnage.

Yannick Noah, qu’est-ce que cela vous fait d’être en finale de la Coupe Davis ?

« Je suis très heureux. On rêve de cette finale depuis notre premier rassemblement (NdlR : en mars 2016, en Guadeloupe contre le Canada). Notre objectif, c’est de gagner une Coupe Davis. Depuis toujours, on répète à ces gars-là qu’ils ne gagnent jamais rien, et quand ils gagnent, c’est que l’adversaire était nul ! Moi, j’ai découvert un groupe de joueurs qui a l’âge de mon fils et à qui je rêve de faire partager les émotions que j’ai vécues. Et puis, on ne pouvait imaginer plus belle affiche qu’un France – Belgique, à Lille. Ce sera une vraie fête. »

Vous avez déjà remporté le Saladier d’Argent à deux reprises, en 1991 et 1996, après une finale perdue en tant que joueur en 1982 contre les Etats-Unis. La Coupe Davis, cela vous fait toujours vibrer ?

« Oui. Je suis un éternel amoureux de la Coupe Davis. Je trouve que c’est une compétition merveilleuse, qui met en avant de belles valeurs comme l’esprit d’équipe ou le maillot national. On y vit toujours quelque chose d’extraordinaire. Rien de comparable avec les tournois du circuit. Je n’ai pas gagné 10 Roland-Garros (NdlR : une seule fois, en 1983), mais les victoires en Coupe Davis et en Fed Cup ont compté dans ma vie. On joue pour ses potes, pour son pays, pour son public. Et c’est un instant magique lorsque l’on soulève le trophée. »

Que pensez-vous de l’équipe belge ?

« Vous avez de très bons joueurs. Je suis impressionné par Goffin. Sincèrement. C’est un joueur magnifique et ce qu’il a réalisé au Masters à Londres est vraiment remarquable. On ne bat pas Nadal et Federer lors du même tournoi par hasard. Il a une qualité de jeu extraordinaire. Il est en train de se construire une belle carrière. Mais on le savait depuis longtemps. Darcis, lui, c’est le joueur type de Coupe Davis qui se transcende pour l’épreuve, pour son équipe, pour son pays. En fait, la Belgique et la France ont le même engouement pour cette compétition. C’est une belle finale qui s’annonce. C’est le derby ! »

Le parcours de David Goffin au Masters a-t-il changé la donne pour cette finale ?

« La Coupe Davis est toujours une équation à plusieurs inconnues. C’est ce qui fait toute sa magie. David a disputé cinq matchs lors de ce Masters. Il y aura forcément un peu de fatigue derrière cet exploit. Et il aura eu un temps d’adaptation différent du nôtre. Nous, nous avons bénéficié de quinze jours pour préparer cette finale. Mais, parallèlement, il a fait le plein de confiance. Il avait l’air au bout du rouleau lors du dernier tournoi de l’année (NDlR : à Paris-Bercy) et puis il fait un truc de fou au Masters. Il va aborder cette finale de Lille avec un état d’esprit conquérant. Et cela peut donner des ailes… »

La France reste sur trois finales perdues, la dernière contre la Suisse ici-même à Lille en 2014. Est-ce l’année ou jamais pour la génération Tsonga ?

« Par rapport à notre parcours, oui, c’est vraiment une belle opportunité. On ne sait pas si une telle occasion d’écrire l’histoire se représentera un jour. La Belgique va s’appuyer en grande partie sur un seul homme, Goffin. Notre force, c’est notre grand réservoir. Quand il y a une finale, la motivation est toujours décuplée. Jo (NdlR : Jo-Wilfried Tsonga) est motivé, c’est notre numéro un. Lucas (NdlR : Pouille) a repris des couleurs en remportant le tournoi de Vienne. J’ai déjà connu des sélections plus évidentes, car tout le monde est en forme. Si on joue notre meilleur tennis, on devrait l’emporter. On a vécu de grandes choses, en Guadeloupe, au Japon, à Rouen, mais cela n’a rien à voir avec la balle de match de la finale. J’ai à coeur de gagner ce match. Ce serait énorme pour nous tous. »

Vous avez brillamment réussi votre reconversion dans le domaine de la chanson. Une rencontre de Coupe Davis est-elle comparable à un concert ?

« La musique, c’est nettement plus doux. En Coupe Davis, il y a beaucoup de tension, qui ne s’évacue qu’après la dernière balle. Lors d’un concert, en revanche, je n’ai pas grand-chose à perdre. Et je prends du plaisir de la première à la dernière note. »

Une dernière question. Il paraît que vous avez des origines belges. C’est vrai ?

« Lors d’un concert à Namur, un spectateur qui était spécialiste de généalogie avait fait des recherches sur mes origines. Et il a retrouvé ma grand-mère à Saint-Pierre (NdlR : près de Libramont). Je n’ai pas connu cette grand-mère, car ça fait partie des vieilles histoires cachées de la famille, mais ça se tient puisque je suis né à Sedan. Donc j’ai du sang belge dans les veines… (sourire) »

Par Serge Fayat.

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