© Image Globe

Les étranges collaborateurs de Milquet

Thierry Denoël
Thierry Denoël Journaliste au Vif

Dans l’entourage plus ou moins proche de la ministre de l’Intérieur, on jase sur l’arrivée d’une petite dizaine de collaborateurs bruxellois, issus de l’immigration et actifs dans la politique locale. Pour partir à l’assaut de communes ciblées de la capitale ? Illégal ? « Absurde ! » se défend la candidate CDH.

Le 25 mai, la ministre de l’Intérieur et de l’Egalité des chances sera tête de liste pour le CDH, dans la capitale, alors qu’on l’attendait plutôt dans la bataille pour la Chambre, aux côtés de ses collègues du gouvernement fédéral. Joëlle Milquet (23 487 voix en 2009) doit cartonner à nouveau pour offrir 3 voire 4 sièges à son parti. La candidate CDH devra notamment composer avec le montant des dépenses autorisé pour le scrutin de 2014 : pour les 12 humanistes francophones élus en 2009 à Bruxelles, maximum 225 108 euros. Ce qui est beaucoup plus que le FDF, « victime » de sa scission avec le MR, mais un tiers en moins qu’Ecolo (17 élus).

Dans ce contexte, on s’étonne de l’arrivée depuis les mois d’octobre et novembre derniers de huit nouveaux collaborateurs au sein du cabinet de l’Intérieur et de l’Egalité des chances, au numéro 2, rue de la Loi. Tous sont bruxellois et d’origine marocaine, turque ou congolaise. Pour la majorité, élus communaux (échevins ou conseillers) à Bruxelles-Ville, Anderlecht, Molenbeek et Saint-Josse-ten-Noode. Ils ont été engagés au ministère Milquet comme conseiller ou comme collaborateur, à plein-temps ou à temps partiel, voire très partiel. Certains ont une adresse e-mail officielle du cabinet, d’autres pas.

Tous ces engagements, à six mois des élections, sont surprenants, surtout au vu du pedigree électoral des intéressés et de leur répartition géographique à Bruxelles. De très bonnes sources nous affirment que ces collaborateurs auraient été engagés uniquement pour préparer la campagne de Joëlle Milquet dans des communes de Bruxelles où la population issue de l’immigration est fort présente. Ce serait contraire à la législation sur les dépenses électorales (les candidats ne peuvent mener aucune campagne électorale avec l’aide de cabinets ministériels, d’institutions et d’administrations fédérales).

Toujours selon nos sources, les nouveaux collaborateurs du n°2 rue de la Loi seraient notamment chargés d’organiser ou de repérer, d’ici au mois de mai, des événements où la candidate Milquet pourrait rencontrer un maximum d’électeurs potentiels d’origine marocaine, turque, congolaise… Ainsi, la grande soirée au Concert Noble (à Bruxelles) qui, le 21 janvier, célébrait les 50 ans de l’immigration turque, en présence de Joëlle Milquet et de Recep Erdogan, aurait été orchestrée par l’un des nouveaux collaborateurs, au sein du cabinet. C’est également au cabinet que les invitations auraient été préparées.

« C’est à la limite de la calomnie et c’est surtout stigmatisant pour les collaborateurs concernés, réagit la ministre CDH. Je ne regarde pas les origines mais la compétence des gens avant d’engager qui que ce soit. J’ai aussi récemment recruté deux Belgo-Belges. Ce genre de médisance ne peut venir que de personnes malintentionnées. Si certains veulent faire une campagne de ce genre-là, allons-y ! »

Le dossier, avec la liste des nouveaux collaborateurs, dans Le Vif/L’Express de cette semaine

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire