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Un livre intitulé « Marie-toi et sois soumise », best-seller en Espagne

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

« Marie-toi et sois soumise » (‘Cásate y sé sumisa), un livre écrit par une journaliste italienne et récemment traduit en espagnol, suscite un tollé en Espagne où il est devenu un best-seller.

L’auteure du livre publié par l’archevêché de Grenade, Costanza Miriano, prêche un message d' »obéissance loyale, de générosité et de soumission » de la jeune épouse et lui offre des conseils pour plaire à son mari. Profondément croyante, Miriano s’est inspirée de la Bible, de ses propres expériences et de celles de ses amis.

Parmi les « précieux » conseils prodigués par Costanza Miriano on trouve entre autres: « Nous ne sommes pas égales aux hommes. Lorsque vous devez choisir entre ce qu’il aime et ce que vous aimez, choisissez en sa faveur » ou encore « Quand votre mari vous dit quelque chose, vous devez l’écouter comme si c’était Dieu qui vous parlait ».

Le livre fait l’objet de débats au parlement espagnol, car il inciterait au machisme et à la violence conjugale. Francisco Javier Martinez, l’archevêque de Grenade, se défend en qualifiant la polémique de « ridicule et hypocrite », en ajoutant que « ni cette oeuvre ni aucune de ses déclarations n’ont jamais justifié ou excusé, et encore moins encouragé, un acte de violence envers la femme ».

Il saisit l’occasion pour expliquer quelles sont, selon lui, les causes des violences faites aux femmes : « Ce qui permet et favorise la violence envers les femmes, c’est la législation qui libéralise l’avortement, tout comme toutes les mesures qui affaiblissent ou éliminent le mariage, car elles tendent à faire retomber sur la seule femme toute la responsabilité d’une éventuelle grossesse ».

Quant à l’auteure du livre, mariée et mère de quatre enfants, elle non plus ne comprend pas la polémique suscitée par son oeuvre : « Je crois que le rôle de la femme est de se montrer aussi bonne et belle que possible à l’homme. Lui renvoyer une image positive, lui dire à quel point il est important, et lui permettre de s’impliquer au mieux dans la construction d’une famille et l’éducation des enfants. »

Interrogée par le quotidien De Morgen, Gita Denecker, experte en histoire du genre à l’Université de Gand, estime que le livre pourrait connaître un franc succès dans nos contrées : « Il ne faut pas lier la popularité de ce livre à des cultures méridionales prétendument plus traditionnelles. Le fait qu’il y suscite la polémique démontre que sa publication est loin d’être évidente. Mais c’est un signe de notre époque qui prouve que notre société n’est peut-être pas aussi émancipée qu’on ne le pense ».

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