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France: une élection présidentielle à l’issue très incertaine

Le Vif

A deux mois du premier tour de l’élection présidentielle en France, la précieuse alliance passée par le jeune Emmanuel Macron avec un centriste vétéran de la politique rebat les cartes d’une campagne à suspense, marquée par la montée en puissance de l’extrême droite.

Les derniers sondages, marqués par la grande indécision des électeurs, donnent Macron, 39 ans, au coude-à-coude avec le candidat de la droite François Fillon, pour affronter en duel, au second tour, la patronne de l’extrême droite Marine Le Pen, dont la popularité progresse lentement mais sûrement au fil des semaines.

La gauche, divisée entre le candidat socialiste Benoit Hamon et le chef de la gauche radicale Jean-Luc Melenchon ne franchirait pas la barre du premier tour le 23 avril.

Alors que commence jeudi la procédure de dépôt des 500 parrainages d’élus requis pour valider chaque candidature, les jeux n’ont jamais été aussi ouverts: pour le premier tour « cinq candidats sont crédités de plus de 10% des intentions de vote (…), c’est inédit », relevait le quotidien le Monde.

Autre facteur d’incertitude, la justice enquête sur François Fillon, 62 ans, et Marine Le Pen, 48 ans, pour des affaires d’emplois fictifs. Ni l’un ni l’autre ne comptent renoncer en cas d’inculpation. Mais si la popularité de Marine Le Pen ne semble pas pâlir jusqu’à présent, celle de François Fillon a en revanche été laminée par le scandale suscité par les salaires d’assistants parlementaires touchés par son épouse Penelope et de deux de ses enfants.

Porté par l’envie de renouveau des électeurs, Emmanuel Macron, sans aucun mandat politique à son actif, a réussi en quelques mois à fédérer près de 200.000 soutiens au sein de son mouvement « En Marche! », positionné ni à droite ni à gauche.

« Déceptions »

Mais la trajectoire de celui qui a réussi à s’imposer comme le troisième homme du scrutin a récemment connu un trou d’air après des déclarations polémiques sur la colonisation et sur le mariage homosexuel. Il est aussi critiqué pour sa difficulté à produire un programme politique structuré.

Malgré le succès de ses meetings, sa base électorale reste des plus volatiles: moins d’un de ses électeurs sur deux affirme que son choix est définitif, selon des sondages. « Plus le temps passe, plus il va devoir clarifier ses positions en terme de programme. Et plus il sera concret et transparent, plus il risque de nourrir des déceptions », analyse François Miquet-Marty, de l’institut de sondage Viavoice.

Mercredi, Emmanuel Macron a accueilli comme un « tournant dans la campagne présidentielle » l’offre de soutien de François Bayrou, 65 ans, inlassable militant d’un centre indépendant et vieux routard de la politique qui a déjà participé à trois présidentielles (2002, 2007, 2012) en ne dépassant jamais le cap du premier tour. »Il était dans une passe un peu difficile et le sentiment qu’il a eu, je pense, c’est qu’on était devant un moment très important pour lui et pour le changement de la vie politique française », a commenté Bayrou.

« Au moment où le doute s’installe sur la capacité d’Emmanuel Macron à tenir le rang présidentiel, François Bayrou vient adouber le petit, dire qu’il a vu juste dans son analyse des malaises français et la montée de nouveaux clivages », analyse jeudi le journal économique Les Echos.

Le sentiment du « risque Marine Le Pen » est devenu tel qu’il suscite une « nervosité palpable » jusque sur les marchés financiers, selon les Echos. Au point que mercredi, l’annonce de l’alliance Bayrou-Macron a eu un impact immédiat sur le cours de l’euro, qui est remonté.

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